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Les oeuvres d'art sont-elles des marchandises ?

Publié le 24/02/2004

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Les hymnes de Hölderlin étaient, pendant la guerre, emballés dans le sac du soldat comme les brosses et le cirage. Les quatuors de Beethoven s'accumulent dans les réserves des maisons d'édition comme les pommes de terre dans la cave.« Comme le constate Heidegger dans Chemins qui ne mènent nulle part, les oeuvres d'art sont aussi des objets pourvus d'une certaine valeur.

[La création artistique est par essence désintéressée. Même si un artiste doit payer ses factures, il ne crée pas pour de l'argent, mais par nécessité intérieure. L'exploitation marchande de l'art n'a rien à voir avec l'art lui-même.] 

L'art est désintéressé

Ce qui fait la valeur de l'art, c'est qu'il est désintéressé, dépourvu de toute fin utilitaire. Un artiste n'obéit pas aux mêmes motifs qu'un entrepreneur, qui «crée« avant tout pour gagner de l'argent. Il obéit à une nécessité intérieure (Cf. Kandinsky), il cherche à traduire dans le langage artistique une certaine forme de spiritualité, à exprimer son sens de la beauté ou son individualité.

De nombreuses oeuvres d'art sont faites sur commande. Si l'art ne se vendait pas, il ne pourrait pas y avoir de création artistique. Mais, l'art, pour mériter ce nom, doit être désintéressé. Sa valeur n'a rien à voir avec une valeur marchande arbitrairement fixée et extérieure aux préoccupations de l'artistes.

« Comme le fait remarquer Heidegger, les oeuvres d'art sont aussi, par uncertain côté, des objets.

Dans la mesure où elles peuvent être vendueset achetées, elles sont aussi des marchandises: on peut se payer untableau pour décorer son salon ou investir dans le cinéma.

Les oeuvresd'art se distinguent toutefois des simples biens de consommation par lefait qu'elles sont uniques, qu'elles n'ont pas de fonction utilitaire et nedeviennent jamais obsolètes.

Si elles ont une valeur marchande, cen'est que par accident, jamais de manière essentielle.

Leur finalité (cepourquoi elles ont été créées) n'est en effet pas de rendre service àleur acheteur ni de produire de la richesse pour le créateur ou levendeur.

La valeur artistique d'un Picasso ou d'un Van Gogh n'a rien àvoir avec leur cote sur le marché de l'art et ces tableaux seraient desoeuvres d'art même s'ils n'étaient pas à vendre.

De même, ce n'est pasparce qu'une oeuvre est estimée à un prix très élevé qu'elle est pourautant un chef-d'oeuvre artistique qui durera. Par ailleurs, le soupçon généralisé de mercantilisme, qui s'adresseparfois à l'Art comme à «l'Absolu de la monnaie », ne nous met guère enmesure de comprendre d'où procèdent ses plus hautes réalisations.

Aucontraire, la réduction de l'art à un commerce nous prive d'un toutautre « commerce » – de sympathie, d'admiration et d'amitié – avecceux que Baudelaire appelle «les phares». »

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