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Obstacle et Liberté

Publié le 22/02/2012

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On a raison de définir la liberté par l'absence d'obstacle nous dit Hobbes, mais la vérité est que cette liberté naturelle est intenable. Il faut l'abandonner et sortir de l'état naturel où les individus ne peuvent coexister parce qu'ils se font mutuellement obstacle, pour passer à l'état civil en instituant un État et *en définissant les lois qui leur permettent de se composer au lieu de s'entre-détruire. À l'état de nature, c'est-à-dire par eux-mêmes et avant l'institution des sociétés civiles, les hommes n'obéissent en effet qu'à la seule loi de nature, non à des lois instituées par eux. Or cette loi leur ordonne de se conserver eux-mêmes et de ne rien faire qui puisse leur nuire. C'est le point de départ de l'analyse de Hobbes, qui ajoute que cette loi serait vaine s'il ne lui correspondait pas un droit et une liberté naturels. Le premier nous

« distinctions étant faites, il faut en conclure que seule notre pensée peut être libre puisqu'elle seule dépend de nouset ne peut donc être entravé, si ce n'est par nous-même.

Tout le reste est naturellement servile et celui quis'obstine à placer le bien en dehors de lui, dans les objets du monde extérieur, verra sa course continuellemententravée parce que ce bien ne dépend pas de lui.

Agité, soucieux, il souffrira de multiples passions et ne sera jamaisparfaitement libre, parce qu'il aura renoncé à son indépendance et à son autonomie naturelle.

Il ne sera de mêmejamais heureux, son bien pouvant lui être facilement ôté par un autre qui l'aura en son pouvoir.

Le sage seul estparfaitement libre et heure« : son jugement, qui est son seul bien, lui appartient entièrement et sa volonté qui prendpour objet ce qui ne dépend que de lui ne peut être entravée.

Être libre consiste alors à faire tout ce que l'on veut,ce qui ne signifie pas faire tout ce que l'on désire en se laissant guider par ses passions et les objets du mondeextérieur la volonté se différenciant du désir en ce qu'elle a la raison pour principe, non la sensibilité.Mais faut-il vraiment ne s'occuper que de soi pour vivre libre ? Faut-il vivre seul ? Comment rencontrer autrui, si l'onrenonce à se soucier de ce qui ne dépend pas de nous ? Comment les libertés peuvent-elles coexister sanss'entraver, s'ignorer ou se tyranniser ? Comment vivre ensemble, mais sans obstacle? Qu'est-ce que le droit? III.

Le droit permet aux libertés de coexister sans se faire obstacle On a raison de définir la liberté par l'absence d'obstacle nous dit Hobbes, mais la vérité est que cette liberténaturelle est intenable.

Il faut l'abandonner et sortir de l'état naturel où les individus ne peuvent coexister parcequ'ils se font mutuellement obstacle, pour passer à l'état civil en instituant un État et *en définissant les lois quileur permettent de se composer au lieu de s'entre-détruire.

À l'état de nature, c'est-à-dire par eux-mêmes et avantl'institution des sociétés civiles, les hommes n'obéissent en effet qu'à la seule loi de nature, non à des lois instituéespar eux.

Or cette loi leur ordonne de se conserver eux-mêmes et de ne rien faire qui puisse leur nuire.

C'est le pointde départ de l'analyse de Hobbes, qui ajoute que cette loi serait vaine s'il ne lui correspondait pas un droit et uneliberté naturels.

Le premier nous autorise à utiliser tous les moyens pour parvenir à notre fin, qui est de nous conserver, tandis que la seconde nouspermet d'écarter tous les obstacles qui nous empêchent de l'atteindre.

Ces corollaires de la loi naturelle conduisentHobbes à conclure que l'état de nature est un état de guerre perpétuelle de tous contre tous, qu'il faut quitterpuisque nul n'est assuré d'y subsister.

L'existence d'autrui fait en effet obstacle à la mienne car en s'appropriantlégitiment certains moyens de subsistance, il me prive de ces mêmes moyens et menace ainsi mon existence.

Jepeux donc légitimement l'éliminer, étant naturellement autorisé à écarter tous les obstacles qui entravent mamarche.

Cette analyse permet à Hobbes de montrer que les hommes ne peuvent vivre en paix et en sécurité qu'enrenonçant à leur droit et à leur liberté naturels.

Cette renonciation prend la forme d'un transfert de souveraineté quiest constitutif de l'État.

Chacun renonce au droit qu'il a de se gouverner lui-même et le transmet â un tiers qui endevient le représentant.

L'État naît de ce transfert de droit et sa première tâche est de définir l'ensemble des loispermettant aux individus de se conserver, conformément à la loi de nature qui demeure valide.

Ces lois constituentle droit positif, qui substitue l'état civil au droit naturel.

La liberté s'inscrit alors dans le silence des lois : tout ce quin'est pas explicitement interdit est permis.

Le droit limite ainsi les libertés individuelles en définissant les conditionsde leur conservation mutuelles.

Elles se rencontrent, mais ne se font plus obstacle, et les citoyens sont libres sansêtres des tyrans ni des sages.

Le rôle de l'État est de garantir cette coexistence pacifique ; il est légitime tant qu'ily parvient. Conclusion La liberté consiste donc bien à ne pas rencontrer d'obstacles.

Mais ceux-ci peuvent être extérieurs ou intérieurs etêtre vaincus pas la force ou l'intelligence.

La vraie liberté n'appartient en ce sens qu'au sage, non au tyran.

Si cedernier fait tout ce qu'il désire en éliminant par la force les obstacles extérieurs, il reste cependant esclave de sespassions.

Sa liberté n'est qu'apparente : son désir de tyrannie est une tyrannie du désir.

Seul le sage fait tout cequ'il veut : il a su triompher de ce désir qui est le principal obstacle de la liberté, et sa volonté n'en connaît plusaucun parce qu'il sait se mettre à l'abri de l'adversité en ne s'occupant que de ce qui dépend de lui.

On peutpourtant être libres ensemble sans être pour autant des sages : le rôle du droit est de définir les lois de lacoexistence des libertés, c'est-à-dire l'ensemble des règles leur permettant de se composer comme autantd'auxiliaires et non de rivaux.

C'est à cette condition que l'on peut vivre ensemble tout en vivant libre, sansrencontrer d'obstacle parmi ses semblables.. »

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