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La pensée est-elle réductible au langage ?

Publié le 02/02/2004

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Il y a donc interaction entre la pensée et le langage.  Ces deux fonctions sont solidaires. Pour construire des outils permettent de décupler cette force. De même, il existe une pensée prélinguistique, mais une fois le langage constitué, la pensée devient plus forte, plus logique.            2) Une pensée sans langage ?   On ne voit pas ce que peut être une pensée sans langage puisque ce que l'on nomme « penser » consiste en une sorte de parole silencieuse que l'on s'adresse soi-même à soi-même, puisque la pensée ne se présente jamais autrement que comme « un dialogue intérieur de l'âme avec elle-même » (Platon in « Cratyle »). La pensée n'est donc rien d'autre qu'un langage intérieur, s'exerçant avec des mots bien que ceux-ci ne soient pas extérieurement prononcés. De plus les idées générales sont impossibles sans le langage. En effet, comme l'affirme Rousseau, « toute idée est purement intellectuelle ». Une idée ne peut être vraiment générale que si elle « s'abstrait » des conditions toujours particulières de l'imagination : « Pour peu que l'imagination s'en mêle, l'idée devient aussitôt particulière.
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« «Les idées générales ne peuvent s'introduire dans l'esprit qu'à l'aide des mots, et l'entendementne les saisit que par des propositions.

c'est une des raisons pour quoi les animaux ne sauraientse former de telles idées, ni jamais acquérir la perfectibilité qui en dépend [...] Toute idéegénérale est purement intellectuelle; pour peu que l'imagination s'en mêle, l'idée devientaussitôt particulière.

Essayez de vous tracer l'image d'un arbre en général, jamais vous n'enviendrez à bout, malgré vous il faudra le voir petit ou grand, rare ou touffu, clair ou foncé, et s'ildépendait de vous de n'y voir que ce qui se trouve en tout arbre, cette image ne ressembleraitplus à un arbre.

Les êtres purement abstraits se voient de même, ou ne se conçoivent que par lediscours.

La définition seule du triangle vous en donne la véritable idée: sitôt que vous enfigurez un dans votre esprit, c'est un tel triangle et non pas un autre, et vous ne pouvez éviterd'en rendre les lignes sensibles ou le plan coloré.

Il faut donc énoncer des propositions, il fautdonc parler pour avoir des idées générales; car sitôt que l'imagination s'arrête, l'esprit nemarche plus qu'à l'aide du discours.» Rousseau . Ce texte établit ce qu'on pourrait appeler le nominalisme de Rousseau , en ce qu'il établit que le langage est la condition des idées générales.

Il s'inscritdans le cadre de la recherche que mène le second « Discours » sur l'origine des langues et ses « embarras » : est-ce pour parler que nous avons des idées, ou est-ce pour avoir des idées que nous parlons ? Ce texte rassembledes arguments en faveur de cette seconde hypothèse, contribuant ainsi auparadoxe de l'analyse de l'origine du langage dans le « Second Discours » : « la parole paraît avoir été fort nécessaire pour établir l'usage de la parole ». Le premier argument est celui de l'animal : en reprenant l'idée classique selon laquelle le langage constitue la lignede partage entre l'humanité (qui se caractérise chez lui par le principe de « perfectibilité ») et animalité, Rousseau fait de l'absence de l'idée générale chez l'animal un critère qui, par induction, détermine le langage humain commecondition d'apparition de ces idées : et en écho Bergson dira que chez l'animal l'idée générale est seulement « jouée ». Le second argument, sur lequel repose l'essentiel de la démonstration, porte sur le rôle de l'imagination.

Celle-cis'oppose au langage, en tant qu'elle bute sur le particulier, le singulier.

Les deux exemples du texte viennentl'établir : on ne peut imaginer que tel arbre touffu, ou que tel triangle particulier (et bien souvent, les triangles quenous dessinons sont isocèles ou rectangles, alors même que nous voulions dessiner un triangle quelconque).

Selon lathèse de Rousseau , il n'y a d'abord que des perceptions singulières et différenciées.

Cette singularité est la limite de l'image, comme l'établissait la « Sixième Méditation » de Descartes : j'ai une idée claire du chiliogone, mais je ne peux m'en former d'image.

C'est alors le langage qui prend littéralement le relais (« lorsque l'imagination s'arrête... ») : ce dont il n'y a pas d'image ne peut plus être qu'un être de discours.

Le chiliogone ne relève pas du réel, et il ne peut être présent dans l'esprit qu'en tant que mot puisque nous n'en pouvons former d'image : c'est làle nominalisme de Rousseau . En fin la pensée n'existe que par son extériorisation dans le langage.

Nous n'avons de pensées réelles quelorsque nous les réalisons dans les mots.

Vouloir saisir sa pensée sans le langage revient à vouloir « montrer sur ses propres épaules ».

La pensée ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot.

Pour Hegel le mot « donne à la pensée son existence la plus haute & la plus vraie ». • Ce qui caractérise la pensée humaine, c'est-à-dire la conscience, la réflexion, l'imagination, le maniement desabstractions, dépend de l'acquisition du langage.

Par ailleurs, il n'y a pas de pensée consciente en dehors dulangage.

Que je pense à un bord de mer, que je ne trouve pas le mot qui exprime ce que je cherche à dire, j'enreviens toujours à lui.

A tout contenu de conscience s'attache un élément verbal. • Le peintre, le professeur de mathématiques sont bien obligés, eux aussi, d'avoir recours au langage pour expliquerle sens de telle toile, la signification de tel symbole mathématique. • Si la pensée, en sa totalité excède bien le langage, la pensée consciente, quant à elle, n'existe que grâce aulangage.. »

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