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L'opinion a-t-elle nécessairement tort ?

Publié le 04/01/2004

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Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de la méthode : « Par méthode, j'entends des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en efforts inutiles, mais en accroissant progressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre. « « Règles pour la direction de l'esprit « (IV). La méthode garantit donc :

  • La certitude (l'élimination de l'erreur) ;
  • La facilité et l'économie d'efforts ;
  • La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ;
  • La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra la connaissance de tout ce qu'on peut humainement savoir. Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer une méthode, applicable à tous les objets de connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie. La première partie du « Discours « en fournit l'explication, qui se présente comme une biographie intellectuelle. Descartes y expose ce qui l'a poussé à sortir des sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est le signe d'une crise de civilisation. Bon élève dans un excellent collège, Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose, quelles que soient son utilité et sa richesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue «. Le doute s'immisce dans son esprit : alors qu'il a été éduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue. Il cherchait, et l'éducation lui promettait « la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie «, mais il se trouve « embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvert de plus en plus mon ignorance «. L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et la méthode qui y conduit.

■    Mots clés •    opinion : du latin opinio, « croyance « ; opinari, « opiner « = dire son avis, adhérer, consentir. En philosophie, opinion = doxa (terme grec). C'est une forme de connaissance pratique et empirique qui s'oppose, chez Platon, à la connaissance intelligible de la pensée dialectique, scientifique. C'est un type de connaissance inférieure, bien que Platon admette l'existence de l'opinion droite, connaissance vraie qu'on ne peut justifier. •    nécessairement : inéluctablement, inévitablement. Ce qui est nécessaire ne peut pas être autrement qu'il est. •    tort : défaut, erreur. Avoir tort : ne pas avoir la raison de son côté —> être dans l'erreur.

« "Socrate : Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux, l'un représentant le genrevisible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment suivant la mêmeproportion; tu auras alors, en classant les divisions obtenues d'après leur degré relatif de clartéou d'obscurité, dans le monde visible, un premier segment, celui des images — j'appelle imagesd'abord les ombres, ensuite les reflets que l'on voit dans les eaux, ou à la surface des corpsopaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables; tu me comprends?Adimante : Mais oui.Socrate : Pose maintenant que le second segment correspond aux objets que ces imagesreprésentent j'entends les animaux qui nous entourent, les plantes et tous les ouvrages de l'art.Adimante : Je le pose.Socrate : Consens-tu aussi à dire, demandai je, que, sous le rapport de la vérité et de soncontraire, la division a été faite de telle sorte que l'image est à l'objet qu'elle reproduit commel'opinion est à la science?Adimante :J'y consens fort bien.Socrate : Examine à présent comment il faut diviser le monde intelligible.Adimante : Comment?Socrate : De telle sorte que pour atteindre l'une de ses parties l'âme soit obligée de se servir,comme d'autant d'images, des originaux du monde visible, procédant à partir d'hypothèses,non pas vers un principe, mais vers une conclusion; tandis que pour atteindre l'autre — quiaboutit à un principe anhypothétique — elle devra, partant d'une hypothèse, et sans le secoursdes images utilisées dans le premier cas, conduire sa recherche à l'aide des seules idées prisesen elles-mêmes." PLATON Ce texte est l'un des passages les plus importants de l'oeuvre de Platon.

Il énonce les propositionsfondamentales non seulement de sa métaphysique, mais aussi de sa théorie de la connaissance.

Ladistinction que Socrate introduit de la ligne 1 à la ligne 7 sépare les êtres sensibles des êtres intelligibles.Les traditions chrétienne et néoplatonicienne trouveront dans ce texte, à tort ou à raison, l'origine del'opposition entre deux mondes, l'un matériel, « l'ici-bas », et l'autre purement idéel, « l'au-delà ».

Quoiqu'il en soit, Socrate propose une hiérarchie des êtres : certains «sont» plus que d'autres et sont plusconnaissables que d'autres.La deuxième partie du texte propose la transcription de ces thèses métaphysiques dans le registre de lathéorie de la science.

À chaque degré de l'être correspond un type de connaissance.

Leur précision etleur vérité vont s'accroissant à mesure que l'on s'élève dans l'échelle des êtres : l'opinion, issue del'expérience perceptive, a pour objet le monde sensible alors que la science se définit par l'accession auxintelligibles.

Y a-t-il pour autant une séparation imperméable entre l'expérience et la science? Certesnon, puisque pour accéder au premier degré des êtres intelligibles, qui ne sont pas encore les Idées, ilest possible de partir de l'expérience sensible et de s'élever à la science par des raisonnements.Toutefois, remarquons que la science suprême, la dialectique, reste entièrement à l'écart de l'expérienceet ne prend sa source que dans des principes intelligibles et donc anhypothétiques. La bêtise de l'opinionPar opinion (doxa), il faut entendre les idées communes, les préjugés, tous les avis qui se fondent sur lesapparences.

L'opinion ne pense pas ce qu'elle pense.

Ainsi, l'opinion publique d'Athènes a condamné Socrate àmort parce qu'elle le considérait comme un impie, un rebelle et un corrupteur de la jeunesse, alors que c'étaitle plus sage et le plus intelligent des hommes.

L'opinion est incapable de voir la vérité parce qu'elle est bête.En épistémologie, Bachelard dira que: "L'opinion a, en droit, toujours tort." Bachelard, La Formation de l'espritscientifique, 1938.La science n'a rien de commun avec l'opinion, l'accord entre la science et l'opinion ne peut porter que sur unequestion de détail car la science construit une vision du monde totalement fondée sur des principesrationnels.

L'opinion est surgissement spontané d'idée ; elle n'est pas le résultat d'un processus conscient deréflexion.

C'est la conscience spontanée qui a des opinions, seule la conscience réfléchie peut passer del'opinion à la connaissance.. »

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