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L'obéissance à l'État est-elle toujours obligatoire ?

Publié le 01/02/2004

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Il existait, dans l'état de nature, une égalité devant la mort parce que le plus fort pouvait toujours être tué par le plus faible. Il subsiste dans l'organisation sociale une égalité des sujets devant la souveraineté. Les privilèges ne sauraient être acceptés en dehors du privilèges de commander abandonné au pouvoir souverain. Tous les hommes sont sur le même plan devant l'autorité suprême : « La sûreté du peuple requiert en outre que la justice soit également rendue à tout homme, quel que soit son rang. » Le contrat de chacun ne pouvait pas, en effet, introduire une inégalité qui n'existait pas au moment de la signature du contrat. Nous sommes en présence d'un pouvoir fort, mais devant lequel les individus sont égaux et js réduits à l'état de simples objets. Ils sont sujets en tant qu'ils doivent obéissance au pouvoir, mais aussi sujets de Droit, ce qui implique un certain respect. Cela explique que l'on ait pu voir en Hobbes aussi bien le défenseur de la monarchie absolue que le précurseur des démocraties modernes. Tous les grands noms de la pensée politique (Locke, Rousseau, Kant, Hegel) s'inspireront de Hobbes. Le point de départ pourra être différent.

« Hobbes vit dans une Angleterre troublée par une guerre civile dont les causes sont à la fois religieuses et politiques.

Le principe même de lamonarchie est critiqué et le roi atteint dans sa personne.

En Angleterre,Charles Ier est exécuté en 1649 et Jacques II doit s'enfuir en 1688. Hobbes va s'atteler à une tâche à la fois pratique et théorique.

Il s'agit de soutenir la monarchie au pouvoir ; ce soutien prend la forme d'unouvrage théorique qui justifie l ‘autorité quasi absolue du pouvoir en place. L'oeuvre de Hobbes est axée sur le concept de souveraineté (autorité politique, puissance de l'Etat, pouvoir de commander) dont il affirme qu'elleest indivisible et quasi absolue. Avant d'expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de Hobbes , exprimée principalement dans le « Léviathan » (1651), il est nécessaire de préciser quelques points de vocabulaire. Ø « République » (« Common-Wealth ») correspond à ce que nous appelons l' « Etat ».

Hobbes lui-même donne le mot « Stade » comme un équivalent. Ø « Souveraineté » (ou souverain) est un mot qui, comme chez Bodin , désigne l'âme de la République, en ce sens qu'il exprime l'autorité de l'Etat, telle qu'elle existeindépendamment des individus.

Le mot « souverain » peut donc, comme le mot « personne » étudié ci- après, se rapporter à plusieurs individus. Ø « Personne » est employé dans le sens moderne de « personne morale ».

Cette personne qui détient la souveraineté peut être un individu, une assemblée ou la totalité du peuple.

Quant Hobbes dit que la souveraineté ne peut pas être divisé et doit être détenue par une « personne unique », il envisage ces trois situations (un seul, une assemblée, la totalité du peuple).

Le fait que ses préférences aillent à lamonarchie dont le roi détient effectivement le pouvoir (qui s'oppose à la monarchie parlementaire où leparlement détient une part de la souveraineté) ne l'empêche pas de penser que, dans les trois cas, lasouveraineté doit être quasi absolue et indivisible. Enfin, dans l'exposé qui précède, nous avons parlé de l' Angleterre , alors qu'en toute rigueur, il aurait fallu parler du Royaume-Uni .

Nous avons suivi en cela, et continuerons à suivre, l'usage populaire.

A strictement parler, le mot Grande-Bretagne convient mieux parce qu'en 1603, Jacques VI Stuart , roi d' Ecosse , devient Jacques I er d'Angleterre .

Même s'il faudra attendre 1707 pour qu'ait lieu la fusion des couronnes, on date de 1603 le début du Royaume-Uni . Si l'on devait résumer en une seule phrase l'oeuvre politique de Hobbes , la phrase étudiée ici, qui figure au chapitre 13 du « Léviathan », est certainement celle qui conviendrait le mieux : « Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition quise nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun. » Les éléments fondamentaux sont mis en place : · parce que l'homme est poussé par un insatiable appétit de domination et qu'il cherche aussi à se protéger contre les agressions d'autrui par des actions préventives, la situation (« état de nature ») qui précède la vie en société se ramène à une guerre perpétuelle ; · la paix entre les hommes ne peut être obtenue que si tout le monde se soumet à une autorité (« un pouvoir commun ») qui contraint (« les tient en respect ») les hommes à ne plus attenter à la vie d'autrui. Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.

Dansl'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dans la vie ensociété, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissance quasi absolue. Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à « la guerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ». Dans le système de Hobbes , comme cela se trouve chez certains prédécesseurs de Hobbes ou comme chez Rousseau , un contrat liant gouvernant et gouvernés.

Le contrat Hobbes ien est un contrat qui ne lie que les gouvernés entre eux.

Chacun de ceux-ci dit à l'autre en substance : j'accepte de ne pas attenter à ta vie et, enéchange, tu t'engages à faire de même.

Pour garantir cet accord, nous acceptons d'obéir à une autorité dont lafonction sera d'imposer le respect des termes du contrat. La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la « fin » de cette convention, c'est-à-dire de son objectif.

Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité.

Chacunréfrène sa volonté de puissance (Freud dirait ses pulsions agressives) pour ne pas être tué ou blessé par autrui.

Enconséquence pour Hobbes , si le pouvoir souverain veut attenter à ma vie (ou me blesser, m'emprisonner et autres. »

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