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L'OUBLI EST-IL UNE DÉFICIENCE DE LA MÉMOIRE ?

Publié le 15/03/2004

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3) « L'âme bonne est oublieuse » (Plotin, Ennéade IV, 3, 32). On pourrait se servir de cette citation pour montrer l'importance de l'oubli et ce sur deux plans. - Sur le plan intellectuel. La mémoire ne retient que des faits particuliers, des évènements précis, une foule de petites choses qui n'ont parfois aucune importance. Ainsi, la mémoire apparaît comme une incapacité à généraliser et à conceptualiser. Pour reprendre la nouvelle de Borgès Funes ou la mémoire, l'auteur nous montre un homme (Funes) qui retient tout, à partir du moment qu'il le voit. Or, cette mémoire prodigieuse est la conséquence d'un accident qui le conduira à fixer une toile d'araignée car l'absence d'oubli l'empêche d'avoir des idées abstraites. Et penser c'est abstraire, c'est à dire oublier pour un temps le particulier. Si j'ai l'idée de cheval, c'est que je peux mettre de côté tous les chevaux que j'ai pu voir. Et Funes en est bien incapable.

« 3) « L'âme bonne est oublieuse » (Plotin, Ennéade IV, 3, 32).

On pourrait se servir de cette citation pour montrer l'importance de l'oubli et ce sur deux plans. - Sur le plan intellectuel.

La mémoire ne retient que des faits particuliers, des évènements précis, une foule depetites choses qui n'ont parfois aucune importance.

Ainsi, la mémoire apparaît comme une incapacité à généraliseret à conceptualiser.

Pour reprendre la nouvelle de Borgès Funes ou la mémoire , l'auteur nous montre un homme (Funes) qui retient tout, à partir du moment qu'il le voit.

Or, cette mémoire prodigieuse est la conséquence d'unaccident qui le conduira à fixer une toile d'araignée car l'absence d'oubli l'empêche d'avoir des idées abstraites.

Etpenser c'est abstraire, c'est à dire oublier pour un temps le particulier.

Si j'ai l'idée de cheval, c'est que je peuxmettre de côté tous les chevaux que j'ai pu voir.

Et Funes en est bien incapable.

Ainsi se souvenir de tout aboutit àun isolement et à la mort de la pensée.

Ce n'est donc plus l'oubli qui est une défaillance mais la mémoire... - Sur le plan de l'action.

Notre capacité à agir efficacement tient au fait que notre mémoire est sélective et laissede côté ce qui est inutile pour l'action présente.

Si tout ressurgissait ou était éternellement présent à notremémoire, nous serions comme encombrés d'un tas d'outils, d'un tas de moyens qui nous empêcherait littéralementd'agir.

Bergson illustre cette pensée.

Comme la durée est un continu indivisible et non linéaire, l'intégralité du passé se conserve.

Et c'est alors la nécessité de l'action qui place certains aspects dupassé dans l'oubli sans le supprimer.

L'oubli est donc une rangement salutairedans lequel nous puisons afin d'être efficace.

L'oubli parenthèse des chosesinutiles pour le présent, est une condition d'efficacité pour notre mémoire.

L'oubli éclaire vers ce que la mémoire doit choisir sur le moment et obscurcit cequi lui est vain. « Imaginez l'exemple extrême : un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir ; celui-là ne croirait pas à son propre être, il ne croirait plus en soi, il verrait tout sedissoudre en une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du devenir.

» Nietzsche,Considérations inactuelles, 1873-1876. * « Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l'instant présent ne pourraientexister sans faculté d'oubli.

» Nietzsche, La Généalogie de la morale, 1887. * « Nous n'avons pas encore totalement oublié ce que nous nous souvenons d'avoir oublié.

Nous ne pourrionspas rechercher un souvenir perdu si l'oubli en était absolu.

» Saint Augustin, Les Confessions, vers 400. C'est là le paradoxe de la mémoire : dans l'oubli même, tout n'est pas oublié.

Le fait que nous fassions parfoisappel à notre mémoire pour retrouver un événement passé que nous avons « oublié » prouve qu'il demeure bienune trace de cet événement.

Autrement, nous n'aurions même pas conscience de l'avoir oublié. * « Se souvenir de tout serait, en bien des circonstances, aussi fâcheux que ne se souvenir de rien ; il faudrait,pour nous rappeler une portion déterminée de notre passé, exactement le temps qu'il fallut pour la vivre, et nousne viendrions jamais à bout de penser.

» William James, Principes de psychologie, 1890. La mémoire-habitude, « fixée dans l'organisme, n'est point autre chose que l'ensemble des-mécanismes. »

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