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L'objectivité est-elle possible en histoire ?

Publié le 12/03/2004

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histoire

* A cet égard (entre autres), ne convient-il pas de distinguer entre objectivité et probité (de l'historien)?

* Ceci est d'autant plus important si l'on pense qu'il s'agit de raisonner non en terme dichotomique objectivité (absolue ?) ou subjectivité, mais en terme d'objectivation (progressive ?). De ce point de vue, il peut apparaître que l'objectivation peut gagner au choix de travaux passionnés et « engagés « (à condition que la probité scientifique soit respectée).

* Aron soutint que chaque société, en récrivant son histoire, la verrait sous une perspective nouvelle et ainsi recréerait son propre passé. * Peut-être convient-il d'examiner (par rapport au sujet précis posé) pourquoi l'histoire est constamment réécrite par les historiens? - Élargissement des centres d'intérêts en histoire (en raison notamment des mouvements qui affectent la société. Par exemple, intérêts plus prononcés pour les mouvements sociaux, les classes dominées, la question féminine, voire la « Fête «. - Le développement de certains centres d'intérêts fait apparaître comme insuffisante voire marquée idéologiquement l'exploitation soi-disant « neutre « de certaines sources exclusives.

En histoire, les faits ne se répètent pas et résultent de la rencontre de séries complexes d'événements. On ne peut donc établir des lois nécessaires, mais seulement des explications partielles. Mais, à force de scepticisme méthodologique, on perd de vue l'intelligibilité de l'histoire. Si les faits ne se répètent pas, les comportements politiques et humains, eux, sont constants.

  • I) L'objectivité en histoire a des limites.

a) Chaque époque réinterprète le passé. b) On n'est jamais sûr des causes. c) Il n'y a que des explications partielles.

  • II) On peut parvenir à l'objectivité en histoire.

a) Les sciences humaines sont objectives. b) L'histoire est dialectique. c) Il y a des constantes du comportement.

.../...

histoire

« 1.

La recherche de l'objectivité À propos de son travail sur la guerre du Péloponnèse, Thucydide oppose l'histoire, comme enquête et comparaisondes témoignages, aux mythes homériques et au traitement poétique de l'histoire. « Quant aux actions accomplies au cours de cette guerre [celle du Péloponnèse], j'ai évité de prendre mesinformations du premier venu et de me fier à mes impressions personnelles.

Tant au sujet des faits dont j'ai moi-même été témoin que pour ceux qui m'ont été rapportés par autrui, j'ai procédé chaque fois à des vérifications aussiscrupuleuses que possible.

Ce ne fut pas un travail facile, car il se trouvait dans chaque cas que les témoins d'unmême événement en donnaient des relations discordantes, variant selon les sympathies qu'ils éprouvaient pour l'unou l'autre camp ou selon leur mémoire.

4.

Il se peut que le public trouve peu de charme à ce récit dépourvu deromanesque.

Je m'estimerai pourtant satisfait s'il est jugé utile par ceux qui voudront voir clair dans les événementsdu passé, comme dans ceux, semblables ou similaires, que la nature humaine nous réserve dans l'avenir.

Plutôt qu'unmorceau d'apparat composé pour l'auditoire d'un moment, c'est un capital impérissable qu'on trouvera ici.

»Thucydide, La Guerre du Péloponnèse (Ve siècle av.

J.-C.). 2.

La tentation du scepticisme historique Rousseau, « Quelles leçons puis-je tirer d'un événement dont j'ignore la vraie cause ? L'historien m'endonne une mais il la controuve.

» Dans l'Emile, Rousseau imagine l'éducation d'un enfant dont il se suppose le précepteur depuis la prime jeunessejusqu'à l'âge d'homme.

Parmi certains de ses principes, il suggère la méfiance à l'égard des livres qui ne nousapprennent rien sinon à parler de ce que nous ne connaissons pas.

Les livres d'histoire ne dérogent pas à cetterègle selon Rousseau, ils présentent des faits qui ne sont que des interprétations subjectives de phénomènes dontla série et les causes nous échappent.

On les détermine seulement à partir de ouï-dire, d'impressions, de récits ettémoignages plus ou moins fiables, quand ce n'est pas tout simplement pour servir ce qui nous arrange le mieux.Alors, au lieu d'établir la vérité, on présente des conjectures qui falsifient la réalité, et Rousseau est extrêmementsévère sur ce point puisqu'il déclare que l'histoire consiste à choisir, entre plusieurs mensonges, celui qui ressemblele mieux à la vérité.

On peut tirer un double enseignement de cette citation.

D'abord, il faut tenir compte du fait quel'histoire est effectivement liée à une interprétation et ce, quelle que soit la bonne volonté ou la qualité des outilsde l'historien (quand bien même il en serait un témoin direct).

Il est donc souhaitable de garder un esprit critique àl'égard de l'histoire qui nous est rapportée, et dont l'exposition peut toujours servir des idéologies ou des intérêtsparticuliers.

Quand on cherche un sens à l'histoire, on peut aussi en arriver à tout justifier, y compris le mal conçucomme étape nécessaire à la réalisation d'un plus grand bien.

Par ailleurs, quand on écrit l'histoire, on peut le faireau profit de ce qui nous arrange ou éviter ce qui nous embarrasse (il a fallu du temps avant que l'on parle de "Guerred'Algérie" au lieu "d'événements" dans les manuels scolaires et qu'on y consacre plus qu'un paragraphe).

Mais il fautaussi se garder d'une méfiance qui tournerait au révisionnisme le plus malsain : critiquer nos interprétations del'histoire et la notion de "fait historique" ne doit pas occulter l'évidence.

Nier l'existence des chambres à gaz est parexemple un crime contre l'histoire : les morts ne doivent pas mourir deux fois. « Il s'en faut bien que les faits décrits dans l'histoire ne soient la peintureexacte des mêmes faits tels qu'ils sont arrivés.

Ils changent de forme dans latête de l'historien, ils se moulent sur ses intérêts, ils prennent la teinte de sespréjugés.

Qui est-ce qui sait mettre exactement le lecteur au lieu de la scènepour voir un événement tel qu'il s'est passé? L'ignorance ou la partialitédéguisent tout.

Sans altérer même un trait historique, en étendant ouresserrant des circonstances qui s'y rapportent, que de faces différentes onpeut lui donner! Mettez un même objet à divers points de vue, à peineparaîtra-t-il le même, et pourtant rien n'aura changé que l'oeil du spectateur.Suffit-il pour l'honneur de la vérité de me dire un fait véritable, en me lefaisant voir tout autrement qu'il n'est arrivé? Combien de fois un arbre de plusou de moins, un rocher à droite ou à gauche, un tourbillon de poussière élevépar le vent ont décidé de l'événement d'un combat sans que personne s'ensoit aperçu?...

Or que m'importent les faits en eux-mêmes, quand la raisonm'en reste inconnue, et quelles leçons puis-je tirer d'un événement dontj'ignore la vraie cause?...

La critique elle-même, dont on fait tant de bruit,n'est qu'un art de conjecturer, l'art de choisir entre plusieurs mensonges celuiqui ressemble le mieux à la vérité.

» Rousseau, L'Émile (1762). Réagir • Rousseau s'interroge sur l'objectivité de l'histoire, sur sa valeur, sa nature, ses limites.• L'histoire est la science du passé.

Qui dit science dit objectivité, vérité, preuve.

Mais peut-on dire que l'historienest objectif comme peut l'être un physicien ? La difficulté de l'historien vient du fait qu'il est à la fois spectateur etacteur de ses recherches.

Il fait revivre un passé et sa personnalité influe sur ses interprétations.• Bref, la subjectivité de l'historien fait-elle obstacle à l'histoire ou peut-on néanmoins croire, faire confiance à. »

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