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L'observation suffit-elle à établir une théorie scientifique ?

Publié le 11/03/2004

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scientifique

D'où puise-t-il tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela je réponds d'un mot : de l'expérience. C'est le fondement de toutes nos connaissances, c'est de là qu'elles tirent leur première origine. « (« Essais sur l'entendement humain «). L'expérience est donc d'abord pour l'empirisme une réponse à la question de l'origine des idées. Ainsi, un certain nombre d'idées naissent dans l'âme des « observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles « (idem). C'est le cas d'idées comme « dur «, « mou «, « blanc «, « jaune «... Locke les appelle des « idées de sensations « : nous nous les représentons que parce que nous avons eu l'expérience sensible du mou, du blanc, du jaune.... Pour un empiriste, un aveugle de naissance ne saurait avoir aucune idée des couleurs. Les autres idées viennent non de l'expérience externe, mais de l'expérience interne ; cad des observations que nous faisons sur « les opérations intérieures de notre âme «.

La répétition de mêmes phénomènes permet, au scientifique, de les généraliser par induction. L'induction permet d'établir des lois générales valant pour tous les cas particuliers. TOUTEFOIS, comment une observation toujous déjà particulière peut-elle fonder une loi en droit générale ? Ne serait-il pas plus pertinent de concevoir, comme Popper, l'observation comme falsificatrice plutôt que vérificatrice ?

I) L'observation suffit à fonder une loi scientifique.

II) L'observation est impuissante à fonder une théorie scientifique.

III) La dialectique entre la théorie et l'expérience.

scientifique

« l'expérience, l'affirmation « le soleil se lèvera demain » ne peut être proférée que parce que j'ai l'expérience quotidienne dela levée du soleil.

La proposition contraire n'est ici nullement contradictoire sur le plan logique, comme le serait « 2+2+5 ». C'est un recours aux faits, non le jeu d'une opération purement rationnelle, qui établit la vérité.

Qu'en est-il alors de sonuniversalité ? Comment prouver qu'il n'y aura pas un matin où le jour ne se lèvera pas ? Questions qui ont pour effet defragiliser la valeur rationnelle des propositions scientifiques.

A côté des sciences de pure raison, les plus nombreuses sontrelatives à des faits.

Celles-ci, parce qu'elles ne relèvent pas de la pure logique, ne peuvent pas être démontrées : « Le contraire d'un fait quelconque est toujours possible, car il n'implique pas contradiction et l'esprit le conçoit aussi facilement etaussi directement que s'il concordait pleinement avec la réalité. » Hume montre donc que l'induction ne conduit pas à une opération intuitive : le moyen terme sous-entendu ( cela se passera toujours comme cela s'est passé ) n'est pas une évidence logique.

Il faut que l'esprit induisant que « le pain m'ayant nourri hier il me nourrira demain » fasse un saut ne relevant pas de la logique.

Or l'induction est indispensable dès qu'on a affaire à des relations de faits.

Aussi les vérités empiriques nesont-elles nullement nécessaires : outre qu'il peut y avoir des inférences fausses, parce ce qu'on n'a pas encore rencontré lecontre-exemple qui les démentira, il n'existe aucun moyen de démontrer absolument, par la pure logique, que la conclusiond'une induction est nécessairement vraie.

Du point de vue de la logique, elle ne lest pas.

Si l'on s'en tenait là, il faudrait enconclure que les sciences de faits, même si elles sont provisoirement acceptables, demeurent en partie incertaines.

Ellesreposent, au mieux, sur de hautes probabilités.

Ces théories de Locke et Hume , qui affirment que la raison humaine tire ses principes de l'expérience, sont deux formes de ce qu'on appelle l'empirisme. La méthode inductive permet d'édifier un savoir scientifiqueBacon et Newton considèrent que la méthode expérimentale suit la démarche suivante: à partir d'une observation, on infère despropositions particulières; par exemple, que l'eau bout à 100 degrés.

Ces propositions sont ensuite transformées en loi générale, envertu d'un raisonnement que l'on nomme induction.

La connaissance scientifique repose donc essentiellement sur l'observation.Illustrons plus précisément cette idée par un exemple emprunté cette fois à la physique.

Qu'est-ce qui conduisit Newton à laformulation de la théorie de la gravitation universelle ? La pomme que, paraît-il, il reçut sur la tête n'explique évidemment rien,mais on peut remarquer qu'ici comme souvent la légende de la science rejoint l'inductivisme en invoquant les « faits », fussent-ilsimaginaires, à l'origine de la théorie. La démarche scientifique va du particulier au généralUn même phénomène peut se produire dans des circonstances variées.

Ainsi la chaleur: la chaleur du feu n'est pas celle qui estproduite par frottement...

L'observation conduit à rechercher une cause unique à ces phénomènes particuliers.

Cette cause unique -dans ce cas, l'excitation des molécules - aura valeur de théorie scientifique.

[En science, c'est la méthode déductive qui prime.

A partird'une théorie donnée, on déduit des propositions singulières,lesquelles doivent être testées par l'expérience.

Si une théoriesupporte cette épreuve, elle peut être dite scientifique.] Le cercle de l'inductivisme L'inductivisme se heurte à un problème majeure : comment passer d'énoncés singuliers à des énoncés universels ? Il y a là uneinférence dont absolument rien ne garantit la certitude.

Supposons avec Russell , une dinde consciencieusement inductiviste amenée un beau jour dans une ferme d'élevage.

Le premier jour, on la nourrit à 9 heures du matin.

Rigoureuse, elle notel'énoncé d'observation : « Tel jour X, j'ai été nourrie à 9 heures ».

Le second, idem...

Comme elle est scrupuleuse, elle fait varier les conditions expérimentales : qu'il neige ou qu'il fasse beau, que ce soit un homme ou une femme, on lui donne toujours àmanger à 9 heures.

Elle se croit donc autorisée pour finir à énoncer le principe général : « On me donnera toujours à manger à 9 heures du matin ».

Le lendemain est le jour de Noël, et à 8 heures on lui coupe la tête. Logiquement, tous nos raisonnements inductifs sont exposés au même risque que celui de la pauvre dinde, même sipsychologiquement il n'en va pas de même, si nous avons souvent beaucoup de mal à nous persuader de l'absence d'assurancede tels raisonnements et s'ils emportent avec eux une très forte croyance.

En aucun cas ce n'est une certitude.

Rien ne megarantit que le prochain corbeau sera noir, que mon eau bouillira demain à 100° ou que le soleil se lèvera à nouveau.

Hume futle premier à souligner fortement qu'il n'y a aucune nécessité logique à ne pas concevoir le contraire , alors que dans unedéduction, en revanche, la conclusion est la conséquence nécessaire des prémisses. N'y a-t-il donc aucun moyen de soustraire l'induction à cette incertitude ? L'induction suppose une règle : que les mêmes causesproduisent les mêmes effets ou que le cours de la nature est uniforme, mais cette règle n'est que postulée.

Comment pourrait-on l'établir ? Le seul moyen possible prouver la valeur du raisonnement inductif nous est donné dans un syllogisme du type : (a) Le cours de la nature est uniforme. (b) Or j'ai toujours constaté que tel objet a été accompagné de tel effet ou de telle propriété. (c) Je peux donc légitimement généraliser et prévoir que d'autres objets de même nature seront accompagnés des mêmeseffets ou propriétés. Mais comment établir la vérité d'une proposition comme « le cours de la nature est uniforme », qui est, elle-même, une proposition générale, sinon par induction ? Il y a là un cercle vicieux ou une pétition de principe : le seul moyen de valider l'induction est deprésupposer la valeur du raisonnement inductif. La méthode est insuffisanteQuel que soit le nombre d'observations que l'on fait, il n'est pas possible d'en extraire, par induction, des lois universellementvalides.

En effet, une multitude de faits particuliers ne suffit pas à établir une loi générale Ainsi que l'écrit Popper: «Peu importe legrand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.» Al'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empiriquede sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le savant en tirait, en vertu du fameux principed'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et universellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaientque tout ce qui n'est pas vérifiable est « métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper,l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partird'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de. »

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