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Les passions nous éloignent-elles de la réalité ?

Publié le 13/11/2005

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La passion, affirme Alquié, est recherche d'éternité. Sans doute ignore-t-elle la temporalité telle qu'elle nous est ordinairement imposée, mais elle est aussi esquisse d'une autre existence ou d'un futur possible. Si la pensée d'un Nietzsche, par-delà sa dénonciation du nihilisme ambiant, accède à sa dimension prophétique par l'annonce du surhomme, n'est-ce pas parce que Nietzsche est «passionné « plus qu'aucun autre par la vie et que la modernité telle qu'elle se présente à lui est décevante? La passion, parce qu'elle est exaltation, détruit la grisaille. Sans doute choisit-elle un but au-delà du réel donné, mais ce faisant, elle nous fait l'offrande d'un réel transfiguré, à la lumière duquel c'est la réalité même qui change d'aspect. SECONDE CORRECTION Les passions ont souvent été tenues pour négative. L'étymologie du terme renvoie à une sorte de passivité. Le mot vient du latin patior qui signifie pâtir, souffrir. Les passions semblent donc s'imposer à nous de manière involontaire. Elles sont une affection durable de la conscience dont l'origine pour la plupart des philosophes se trouvent dans le corps.
Les passions ont souvent été tenues pour négative. L’étymologie du terme renvoie à une sorte de passivité. Le mot vient du latin patior qui signifie pâtir, souffrir. Les passions semblent donc s’imposer à nous de manière involontaire. Elles sont une affection durable de la conscience dont l’origine pour la plupart des philosophes se trouvent dans le corps. Elles sont donc rattachées au sensible, même à la bestialité et empêchent l’homme de se servir de sa raison. La vérité est l’adéquation entre l’intelligence qui conçoit et la réalité. Elle se caractérise par sa permanence et son universalité. La vérité semble être la tâche de la raison par opposition au corps. Pourtant sans passion, la recherche de la vérité est-elle possible ? La raison ne peut-elle pas discipliner les passions pour s’en servir ?
  • I) La passion nous éloigne de la réalité.
a) La passion déforme la réalité. b) La passion ne tient pas compte de la réalité. c) La passion nous isole.
  • II) La passion ne nous éloigne pas de la réalité.
a) Passion et vitalité. b) Etre passionné, c'est être soi. c) La passion gouverne le monde.
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« de sa démarche, les objections de ses collègues, etc.On peut remarquer que cette autre figure du passionné (artiste, chercheur, «génie») s'affirme après le romantisme,après que Fichte a défini l'amour, mais semble-t-il, toute passion, comme «désir de quelque chose d'inconnu».

Onadmet alors que la passion n'éloigne dans un premier temps du quotidien et de ses contraintes que pour mieuxensuite le retrouver, en le complétant ou le magnifiant du même mouvement.

On s'habitue dès lors à répéter aprèsHegel que « rien de grand ne s'est fait sans passion», en simplifiant volontiers sa pensée.Pour Hegel en effet, la passion est le nécessaire ressort subjectif — apparemment égoïste — qui entraîne l'homme àaccomplir sans le savoir les buts de l'Esprit du Monde.

Ce dernier étant pure Raison, il est clair que sa froideur ousécheresse ne pourrait entraîner l'humain vers des réalisations remarquables.

Aussi la passion en devient-elle l'agentinvolontaire, animant les hommes pour qu'ils agissent de manière excessive : subjectivement satisfaits (puisqu'ilscomblent par exemple leur goût de la conquête ou leur désir de gloire), ils font avancer l'histoire dans le sens finalde la Rationalité.

La passion n'est ainsi dans l'homme que l'écho d'une « ruse de la Raison ».

Et comme cettedernière se réalise progressivement, il devient difficile d'affirmer encore que la passion éloigne du réel : elle participeau contraire à ses transformations. « Les inclinations et les passions ont pour contenu les mêmes déterminationsque les sentiments pratiques et, d'un côté, elles ont également pour base lanature rationnelle de l'esprit, mais, d'un autre côté, en tant qu'elles relèventde la volonté encore subjective, singulière, elles sont affectées decontingence et il apparaît que, en tant qu'elles sont particulières, elles secomportent, par rapport à l'individu comme entre elles, de façon extérieureet, par conséquent, selon une nécessité non-libre. La passion contient dans sa détermination d'être limitée à une particularité dela détermination-volitive, particularité dans laquelle se noie l'entièresubjectivité de l'individu, quelle que puisse être d'ailleurs la teneur de ladétermination qu'on vient d'évoquer.

Mais, en raison de ce caractère formel,la passion n'est ni bonne ni méchante ; cette forme exprime simplement le faitqu'un sujet a situé tout l'intérêt vivant de son esprit, de son talent, de soncaractère, de sa jouissance, dans un certain contenu.

Rien de grand ne s'estaccompli sans passion ni ne peut s'accomplir sans elle.

C'est seulement unemoralité inerte, voire trop souvent hypocrite, qui se déchaîne contre la formede la passion comme telle. [...] La question de savoir qu'elles sont les inclinations bonnes, rationnelles,et quelle est leur subordination, se transforme en l'exposé des rapports queproduit l'esprit en se développant lui-même comme esprit objectif. Développement où le contenu de l'ipso-détermination [Cette expression spécifie que l'esprit se réalise et se détermine lui-même selon des lois rationnelles] perd sa contingence ou son arbitraire.

Le traité des tendances, des inclinations et des passions selon leur véritable teneur est donc essentiellement la doctrine des devoirs dans l'ordredu droit, de la morale et des bonnes moeurs.

» HEGEL. Hegel met ici en évidence la contradiction apparemment inhérente aux passions : elles semblent à la fois provenir de l'individu lui-même qui vise ses intérêts particuliers, et obéir à un ordre rationnel et général, extérieur àl'individu et même contraire à ses intérêts.

Un tel paradoxe soulève la question de la liberté ou de la déterminationde nos comportements.

Ce problème, ici posé, est également examiné sous l'angle du sens de l'Histoire. Auparavant, Hegel écarte toute approche purement moralisante des passions (en termes de bien ou de mal), mais en dégage la fonction éminemment positive.

Il reprend à cet effet la formule d' Helvétius : « Rien de grand...

».

Indépendamment de toute considération éthique, l'auteur établit la nécessité des passions en tant que moteur de l'action. Rien n'oblige à suivre Hegel, et à considérer que le réel et rationnel sont à peu près synonymes.

Mais rien n'obligedavantage à considérer que la réalité, par définition, ne peut être ou devenir passionnante.Affirmer que la passion éloigne de la réalité, n'est-ce pas supposer que celle-ci est nécessairement terne, puisquehétérogène à la passion? La réalité est en effet terne lorsqu'elle est synonyme de régularité, d'emploi du tempsmonotone, de conduites «raisonnablement» timides ou timorées.

Mais l'effet de la passion n'est-il pas précisémentde la montrer sous un nouvel aspect, d'en faire affleurer un envers secret, d'y répandre une lumière inattendue,capable d'en révéler des visages insoupçonnés? La passion, affirme Alquié, est recherche d'éternité.

Sans douteignore-t-elle la temporalité telle qu'elle nous est ordinairement imposée, mais elle est aussi esquisse d'une autreexistence ou d'un futur possible.

Si la pensée d'un Nietzsche, par-delà sa dénonciation du nihilisme ambiant,accède à sa dimension prophétique par l'annonce du surhomme, n'est-ce pas parce que Nietzsche est «passionné» plus qu'aucun autre par la vie et que la modernité telle qu'elle se présente à lui est décevante? La passion, parce qu'elle est exaltation, détruit la grisaille.

Sans doute choisit-elle un but au-delà du réel donné,mais ce faisant, elle nous fait l'offrande d'un réel transfiguré, à la lumière duquel c'est la réalité même qui change. »

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