Devoir de Philosophie

La paix est-elle l'état naturel de la société ?

Publié le 23/02/2004

Extrait du document

C'est une propriété naturelle des hommes « de ne pouvoir coexister sans la contrainte et la domination de leur semblable. Ils doivent être disciplinés en tant qu'animaux et régis par des commandements. C'est par l'esprit de communauté, et par lui seulement, qu'ils peuvent se servir de leur liberté » (Réflexions, 1227). Aussi « ce n'est, dit Kant, que dans une telle société que la nature peut réaliser son dessein suprême ». Mais si c'est seulement dans l'enclos de la société civile que l'humanité peut développer toutes ses dispositions, il ne sert à rien de travailler à une constitution civile parfaite au sein d'une communauté, si la guerre règne dans les relations extérieures d'État à État. Se pose donc la question concrète des relations antagonistes entre les États. D'où l'idée d'une Société des Nations « où chacun, y compris le plus petit État, pourrait attendre la garantie de sa sécurité et de ses droits, non pas de sa propre puissance ou de la propre appréciation de ses droits, mais uniquement [...] d'une force unie et d'une décision prise en vertu des lois fondées sur l'accord des volontés » (Idée d'une histoire universelle, Septième proposition). Si chimérique que puisse paraître une telle idée, c'est, selon Kant, le seul moyen pour les hommes de sortir de la situation misérable où ils se mettent les uns les autres. Il s'agit : « de forcer les États à adopter la résolution (même si ce pas leur coûte beaucoup) que l'homme sauvage avait acceptée jadis tout aussi à contrecoeur : résolution de renoncer à la liberté brutale pour chercher repos et sécurité dans une constitution conforme à des lois ».

« actions humaines, à se représenter un système qui seul pourrait rendre compte d'une manière ordonnée del'infinie variété des actions.

Car c'est le propre de la philosophie d'être un système (« La philosophie est lesystème de la connaissance rationnelle par concepts »).

Et, selon l'expression même de Kant dans la Critiquede la raison pure, la raison s'assigne comme but « la systématicité de la connaissance, c'est-à-dire sacohésion à partir d'un principe ».

« Cette idée postule donc une unité intégrale de la connaissanceintellectuelle, qui fasse de celle-ci, non pas simplement un agrégat accidentel, mais un système lié suivant deslois nécessaires.

»Alors que l'historien rassemble les traces des actions humaines, le philosophe s'interroge, lui, sur le senspossible de ces mêmes actions.

Mais quand on regarde « sur la grande scène du monde » la présentation desfaits et gestes des hommes, « on ne voit en fin de compte dans l'ensemble qu'un tissu de folie, de vanitépuérile, souvent aussi de méchanceté puérile et de soif de destruction ».

Il n'est donc pas suffisant, pourtenter de comprendre ce cours absurde, de s'interroger sur l'homme.

Le philosophe doit prendre en compte lasituation particulière de l'homme dans la nature.

Et remarquer cette forte contradiction : d'une part, l'hommeest la seule créature raisonnable dans la nature ; d'autre part, tout raisonnable qu'il est, il ne manque pasd'avoir une conduite insensée.

C'est donc que la vérité dernière de l'homme doit être recherchée, non pas enlui, mais dans la nature elle-même.

Puisqu'il est impossible au philosophe :« de présupposer dans l'ensemble chez les hommes, et dans le jeu de leur conduite, le moindre desseinraisonnable personnel, il lui faut rechercher du moins si l'on ne peut pas découvrir dans ce cours absurde deschoses humaines un dessein de la nature ».Mais, pour Kant, ce plan secret, qui se déroule quel que soit le désordre apparent des conduites humaines, nesaurait se réaliser à l'échelle d'un individu et d'une vie.

Car alors « chaque homme devrait jouir d'une vieillimitée pour apprendre comment il devrait faire un complet usage de ses dispositions naturelles ».

Et commechaque homme, au contraire, ne dispose que d'une courte durée de vie, la nature :« a besoin d'une lignée peut-être interminable de générations où chacune transmet à la suivante ses lumières,pour amener enfin dans notre espèce les germes naturelsjusqu'au degré de développement pleinementconforme à ses desseins » (Idée d'une histoire universelle, Deuxième proposition).C'est donc l'homme en tant qu'espèce qui est concerné.

L'homme, animal raisonnable mais contradictoire, quipar son « insociable sociabilité » a, à la fois, un penchant à s'associer (« car dans un tel état, il se sent plusqu'homme par le développement de ses dispositions naturelles ») et un penchant à s'isoler (« car il trouve enlui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens »).Société elle-même parfaitement contradictoire, puisqu'elle doit à la fois assurer le maximum de liberté auxhommes qui la composent et imposer aussi le maximum de déterminations et de garanties pour limiter cetteliberté, afin que la liberté de chacun soit compatible avec celle d'autrui.

C'est une propriété naturelle deshommes « de ne pouvoir coexister sans la contrainte et la domination de leur semblable.

Ils doivent êtredisciplinés en tant qu'animaux et régis par des commandements.

C'est par l'esprit de communauté, et par luiseulement, qu'ils peuvent se servir de leur liberté » (Réflexions, 1227).

Aussi « ce n'est, dit Kant, que dans unetelle société que la nature peut réaliser son dessein suprême ».

Mais si c'est seulement dans l'enclos de lasociété civile que l'humanité peut développer toutes ses dispositions, il ne sert à rien de travailler à uneconstitution civile parfaite au sein d'une communauté, si la guerre règne dans les relations extérieures d'État àÉtat.

Se pose donc la question concrète des relations antagonistes entre les États.

D'où l'idée d'une Sociétédes Nations « où chacun, y compris le plus petit État, pourrait attendre la garantie de sa sécurité et de sesdroits, non pas de sa propre puissanceou de la propre appréciation de ses droits, mais uniquement [...] d'une force unie et d'une décision prise envertu des lois fondées sur l'accord des volontés » (Idée d'une histoire universelle, Septième proposition).

Sichimérique que puisse paraître une telle idée, c'est, selon Kant, le seul moyen pour les hommes de sortir de lasituation misérable où ils se mettent les uns les autres.

Il s'agit : « de forcer les États à adopter la résolution(même si ce pas leur coûte beaucoup) que l'homme sauvage avait acceptée jadis tout aussi à contrecoeur :résolution de renoncer à la liberté brutale pour chercher repos et sécurité dans une constitution conforme àdes lois ».Et Kant voit plus loin encore :« Un jour enfin, en partie par l'établissement le plus adéquat de la constitution civile sur le plan intérieur, enpartie sur le plan extérieur par une convention et une législation commune, un état de choses s'établira qui,telle une communauté civile universelle, pourra se maintenir par lui-même comme un automate » (Idée d'unehistoire universelle, Septième proposition).C'est là qu'aura lieu « l'unification politique totale dans l'espèce humaine », dans un État cosmopolitiqueuniversel, qui réalisera enfin le plan caché de la nature.

Cette idée est reprise ultérieurement par Kant dans sonProjet de paix perpétuelle (1795), dont l'humanité, pense-t-il, se rapprochera toujours davantage. L'originalité du texte de Kant, paru pour la première fois en 1795 alors que l'Europe est dévastée par desguerres qui désormais ne concernent plus seulement les « professionnels » (cf.

la levée en masse du côtéfrançais), tient déjà au titre retenu.

Certes, il fait allusion à l'abbé de Saint-Pierre dont le Projet pour rendre lapaix perpétuelle en Europe eut un réel retentissement en 1713, au lendemain des campagnes de Louis XIV.Mais Kant a, de façon significative, éliminé toute référence circonstancielle.

Il s'agit désormais de penser lapaix comme une exigence universelle, et d'autre part d'arracher celle-ci à la guerre.

Rechercher la paixperpétuelle, c'est se donner les moyens d'éliminer de façon définitive la guerre.Après avoir toutefois rappelé que la guerre est aussi un facteur de progrès (elle pousse les peuples à s'installerdans des régions inconnues, elle mobilise toutes les énergies techniciennes), Kant expose les conditions selonlui nécessaires à la disparition des conflits internationaux.

Il plaide ainsi en faveur de la dissolution des arméesde professionnels et des armées permanentes — « Les armées permanentes doivent entièrement disparaître. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles