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La Péninsule Ibérique

Publié le 22/02/2012

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LA péninsule ibérique participe évidemment à l'ascension générale de l'Europe occidentale aux XIe, XIIe et XIIIe siècles. En Espagne, cependant, c'est la Reconquête qui donne un sens au confus grouillement des événements ; c'est elle aussi qui, dans une large mesure, particularise les institutions et conditionne les mentalités. Le glorieux califat omeyyade de Cordoue finit de s'effondrer en 1031 et la domination musulmane s'émiette en plus d'une vingtaine de petits royaumes rivaux dits de "taifas". La Castille tend alors à prendre la tête des forces chrétiennes. jusquelà simple comté, elle a, depuis 1032, un roi en la personne du Navarrais Ferdinand Ier qui, dès 1037, l'unit au royaume de Leon. Ferdinand Ier prend Coimbra en 1064 et, suivant une politique nouvelle, il impose une sorte de protectorat aux roitelets maures de Tolède, Badajoz et Séville. Lorsque ses États, malencontreusement dissociés après sa mort, sont à nouveau réunis en 1072, Alphonse VI peut donner à la Reconquête une impulsion vigoureuse. Faisant de Tolède (prise en 1085) sa capitale, il annexe la vaste région baptisée dès lors Nouvelle Castille. Les petits rois de "taifas" doivent se résoudre à faire venir d'Afrique les tribus fanatisées des Almoravides qui écrasent les Chrétiens à la bataille de Sagrajas (alias Zalaca) en 1086.

« épisodes spectaculaires comme, en 1340, la bataille du Salado remportée par Alphonse XI sur les guerriers berbèresdes Banu Marin, ou encore, en 1410, la prise d'Antequera par l'infant castillan Ferdinand (le futur roi d'Aragon), c'estseulement en 1481 que les Rois Catholiques entreprendront résolument de venir à bout du royaume de Grenade : ilsentreront, enfin, dans sa capitale, le 2 janvier 1492. Si, du moins jusqu'aux environs de 1270, la Reconquête fixe les cadres géographiques et rythme, en quelque sorte,le cours des événements, elle exerce aussi, en profondeur, une influence considérable sur les structuresdémographiques, économiques, sociales et mentales. Sauf en Catalogne, la péninsule ibérique n'a connu que des formes atténuées du régime féodal.

Cela tient certes aufait que l'occupation musulmane avait comme interrompu l'évolution normale des institutions, mais bien plus encoreaux conditions mêmes dans lesquelles furent repeuplés les immenses territoires reconquis.

Les régions désertées (lavallée du Duero par exemple) avaient, dans la première phase de la Reconquête, recouvré la vie grâce à l'installationde pionniers libres groupés autour des monastères ou organisés en communautés municipales dépendant directementde la couronne.

Au contraire, lorsque se produisent les rapides et très importants agrandissements territoriaux duXIIIe siècle, après la victoire de las Navas de Tolosa, la répartition est beaucoup moins favorable aux massespopulaires puisqu'elle se fait surtout au profit des ordres militaires (Calatrava, Alcantara et Santiago) bientôtdominés par l'aristocratie.

En Andalousie, où il avait d'abord fallu tolérer, au moins hors des villes, le maintien desMusulmans, ceuxci furent ensuite pratiquement expulsés après leur révolte de 1263.

Ainsi se constituèrent degrands domaines seigneuriaux où, faute d'une maind'œuvre suffisante, l'exploitation relativement intensive desMaures fut remplacée par les oliviers et l'élevage. A la fin du Moyen Age, le royaume dé Castille va ainsi évoluer assez différemment du reste de l'Europe occidentale.Tandis que, ailleurs, une féodalité très attachée à la terre décline devant les progrès de l'autorité royale, en Castilles'impose tardivement, sans le contrepoids d'une solide classe bourgeoise, une aristocratie puissante et brave, maisintrigante et toujours avide de nouveaux privilèges.

Parallèlement, les fonctions mercantiles et artisanales, ailleursremplies par la bourgeoisie, se trouvent, en Castille, du moins pour une large part, abandonnées aux étrangers etaux Juifs.

Dès le XIIe siècle, les "Francs" jouent un rôle économique important dans les villes qui jalonnent l'itinérairedes pèlerins de SaintJacquesdeCompostelle.

A la in du Moyen Age, les Génois exercent, notamment en Andalousie,une influence considérable sur le développement du commerce. Les Juifs croient trouver, dans la péninsule ibérique, comme un reflet de la Palestine ; doués pour les langues, ilspeuvent jouer un rôle important entre Chrétiens et Musulmans.

Le traditionnel mépris castillan pour le négoce faitd'eux d'indispensables administrateurs de biens, usuriers et collecteurs d'impôts, fonctions lucratives mais peusympathiques qui, au cours du XIVe siècle, provoquent contre eux la marée montante de la haine populaire puis,brusquement, à travers toute l'Espagne, les sanglants pogroms de 1391.

Les conversions au catholicisme semultiplient alors, plus ou moins sincères, selon de subtiles nuances allant de la surenchère au scepticisme enpassant par le cryptojudaïsme.

Dans la confusion des castes et des esprits, le draine évolue vers son dénouement :la création de la nouvelle Inquisition (en 1478) et l'édit d'expulsion de 1492.

Minorité audacieuse parce quemenacée, très dépendante en tout cas des rois ou des grands, les Juifs ne peuvent pas jouer le rôle politique d'unevéritable bourgeoisie. A regarder superficiellement les événements, la Castille apparaît maintenue par sa turbulente aristocratie dans uneanarchie d'abord endémique, mais qui va se généralisant au fur et à mesure que la monarchie perd son autorité.

Lemal se manifeste déjà très nettement lors du soulèvement nobiliaire de 1269 et pendant la guerre civile qui, de 1275à 1284, oppose Alphonse X à son fils, le futur Sanche IV.

Le désordre s'accroît pendant la minorité d'Alphonse XI,mais le pouvoir royal réagit à partir de 1325.

Malheureusement, avec Pierre Ier le Cruel (13501369), l'absolutismemonarchique prend la forme d'une tyrannie capricieuse et brutale.

Après s'être trouvé, en 1354, pratiquementprisonnier des nobles ligués contre lui, le roi parvient à s'échapper et il châtie impitoyablement les rebelles.

Mais, àpeine dégagé d'une lutte inutile contre l'Aragon (13561361), il doit faire face à une véritable guerre civile conduitepar son demifrère bâtard, Henri de Trastamare, qui se proclame roi en 1366.

Ce duel fratricide s'intègre, en réalité,dans la guerre de Cent Ans : pour Henri, la France qui envoie les Grandes Compagnies de Bertrand Du Guesclin ; ducôté de Pierre, l'Angleterre avec l'armée du Prince Noir.

Vaincu à Montiel, Pierre le Cruel est traîtreusementassassiné, quelques jours plus tard, le 22 mars 1369.

Bien que le duc de Lancastre et Ferdinand Ier de Portugalprétendent à la couronne castillane, le comte de Trastamare s'impose comme roi sous le nom de Henri II(13691379), mais il doit concéder de multiples donations et privilèges à la noblesse indisciplinée dont, ainsi, ilrenforce encore la puissance.

De la sorte, malgré l'adresse de son fondateur et quel que soit, ensuite, le senspolitique de Henri III le Maladif (13901406), la dynastie usurpatrice va payer très cher, surtout au XVe siècle, lesconditions de son avènement.

Jean II (14061454) est cultivé, mais faible et irresponsable.

Sous son règne,l'énergique connétable Alvaro de Luna tente de mater les factions nobiliaires dont l'agitation est alors entretenue parla branche cadette des Trastamare montée, depuis 1412, sur le trône d'Aragon.

Mais, après des vicissitudesdiverses, Alvaro de Luna est abandonné par Jean II et décapité en 1453.

L'anarchie atteint, sous Henri IVl'Impuissant (14541474), des proportions à peine croyables.

Les nobles se refusent à admettre que la reine eut étégrosse des œuvres du roi lorsque, en 1462, elle a mis au monde une fille, Jeanne dite la Beltraneja (du nom de sonpère supposé, Beltran de la Cueva).

Non sans tergiversations, le roi luimême entérine ces imputations peu flatteusesen reconnaissant pour héritier son frère Alphonse, puis, à la mort de celuici, sa sœur Isabelle.

Face aux partisans dela Beltraneja soutenus par le Portugal, Isabelle la Catholique n'imposera définitivement son autorité qu'après uneâpre guerre de succession (14741479).. »

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