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L'objectivité en histoire a-t-elle des limites ?

Publié le 17/12/2004

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L'historien se projette dans l'histoire avec ses valeurs et ses passions. Il ne saurait survoler l'histoire, la constituer du point de vue de Sirius, car il est homme lui-même, il vit dans l'histoire, il appartient à une époque, à un pays, à une classe sociale. Il est lui-même prisonnier du cours de l'histoire. L'histoire science (l'  « Historie « disent les Allemands) est un acte de l'historien et cet acte lui-même un événement historique, il appartient à la réalité historique (« Geschichte «). C'est pourquoi toute science historique, elle-même moment de l'histoire, serait condamnée à une relativité, à une subjectivité irrémédiable : « La conscience de l'histoire est une conscience dans l'histoire. «          Ceci exclut toute possibilité de tirer de l'histoire des « leçons «. Car l'historien ne tire pas sa philosophie ou sa morale de ses connaissances historiques. Tout au contraire il constitue sa vision de l'histoire à partir de perspectives philosophiques, morales politiques qui la précèdent et se projettent en elle. Il en est de l'histoire comme de la mémoire individuelle ; c'est à partir des « visées «, des projets présents -dirigés vers l'avenir- que les individus et les peuples reconstituent leur passé. L'histoire subjective serait donc inévitable- et par là même, osaient dire les historiens allemands au temps du nazisme, légitime.

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« SUPPLEMENT ENVOYE PAR UN INTERNAUTE: l'objectivité des historiens Il faut prendre au sérieux l'idée qu'il y a une objectivité historique, et qu'il s'agit d'un modèle concurrent del'objectivité des sciences exactes. Tout d'abord, nous disions plus haut que l'historien ne dispose d'aucune méthode constituée qui garantirait sonobjectivité.

Est-ce bien un argument de non-scientificité? On peut dire aussi bien que l'historien est celui qui se sertdes méthodes de toutes les autres sciences (démographie, statistiques, économie, etc.).

Michel de Certeau(Histoire et psychanalyse entre science et fiction ) disait en ce sens que l'historien est un contrebandier, un homme des frontières et des marches, qui va importer dans sa discipline tout ce qui, des autres sciences, peut lui servir.

Onne peut donc pas dire qu'il n'a pas de méthodologie, il les a toutes, et il se sert de toutes, à tour de rôle, selon lesujet qu'il traite.

L'essentiel, pour lui est de savoir de laquelle se servir, laquelle est la plus pertinente pour le sujetqui l'occupe.

En ce sens, il est peut-être le seul "scientifique" à se poser la question de la pertinence des outils dontil dispose, le seul donc à pouvoir les remettre en question et à les maîtriser vraiment. Nous disions également que l'historien n'atteint jamais aucune généralité.

On peut retourner ce reproche, en fairemême la définition de l'histoire.

Elle serait, paradoxalement "la science du singulier".

Toute autre discipline tendtoujours à comprendre un fait ou un événement en le ramènent à autre chose, comme une loi générale.

L'historienessaie plutôt de comprendre un événement dans ce qu'il a de plus propre, dans son caractère irréductible.

Au fond,comprendre un événement historique, c'est toujours comprendre qu'on ne peut le ramener à rien d'autre, qu'il estunique.

Plutôt que le dissoudre dans une "loi de l'histoire", comprendre en quoi il échappe à cette loi.

Par exemple,Napoléon et Hitler ont tous deux échoué dans leur projet d'invasion de la Russie.

Mais il faut comprendre qu'ils ontéchoué pour des raisons différentes .

En dégager une loi générale ("on ne peut pas envahir la Russie"), ce n'est pas faire de l'histoire. Enfin, on reproche à l'historien d'être subjectif.

Par son objet d'études (les hommes), l'historien ne pourrait paséviter d'être subjectif.

On entend généralement par là qu'il court le risque permanent de projeter sa propresubjectivité, sa personnalité sur son objet d'étude, de mélanger celui qui connaît (lui-même) et celui qui est àconnaître (Napoléon, par exemple). En fait, c'est méconnaître ce que fait réellement l'historien.

Certes, il a pour méthodologie d'entrer en sympathieavec celui qu'il étudie.

Comprendre ce que quelqu'un a fait n'est possible qu'en se demandant ce qu'il voulait faire.

Ils'agit de s'identifier à lui, ce qui ouvre normalement la possibilité de tous les malentendus. Mais comme le montre Paul Ricoeur ( Histoire et Vérité ), lorsque l'historien "sympathise" avec un personnage, il ne le fait pas comme il le ferait dans la vie courante.

La subjectivité de l'historien est une subjectivité "élargie".

Il s'agitpour lui de savoir faire un bon usage de sa subjectivité, ce qui implique de se méfier de sa propre subjectivité et depouvoir endosser n'importe quelle personnalité. De sorte que, si la subjectivité du scientifique en elle-même est un facteur d'erreur, il y a deux moyens de lacorriger: soit de la rédimer (sciences exactes, au de protocoles expérimentaux), soit de la dépasser par encore plusde subjectivité.

Dans son travail, l'historien corrige et retravaille sa propre subjectivité. conclusion : nous avons vu que la question de la scientificité des sciences prend tout son sens dans la mesure où elle peut être une invitation à dépasser la conception courante, trop étroite, de ce que c'est qu'une science.. »

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