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L'ordre des choses dépend-il d'une volonté divine ?

Publié le 08/03/2004

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Cela ne serait qu'une nécessité aveugle. Mais les stoïciens pensaient que la Nature est un être divin et intelligent, qui ne fait rien en vain. Tout est fait pour quelque chose, tout a un but, tout est finalisé. Le but ultime que poursuit la nature, c'est évidemment le Bien. Le destin qui règne dans le monde est donc bon, il est une Providence. Mais ce Bien, c'est la vie et le Bien du Tout, de la nature elle-même, non de chaque créature qui la compose. Chaque homme n'est qu'un rouage du grand mécanisme universel, et c'est par une folle présomption que chacun s'imagine être le centre du monde et voudrait que tout conspire à son bonheur. En revanche, cette idée que le monde est dirigé par la Providence, que chaque événement concourt à un Bien pour le Tout, même si la petite partie que nous sommes ne l'aperçoit pas, cette idée est beaucoup plus puissante que celle de la simple nécessité pour incliner notre volonté à vouloir ce qui advient. Telle est précisément l'attitude du sage qui peut ainsi goûter le bonheur. Dès lors , chaque homme doit se persuader que la Providence lui a assigné un rôle à jouer sur la terre.

« mouvements des atomes qui composent la matière et les corps vivants.

La matière et les corps vivantssont constitués d'atomes.

Ceux-ci régissent aussi bien les objets inertes et les lois de la nature que l'âme humaine.

Le mouvement des atomes suffit à expliquer l'ordre des choses.] Les atomes sont partout et en nombre infiniRien ne se perd, rien ne se crée; l'univers reste toujours identique à lui-même et est constitué de corps et de vide, c'est-à-dire d'un espacesans matière.

S'il n'y avait pas de vide, les corps formeraient une massecompacte et ne pourraient se mouvoir.

Les corps eux-mêmes sontcomposés d'éléments indivisibles (les atomes) — de formes variées, maisinvisibles.

Cela heurte sans doute l'opinion de parler d'éléments invisibles,mais combien de choses dont la réalité est incontestable échappent ànotre vue! Le vent n'est pas vu, c'est pourtant une réalité matérielled'une grande puissance ; les plantes, les animaux, etc.

grandissent : etpourtant notre vue ne discerne pas les minuscules parcelles dont dépendleur accroissement.

Ces atomes sont en nombre infini dans un vide infini.Chacun d'eux possède une pesanteur propre, tous les atomes sontemportés par leur poids, ils tombent en ligne droite dans le vide.

Maisalors comment expliquer que se forment les agrégats que sont les corps?Il faut supposer que certains atomes sont amenés, sans raisonappréciable à dévier très peu de la ligne droite, donc des chocs nepeuvent manquer de se produire.

Il suffit d'ailleurs qu'un seul atome aitdévié de la ligne droite pour qu'il en entraîne des centaines puis desmilliers.

De là les combinaisons d'atomes.

C'est la théorie de la «déclinaison » des atomes, ce que Lucrèce, disciple d'Épicure, appellera «clinamen ».

De ce chaos sort, non pas un monde unique, mais une pluralité de mondes séparés par des espaces vides où vivent les dieux.

Mais de ces mondes, nous n'enconnaissons qu'un : celui qui est éclairé et réchauffé par le soleil, la lune et les étoiles. Pour Épicure, rien ne naît de rien, si bien que tout ce qui commence à exister n'est pas créé, ne surgit pas dunéant, mais provient d'assemblages d'atomes, infinis en nombre, inaltérables et indivisibles.

Ce qui existe detout temps, ce sont ces corps premiers, auxquels Épicure attribue une forme, une grandeur et un poids, et quisont animés d'un mouvement perpétuel dans le vide (Lettre à Hérodote).

C'est à partir d'eux que se formenttous les corps dont nous faisons l'expérience.Les atomes constituent la structure intime de toute chose.

Ils sont indestructibles.

Leur mouvement estperpétuel.

Ils n'ont aucune couleur, aucune qualité sensible.

De formes différentes, ils permettent decomprendre pourquoi un assemblage déterminé va donner un éléphant plutôt qu'une vache. L'ordre des choses n'est fait que de vide et d'atomesSi le mouvement des atomes était toujours nécessairement le même selon une chute rectiligne et verticale, ilsne se rencontreraient pas et ne pourraient pas s'agréger les uns aux autres.

Sous le nom de clinamen, Épicuredésigne donc une liberté dans le mouvement des atomes, une déclinaison de leurs mouvements par lesquels ilsentrent en contact en des temps et des lieux déterminés pour former des corps.

Le matérialisme d'Épicuresuppose la liberté.

Il en va de même pour l'homme : ce dernier est libre de penser ce qu'il veut parce qu'il estdoté du pouvoir de choisir parmi les simulacres.Les simulacres, qui sont vus et pensés par l'homme, sont les petites parties des corps qui se détachent lorsqueles atomes en mouvement dans les agrégats s'entrechoquent.Les atomes se déplacent de haut en bas, en fonction de leur poids.

Par rapport à ce mouvement vertical, ilspeuvent, à des moments indéterminés, dévier quelque peu.

Cette liberté de mouvement, associée à l'infinitédes combinaisons atomiques, explique la constitution du monde, mais aussi celle des végétaux, des animaux,des hommes. L'âme, composée d'atomes, n'est pas immortelleL'âme et le corps sont intimement liés.

Sans le corps, il est impossible que l'âme puisse vivre, sentir, penser.Donc, quand le corps cesse d'être animé par la vie, l'âme meurt également.

Partant de là, il n'y a pas àcraindre la mort, ni l'au-delà, ni le jugement des dieux.

La connaissance de la nature atomique du vivant et del'inanimé permet de ne plus craindre les dieux, de ne plus croire en une prétendue intervention divine.Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tous les phénomènes de la Nature, même ceuxqui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant de mécanismes matériels dépourvus de touteintention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.

Par exemple, les intempéries quidévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeance divine pour punir vosfautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes à votre devenir.C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explications possiblesdes mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause du phénomène,mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.

C'est en effet cela seul qui importe à notrebonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses.La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le sautdans l'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances. »

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