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Paul Valéry écrivait en 1936 : « Le loisir intérieur, qui est autre chose que le loisir chronométrique, se perd. Nous perdons cette paix essentielle des profondeurs de l'être, cette absence sans prix pendant laquelle les éléments les plus délicats de la vie se rafraîchissent et se réconfortent, pendant laquelle l'être, en quelque sorte, se lave du passé et du futur, de la conscience présente, des obligations suspendues et des attaques embusquées... Point de souci, point de lendemain, p

Publié le 03/03/2011

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conscience

   Le sujet porte sur une forme particulière de loisir, le loisir intérieur que Valéry oppose au loisir chronométrique, c'est-à-dire .à celui qui se définit d'après le temps pendant lequel, ne travaillant pas, on peut se livrer à d'agréables occupations« (qu'on vous invite d'ailleurs à préciser pour les comparer au loisir intérieur). On vous demande si vous ressentez personnellement le besoin de ce loisir intérieur. Encore faut-il analyser ce que Valéry entend par cette notion. Relevons les mots-clés : 1 Absence (deux fois), vacance bienfaisante : il s'agit donc de se retirer de quelque chose, d'échapper ailleurs.

conscience

« examens; à choisir un métier; à organiser un voyage; à l'avenir politique et social de sa génération, etc.

L'esprit n'apas de loisir parce qu'intellectuellement il se perd dans un objet de pensée qui le fait travailler, souvent en donnantde l'inquiétude, de l'angoisse.

2 Obsession du passé : ex.

le remords; le regret des heures heureuses; l'amertumedes occasions manquées; la perte des êtres chers; exemples littéraires possibles : Proust obsédé par l'amour perdud'Albertine; Thérèse Desqueyroux, par son crime, etc.

3 Conscience présente : ex.

la contemplation d'un spectacle,de la nature, ce qui absorbe l'esprit; la création littéraire ou artistique; la lecture, l'audition de disques, b) Celaexclut toutes les formes de loisir qui distraient l'esprit de lui-meme, en l'absorbant dans un travail intellectuel, dansun objet de pensée qui le domine, dans une contemplation où il se perd. FEUILLE 3 : Documentation littéraire et réflexion personnelle. a) Cette liberté absolue où l'esprit « ne s'occupe alors que de soi-même » paraît peu accessible, car il est difficile deconcevoir un esprit sans objet de pensée.

Mais ce que Paul Valéry nous suggère, c'est que l'esprit est d'abord libérédes impressions affectives qui peuvent troubler sa sérénité; et qu'ensuite, il est maître de son objet de pensée, s'yapplique sans effort, le prend et le laisse quand il veut, et se dédouble en quelque sorte, puisqu'il conserve la libertéde se regarder penser, de jouir de sa gymnastique intellectuelle et de son propre spectacle. Exemples littéraires de liberté de l'esprit : Montaigne, III, 13 (Ch.

S., XVIe s., pp.

226, 227); Rousseau (Rêveries, Vet VII : Ch.

S., XVIIIe s., pp.

264, 265).

Points communs avec Paul Valéry : l'esprit est dégagé de toute contrainteextérieure ou intérieure.

Différences : pour Montaigne, l'esprit exerce son activité à jouir de la sensation présente oudu bonheur actuel dont il prend conscience en l'approfondissant; pour Rousseau, il se perd voluptueusement dans lesentiment de sa propre existence.

Le loisir de Paul Valéry est donc plus intellectuel, puisque le plaisir est plutôt dansla gymnastique de l'esprit que dans l'approfondissement du plaisir ou du bonheur ou dans l'abandon au sentimentd'exister. h) Votre analyse personnelle vous rappellera des états assez voisins que vous avez pu éprouver, caractérisés par lamême liberté par rapport aux impressions affectives ou aux objets de pensée obsédants, par exemple dans desmoments de solitude sur une plage ou dans votre chambre.

Vous préciserez alors à quoi s'enchante votre esprit, entâchant de le caractériser par des circonstances personnelles ; gymnastique et contemplation libre de soi-même entrain de jouer, à la façon de Paul Valéry, lorsque vous échafaudez une invention, un voyage, un être imaginaire, ensachant que vous le faites librement et en prenant conscience de la «gratuité de vos supputations et de vosretouches; abandon au sentiment d'exister, par exemple au rythme des vagues, à la façon de Rousseau; prise deconscience de votre plaisir (les sensations d'un jour d'été par exemple) ou de votre bonheur (celui d'être envacances, libre de soucis d'examen, etc.) à la façon de Montaigne.

Mais vous pouvez aussi charmer le loisir de votreesprit de façons différentes, par diverses formes de rêverie : rêverie sentimentale, association d'idées; jeux del'imagination, etc., l'essentiel étant le plaisir de le faire et le sentiment que l'esprit le fait librement sans se fatiguerni y être contraint. FEUILLE 4 : a) Si cette forme de loisir vous est inaccessible, tâchez de dire franchement pourquoi : par exemple,vous n'êtes pas capable de vous abstraire de vos soucis, d'oublier le futur; ou l'esprit vide, vous ne savez à quoipenser, vous vous ennuyez (vous ne serez pas le seul! pensez à ce que dit Pascal, à propos du divertissement, dela difficulté pour un homme de rester seul dans une chambre); ou cela vous fatigue, si votre esprit doit être actif, b)Mais, même dans cette incapacité, vous pouvez goûter des formes de loisir qui libèrent votre esprit ne serait-cequ'en l'entraînant, même passivement, vers des objets agréables, par exemple la lecture, la musique, lacontemplation de la nature ou des œuvres d'art, voire en l'occupant, comme la peinture, le bricolage, la compositionde poèmes, de chansons, etc.

c) Vous en arriverez ainsi à une conception plus large du loisir.

Il n'est pas seulementintellectuel : il y a des loisirs physiques, dans lesquels l'esprit se repose aussi, parce qu'il s'oublie dans l'activitéheureuse du corps (marche, nage, jeu, etc.) ou dans son repos (le sommeil est aussi un loisir, que goûtait fort bienLa Fontaine).

Le loisir n'est pas seulement vacance, mais aussi changement d'activité (une activité qui est pour lesuns travail, devenant pour les autres délassement parce qu'elle est librement choisie) ou de milieu, en donnant leplaisir d'une vie sociale avec des êtres nouveaux, d) Tout le monde ne peut pas s'élever à l'intellectualisme de PaulValéry, il n'y a pas plus de sot loisir que de sot métier, à condition que celui qui le pratique le fasse consciemment etselon sa personnalité et qu'il atteigne le but de tout loisir, plaisir, repos et sentiment de liberté.. »

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