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Qu'est-ce que penser avec rigueur ?

Publié le 04/02/2004

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Penser sans rigueur semble être un grave défaut : on risque de dire n'importe quoi, et de se voir reprocher de ne pas savoir réfléchir. Mais cette « rigueur « souhaitable – en admettant qu'on puisse en donner une définition simple – peut-elle intervenir uniformément dans tous les domaines de la pensée ? Il s'agirait de repérer des critères applicables à tous les domaines de la pensée (des mathématiques à la métaphysique, en passant par la vie quotidienne). Mais suffit-il de penser avec rigueur pour être assuré que l'on pense « bien « – si l'on donne à ce terme son acception morale ?

- Il ne s'agit pas seulement de raisonner avec rigueur (comme on peut le faire en mathématiques) : il s'agit de « penser «, verbe à prendre au sens large. - Dans ces conditions, la pensée la plus ambitieuse est sans doute la métaphysique : comment penser avec rigueur dans ce domaine - sur quel philosophe peut-on prendre appui ? - Mathématiques et métaphysique sont indifférentes au « réel « : comment aborder ce dernier en pensant avec rigueur ?

« [III.

Rigueur et pensée] C'est en considérant les progrès de la connaissance expérimentale que Kant entreprend de reconstruire lamétaphysique comme une science rigoureuse.

Le risque que la métaphysique, devenue un « champ de ruines », faiten effet courir à la pensée, c'est que, ne s'appuyant sur aucun garde-fou empirique, le discours y peut affirmern'importe quoi.

Les concepts métaphysiques (Dieu, l'âme, la liberté) étant des idées pures ou a priori, on ne peutmener à leur propos ni démonstration, ni connaissance au sens strict.

Il faut alors en « postuler » l'existence :affirmer cette dernière par des propositions indémontrables mais nécessaires à la cohérence de la pensée (enparticulier morale), exactement comme on le fait en mathématiques.

Un postulat métaphysique, ou « de la raisonpratique », n'est donc pas une affirmation arbitraire : il est lié à un autre aspect du système philosophique etrenforce la rigueur de l'ensemble du système.Penser avec rigueur, en philosophie, c'est en effet s'efforcer de garantir la cohérence logique d'un système.

Et toutsystème – c'est la leçon de l'Éthique de Spinoza comme de celle de Kant – dépend de quelques postulats initiaux, qui demeurent en général implicites.

C'est à partir de ces propositionspremières (indémontrables) qu'un philosophe construit sa pensée en opérantses analyses et déductions.

Baruch Spinoza (1632-1677), lecteur etcommentateur critique de Descartes, est lui aussi un représentant durationalisme du XVIIe siècle.

Dans son grand livre L'Éthique (1675), il adopte«la méthode des géomètres» (more geometrico) pour exposer ses idées:comme un mathématicien il pose donc des définitions, d'où il déduit despropositions qu'il démontre à chaque fois à partir de ce qu'il a déjà établiauparavant.La rigueur ainsi acquise suffit-elle pour que toute pensée ainsi constituéemérite d'être respectée ? On se heurte ici à une nouvelle difficulté, qui vientde la nécessité d'introduire d'autres critères que les seuls critères logiquespour en juger.

Ces critères doivent être d'ordre moral ou éthique : il est clairqu'une pensée peut être parfaitement logique tout en se déduisant deprincipes inacceptables – le nazisme constituant ici une preuve amplementsuffisante.

Un système s'initiant dans des postulats totalement pervers nepeut ensuite devenir acceptable, sous prétexte qu'il serait rigoureusementpensé. [Conclusion] « Penser avec rigueur » constitue sans doute une qualité, mais celle-ci n'est pas suffisante pour que toute penséerigoureusement construite soit automatiquement admissible.

Après tout, il existe aussi des délires rigoureux, et l'onn'admet pas qu'ils soient pour si peu universalisables.

Il faut donc tenir également compte d'une tout autre « rigueur» – qui est celle de la morale –, si l'on veut que la pensée rigoureuse soit reconnue comme bonne de tous les pointsde vue.. »

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