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On parle souvent de la relativité de la connaissance scientifique. Que pensez-vous de cette expression ?

Publié le 11/01/2004

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scientifique
, dont les idées connurent une grande vogue dans l'entre-deux-guerres, a repris cette conception, cherchant seulement à lui donner une extrême rigueur logique, bornant la tâche de la science à la coordination des énoncés par lesquels nous exprimons les phénomènes, c'est-à-dire notre expérience relative des choses ou, en d'autres termes, limitée à nos moyens humains de connaissance.On a taxé cette conception de nominalisme scientifique, en ce sens que la science se réduirait à l'établissement des rapports entre les mots ou noms par lesquels nous désignons les choses. Condillac, au XVIII siècle, avait déjà dit qu'une science bien traitée n'est qu'une langue bien faite. Dès lors, si une théorie a seulement « pour but de représenter aussi simplement, aussi complètement et aussi exactement que possible un ensemble de lois expérimentales (Duhem) », on l'abandonnera dès que de nouvelles découvertes en rendront une autre plus utile. La théorie n'a pas de valeur de connaissance et son rôle final n'est que de faire des lois des recettes d'un emploi plus pratique. La connaissance scientifique ne vaut que parce qu'elle soumet la nature à nos ordres.S'il est indiscutable qu'une des fonctions de la théorie est de réaliser une économie de la pensée et de constituer une classification des lois, s'ensuit-il qu'elle n'en ait pas d'autre ? II est difficile déjà d'admettre que la connaissance scientifique ne soit qu'un ensemble de gestes et de formules qui réussissent on ne sait ni pourquoi ni comment, et que la science ne se distingue de la magie et de la sorcellerie que par son constant succès. Mais surtout le nominalisme scientifique se heurte à des objections sans doute décisives.Tout d'abord, dans la perspective de cette conception pragmatiste, comment est-il possible d'expliquer que la théorie ait un pouvoir heuristique, c'est-à-dire de découverte ?
scientifique

« est bien banal, mais la science contemporaine en fournit de nombreux autres.

Ainsi la théorie de la Relativité,conçue par Einstein vers 1905, faisait prévoir la déviation des rayons lumineux au voisinage du soleil, ce qui futvérifié lors de l'éclipse totale de 1919.

De même, alors que le phénomène de diffraction paraissait propre aurayonnement, la théorie de la mécanique ondulatoire construite par Louis de Broglie impliquait la possibilité d'unediffraction des électrons, expérience qui fut réalisée par les physiciens américains Davisson et Germer en 1935.Ensuite, faut-il accepter l'affirmation péremptoire de Duhem : une théorie « ne nous apprend absolument rien et neprétend rien nous apprendre [...] sur la nature même des choses, touchant les réalités qui se cachent sous lesphénomènes»? Ou faut-il soutenir avec Émile Meyerson que la science exige le concept de chose? En faveur deDuhem, il serait trop facile d'invoquer la fameuse déclaration de Newton sur la nature de l'attraction : « Hypothesesnon fingo, je ne forge pas d'hypothèses.

» Mais si Newton se refusait à se faire une idée de ce qui dépassel'observation, à savoir la nature d'une action à distance, il ne s'est pas fait faute, en optique, de recourir à unehypothèse sur la nature corpusculaire de la lumière, car il estimait qu'en ce cas elle conduirait à des calculscontrôlables par l'expérience.

La question subsiste donc : quelle est la valeur représentative des théories, c'est-à-dire que nous font-elles connaître du réel? Il n'est pas douteux que la représentation de la réalité a souvent servi aumoins d'hypothèse féconde de travail.

En voici un autre exemple : « La thermodynamique n'a trouvé sa véritableinterprétation, écrit L.

de Broglie, que le jour où Boltzmann et Gibbs, adoptant l'hypothèse atomique, ont pu rendrecompte des lois thermodynamiques en appliquant aux éléments innombrables dont est fait tout corps matérielpondérable les lois de la Mécanique statistique.» Ainsi les représentations concrètes aident les chercheurs àdévelopper leurs théories et il faut sans doute passer par l'intermédiaire des images pour s'élever à l'abstraction.Mais il est bien vrai que ces images s'épurent et se détachent progressivement de toute intuition sensible, si bienqu'à la limite, comme dit le physicien anglais Goudsmit « l'atome n'est plus qu'un système d'équations ».On objectera peut-être que c'est revenir au nominalisme, qui ne reconnaît que la valeur pragmatique de la théorie.Mais Henri Poincaré fournit la réponse qui paraît bien sans réplique : « Il n'y a pas moyen d'échapper à ce dilemme :ou bien la science ne permet pas de prévoir, et alors elle n'a pas de valeur comme règle d'action, ou bien elle permetde prévoir d'une façon plus ou moins parfaite, et alors elle n'est pas sans valeur comme moyen de connaissance.» A.Comte a dit : « savoir, c'est prévoir et pouvoir » ; on peut dire inversement : « prévoir et pouvoir, c'est savoir ».

Etce que démontre H.

Poincaré, c'est qu'il reste quelque chose de chaque théorie, à savoir les rapports qu'elle établit.On oppose que les théories ne sont pas vraies, parce qu'il peut y en avoir plusieurs qui expliquent également bien lemême ordre de phénomènes.

Mais, au contraire, si elles sont équivalentes, c'est parce qu'elles traduisent sous desformes différentes le même ordre objectif.

En ce sens, la théorie de Fresnel reste vraie, même après avoir étédétrônée par celle de Maxwell, puisqu'elle permet encore de prévoir les phénomènes optiques et qu'elle conduit auxmêmes équations différentielles.

« Les équations expriment des rapports, et si les équations restent vraies, c'estque ces rapports conservent leur réalité.» Donc, en règle générale, les théories ne se détruisent pas, la dernière endate englobe la précédente et celle-ci garde, pour une certaine approximation, sa valeur.

Comme la loi de Boyle-Mariotte par rapport à celle de Van der Waals, la mécanique classique garde la sienne par rapport à la théorieeinsteinienne de la Relativité.

Képler se donnait à juste titre pour un disciple de Copernic.

Newton continue Képler.Ce qui est essentiel pour tous, c'est la réfutation du géocentrisme.

La théorie de la Relativité restreinte établit quele temps de chaque observateur n'est pas universel et absolu.

La théorie de la Relativité généralisée maintient cerésultat, Weyl et Eddington aussi, bien qu'ils prétendent dépasser les théories d'Einstein.. »

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