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L'oubli est-il le gardien de la mémoire ?

Publié le 25/06/2004

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Position de la question. L'oubli est généralement considéré sous son aspect négatif : on y voit simplement le contraire de la mémoire. On peut cependant se demander si cet aspect est le seul valable et si l'oubli n'aurait pas une fonction positive dans notre vie psychique. I. L'oubli par effacement. A. — L'effacement progressif des traces mnémoniques est un phénomène normal et les psychologues se sont appliqués à déterminer la courbe de cette progression. En ce sens, oubli est bien « un anéantissement partiel de notre être et de notre pensée « (L. DUGAS, La mémoire et l'oubli, p. 42). B. — Même sous cet aspect, toutefois, l'oubli n'a-t-il pas une fonction positive — et utile — dans notre vie spirituelle? De même que le souvenir n'est jamais absolument isolé, mais fait partie d'une structure mentale, «tout oubli s'explique par le passage d'un état d'esprit à un autre, par l'apparition de ce qu'on pourrait appeler une mentalité nouvelle « (DUGAS). Or la loi de la vie est le changement : il est normal, il est utile parfois que notre état d'âme se transforme. On se guérit de certains chagrins, de certaines déceptions en « pensant à autre chose «. On rapporte du peintre HELLEU cette réflexion : « L'oubli rend plus de services au coeur que la mémoire n'en rend à l'esprit. « Même du point de vue moral, il n'est pas toujours désirable de s'endurcir, par une sorte de « persévération « affective, dans un système trop rigide d'idées ou de sentiments. Lorsque, par exemple, quelqu'un a eu des torts envers nous, est-il souhaitable que nous conservions le souvenir de ces torts et le sentiment de rancune qui s'y attache? « L'homme du ressentiment «, dont parle Max SCHELER, est celui qui ne sait rien oublier. En ce sens déjà, il y a un oubli qui n'est nullement regrettable.

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