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Une passion maîtrisée est-elle encore une passion ?

Publié le 27/02/2008

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·       En ce sens on comprend qu?il est de la nature même de la passion, quelle que soit la définition que  l?on semble lui avoir donnée, d?incliner le corps et l?âme à l?action, et que chercher à la maîtriser, c?est par conséquent en changer la nature.   II-          La rationalisation de la passion : l?efficacité redoublée de la passion   ·       La passion est une forme : « Cette forme exprime seulement ceci qu?un sujet a placé tout l?intérêt vivant de son esprit, de son talent, de son caractère, de sa jouissance dans un seul contenu » (Hegel, Précis de l?Encyclopédie des Sciences humaines, 3e partie, 1re section). Cependant, vidée ainsi de toute détermination particulière, la passion hégélienne, conçue comme tendance spirituelle d?une conscience tout entière absorbée par sa fin, s?apparente de plus en plus à la « force de l?âme ». N?y a-t-il pas, dès lors, un risque de confusion entre la passion et la vertu ? Volonté et passion impliquent l?une et l?autre une constance dans les desseins, une polarisation de la conscience sur un objet qui a été posé et valorisé librement (l?amour du savant pour la vérité, celui de l?homme d?action pour la liberté ne sont-ils pas des passions actives, volontaires ?). Cependant, tandis que le choix volontaire suppose un équilibre relatif de nos tendances, le choix passionnel traduit une rupture de cet équilibre. ·       Même entretenue et favorisée comme un enfant chéri, la passion reste le signe de notre dépendance : quels que puissent être sa vigueur et ses effets, elle est toujours ignorance de soi-même, de son objet, de ses véritables fins. En d?autres termes, la passion, qui est une spécification du désir, se distingue de celui-ci tant par sa constance (le désir peut être intermittent) que par son auteur (certains désirs sont tempérés). Aussi la passion se traduit-elle toujours par une sorte de délire, ou encore d?ensorcellement, dont Saint Augustin nous fournit le plus vibrant des témoignages dans les Confessions, L.

« · L'état de passion apparaît d'emblée comme équivoque : le mot « passion » en effet désigne en premier lieu tous les phénomènes passifs de l'âme.

Les cartésiensnommaient « passions » tous les états affectifs (plaisirs, douleurs, émotions),pensant qu'ils étaient subis par l'âme du fait de son union avec le corps. · D'un autre côté, la passion est une inclination si ardente qu'elle envahit l'individualité tout entière, balayant tout sur son chemin : en ce sens la passion estde l'ordre de l'activité, elle constitue une des forces vives du comportementhumain.

Cette ambiguïté fondamentale du concept de passion s'explique par lespéripéties de son histoire.

Dans son sens ancien, la passion est l'accidentconsistant à subir une exagération de la tendance fondamentale qui veut quechaque être veille à se conserver.

Les passions, on le sait, sont donc nocives àleurs yeux et le sage doit s'en garder s'il veut atteindre la sereine impassibilité quiconstitue le bonheur. · La réhabilitation des passions commence avec Descartes pour qui « elles sont toujours bonnes de leur nature », étantdonné qu'elles ont une fonction naturelle quiest de « disposer l'âme à vouloir les chosesque la nature nous dicte utiles et à persisteren cette volonté » (Traité des passions,article 52).

Un véritable renversementn'intervient qu'avec les romantiques quiexaltent les passions, parce qu'elles élèventet affermissent l'âme du vrai « sage », lequel,pas plus qu'un autre, n'est à l'abri del'influence : « il n'y a que des âmes de feu quisachent combattre et vaincre, écritRousseau ; tous les grands efforts, toutes les actions sublimes sont leur ouvrage » (LaNouvelle Héloïse). · En ce sens on comprend qu'il est de la nature même de la passion, quelle que soit ladéfinition que l'on semble lui avoir donnée,d'incliner le corps et l'âme à l'action, et quechercher à la maîtriser, c'est par conséquenten changer la nature.

II- La rationalisation de la passion : l'efficacité redoublée de la passion · La passion est une forme : « Cette forme exprime seulement ceci qu'un sujet a placé tout l'intérêt vivant de son esprit, de son talent, de son caractère, de sajouissance dans un seul contenu » ( Hegel , Précis de l'Encyclopédie des Sciences humaines, 3 e partie, 1 re section).

Cependant, vidée ainsi de toute détermination particulière, la passion hégélienne, conçue comme tendance spirituelle d'uneconscience tout entière absorbée par sa fin, s'apparente de plus en plus à la« force de l'âme ».

N'y a-t-il pas, dès lors, un risque de confusion entre la passionet la vertu ? Volonté et passion impliquent l'une et l'autre une constance dans lesdesseins, une polarisation de la conscience sur un objet qui a été posé et valorisélibrement (l'amour du savant pour la vérité, celui de l'homme d'action pour la liberténe sont-ils pas des passions actives, volontaires ?).

Cependant, tandis que le choixvolontaire suppose un équilibre relatif de nos tendances, le choix passionnel traduitune rupture de cet équilibre. · Même entretenue et favorisée comme un enfant chéri, la passion reste le signe de notre dépendance : quels que puissent être sa vigueur et ses effets, elle esttoujours ignorance de soi-même, de son objet, de ses véritables fins.

En d'autrestermes, la passion, qui est une spécification du désir, se distingue de celui-ci tantpar sa constance (le désir peut être intermittent) que par son auteur (certainsdésirs sont tempérés).

Aussi la passion se traduit-elle toujours par une sorte dedélire, ou encore d'ensorcellement, dont Saint Augustin nous fournit le plus vibrant des témoignages dans les Confessions, L.

III, ch.

1 (« je cherchais un objet à monamour). · Telle la colère ou la peur, la passion n'est-elle donc qu'une sorte d'exaltation ou d'émotion délibérément entretenue et prolongée ? Il semble pourtant qu'il y ait unedifférence fondamentale entre l'émotion et la passion.

L'émotion est impérieuse maispassagère et capricieuse.

La passion, au contraire, prend du temps pours'enracine ; de plus elle réfléchit pour atteindre son but.

On comprend alors en cesens que la passion n'est pas antinomique avec toute notion de maîtrise : elle estmaîtrise en ce sens qu'elle contrôle elle-même, selon un rythme certes élevé, lesmoyens de parvenir à sa fin.

En tant qu'elle vise un but précis, la passion estmaîtrise, maîtrise interne qui certes peut faire perdre au sujet passionné la maîtrise. »

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