« A une passante », Les Fleurs du Mal de Baudelaire

Introduction :

Avec le romantisme et après les Méditations poétiques de Lamartine, le 19^ème siècle renoue avec le genre poétique auquel il va faire une place de choix après une époque classique (17^ème/18^ème) qui avait vu son recul au profit du théâtre, de la littérature d’idée et des formes narratives. Baudelaire, dès sa prime jeunesse est touché par cet élan créateur qui confère au genre poétique une grande dignité. Sa production néanmoins marque une distance par rapport au mouvement romantique : à l’épanchement parfois complaisant du moi des romantiques, il va s’attaquer d’avantage à traduire la complexité de sa vie intérieure à travers des visions transposées du réel. Visions renvoyant à des images empruntées à la réalité et transformées par l’écriture poétique. Il n’exprime pas directement ses sentiments, il va les suggérer à travers des images par un langage indirect. Cette orientation de Baudelaire va en outre trouver son répondant par le choix de certaines formes poétiques. Sa prédilection dans le recueil des Fleurs du Mal pour le sonnet, forme à la fois contraignante et brève qui impose une expression dense de la pensée s’opposant à des formes favorisant l’expansion comme l’élégie.