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Le pardon est-il contraire aux exigences du droit ?

Publié le 25/02/2004

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droit
Sous sa forme primitive, elle tient compte seulement de l'importance du dommage. C'est la loi du talion, véritable équation : oeil pour oeil, dent pour dent; une justice plus évoluée tient compte des intentions du coupable et proportionne la punition à la mauvaise volonté de celui-ci plutôt qu'à l'importance des dégâts. Le pardon n'est pas de droit Le pardon est une démarche personnelle, subjective qui ne relève pas de la justice, car il court-circuite le principe légale de la sanction. En tant qu'il ne relève d'aucun code social, le pardon ne peut être un principe de droit. Lorsqu'un crime a été commis, il nous semble que ce qui compte, c'est que le coupable soit puni, que justice lui soit rendue! Que l'on pardonne ou non, est accessoire. Le mal est fait, il s'agit d'agir en conséquence.   [Il est humain de pardonner car tout le monde peut faire des fautes. Le pardon n'est pas contraire au droit parce qu'il ne remet pas en cause le principe de la punition.] Le pardon n'est pas l'antidote du droit Le pardon n'efface pas la culpabilité et ne remet pas en cause les principes de la sanction et de la réparation instituées par le droit. Il est une démarche éthique, morale que la victime accomplit spontanément et en toute liberté et en toute conscience à l'égard de celui qui lui a porté préjudice.
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« chose qu'un coupable, lui rendre la possibilité d'une initiative bonne, de disposer à nouveau de ce qu'il est.

Il ya donc quelque chose de plus essentiel que de rendre justice à la victime, c'est de faire respecter un droitplus fondamental: un droit à l'innocence.

Plus fondamental que le droit de la victime innocente, et fondateurde celui-ci: le droit à l'innocence.

Plus fondamental que le droit de l'innocent, le droit à l'innocence. Comment comprendre cela? Le pardon n'efface rien réellement du passé, mais il suspend quelque chose du passé.

Il empêche le passéd'influer sur notre présent. On ne peut pas assimiler le pardon à une forme d'oubli.

Il faudrait constamment savoir ce qu'il faut oublier, cequi est contradictoire.

Et comment effacer une meurtrissure? Le pardon serait plutôt une forme de mémoire.

Au souvenir indélébile, j'ajoute un autre souvenir: celui d'avoir,un jour, pardonné.

Il n'y a que la mémoire qui pardonne, car, seule, elle se souvient d'avoir pardonné.

On voitpar là en quoi le pardon est un acte difficile: après avoir vaincu notre penchant à ne pas pardonner, il faut enoutre être sûr de pouvoir ne jamais revenir dessus.

Le pardon est une promesse qui nous engage pour toutl'avenir! Comment comprendre maintenant que le coupable puisse être un innocent? On peut pour cela revenir à la formule socratique: "Nul n'est méchant volontairement".

Cela ne veut pas direque nul n'est méchant, ce serait s'aveugler, mais que nul n'est méchant absolument.

Personne ne veut le malpour le mal.

Celui qui veut le mal ne se rend pas compte que c'est le mal qu'il veut, car alors il ne pourrait plusle vouloir.

En fait, il commet une erreur de jugement: il ne voit pas ce qu'il fait, que c'est le mal qu'il fait.

Nulne fait le mal pour le mal, mais parce qu'il le prend pour un bien, parce qu'il en attend un bien. C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ». L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraimentla vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui est comparable à lamédecine, est bénéfique à celui qui la subit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ».

Les hommes souhaiteraient être tout- puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leursdésirs.

Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.Cependant, comme subir l'injustice cause plus de dommage que la commettre debien, les hommes se sont mis d'accord pour faire des lois en vue de leur communeconservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nousemparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos désirs. Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice. Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondonsle bien apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé del'âme.

Nous croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce que nous voulons.

Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir. L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate , dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès , Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut« s'infliger les plus dures peines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable. C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Lemagnifique mythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est. »

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