Devoir de Philosophie

Penser par soi-même est-il un devoir ou une illusion ?

Publié le 05/12/2005

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Or, il y a des pensées que nous ne contrôlons pas comme en témoignent les lapsus. Des pensées inconscientes surgissent dans la conscience indépendamment de notre volonté consciente. Penser par soi-même est à plus d'un titre un exercice difficile. Descartes, qui offre une position hégémonique au « je pense », ne le dément pas. C'est pour lui un long chemin, avec une méthode à suivre :  le doute.   III-             Penser par soi-même : une conquête               Comme en témoignent Le Discours de la méthode et Les Méditations métaphysiques de Descartes, penser par soi-même est un cheminement, une conquête et non un acquis. La démarche cartésienne est de rechercher la vérité. Pour cela, il dit devoir se débarrasser de tous les préjugés qu'on lui a inculqués depuis son enfance. Ainsi, dans ses Principes de philosophie, il énonce : « Comme nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité ». Pour se débarrasser de ces mauvais jugements, Descartes suggère la méthode du doute.

Penser par soi-même : devoir ou illusion ? C’est une question dont il faut mesurer la réponse dans la mesure où son enjeu est la liberté. La pensée consciente est le propre de l’espèce humaine. Aussi, d’emblée serait-on tentés d’affirmer que c’est le devoir de l’homme que de penser par lui-même, car c’est sa dignité et son humanité qui sont en jeu. Or, il semble y avoir un décalage entre ce qui est en droit et ce qui en fait : Si l’homme aspire en droit à être libre en pensant par lui-même, s’en donne-t-il les moyens en fait ? Penser par soi-même est un devoir, il en va de notre qualité d’hommes libres, c’est un devoir moral. Pourtant, le fait de penser par soi-même peut apparaître comme illusoire : nous nous attribuons à dessein ou non des pensées qui ne sont pas les nôtres, notre pensée est déterminée par des causes que nous ne maîtrisons pas. Cela Descartes s’en rend compte. Aussi, tente-t-il d’éradiquer cette illusion. Avec lui, penser par soi-même apparaît comme une véritable conquête.

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« de son entendement sans la direction d'autrui ».Or cet état peut se rencontrer à tout âge et il ne provient pas de l'incapacité où sont les hommes de juger par eux-mêmes et de comprendre (« entendre »), mais par manque de courage de se servir de cette faculté, sans ladirection d'autrui.« Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! », voilà quelle est la devise des Lumières.

Kant sedemande toutefois pour quelles raisons les « mineurs », au sens ainsi défini, sont si enclins à céder à la paresse et àla lâcheté de ne pas se servir de leur entendement, et « restent volontiers, leur vie durant, mineurs ».

Y trouvent-ils un plaisir ? Pourquoi aiment-ils tant confier la direction de leur vie et de leurs pensées à ceux qui se posent enmaîtres à penser et que Kant appelle les « tuteurs » ?La réponse donnée tient en ces mots : « Il est si aisé d'être mineur!» Conduits par la main, comme des enfants, les« mineurs » se plaisent à rester dans cette situation où ils récusent toute responsabilité et tout risque, ce qui leurpermet de se décharger de la peine de penser : « je n'ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer ; d'autresse chargeront bien de ce travail ennuyeux.

» ¦ Ce à quoi s'oppose cet extrait: Ce texte s'oppose à la fois à tous ceux qui cherchent à jouer ce rôle de tuteurs, et à tous ceux qui refusentd'utiliser leur propre jugement pour la conduite de leur vie.Les tuteurs modernes, à l'égal des sophistes de l'Antiquité qui faisaient payer leurs leçons et se faisaientpompeusement appeler « professeurs de sagesse », renforcent cette dépendance des mineurs par la peur qu'ilsentretiennent chez eux.

Prophètes de malheur, ils présentent la vie autonome comme dangereuse sans un guiderassurant, et les traitent comme du « bétail » qu'un berger aurait en charge de mener.Ce dernier terme (« bétail ») est plus qu'une comparaison.

Il signale, à sa manière, que les hommes demeurésmineurs ne sont pas parvenus à leur véritable humanité, laquelle ne peut s'épanouir pleinement que dans et parl'usage autonome de sa propre raison.

Mais qu'on ne s'y trompe pas : il y a dans cette dépendance, Kant lesouligne, à la fois la complaisance des mineurs et l'avidité des tuteurs, attirés par le pouvoir facile qu'ils peuventexercer sur une âme qui ne demande que cela.On ne peut s'empêcher, il est vrai, en lisant ces lignes, de penser à ceux de nos modernes tuteurs, qui offrentpresque la caricature de ce que décrit Kant ici, tant le pouvoir qu'ils exercent sur les consciences est grand et sanspartage : ce sont ceux que l'on appelle les « gourous » et qui dirigent ces fameuses sectes où les hommess'abandonnent à cette dépendance qui fait leur minorité.Or le danger, celui d'assumer sa propre liberté par l'exercice de son entendement, n'est pas si grand.

À force dechutes et d'erreurs, on apprend à marcher et à affronter l'existence, enfin débarrassés de la dépendance douillettemais stérile de l'enfance.

¦ II- Penser par soi-même : une illusion Certes, en disant je, l'homme s'affirme en tant que sujet pensant et s'approprie une pensée.

Or, nous disons tous je.

Dans le je réside une illusion fondamentale.

Dire je est paradoxal, c'est à la fois s'affirmer comme êtresingulier et à la fois se fondre dans l'universalité d'une convention linguistique.

Le je est une illusion dans la mesureoù il est une tromperie tenace qui ne s'estompe pas malgré le fait de savoir qu'il est commun à tous (pas danstoutes les langues, car certaines ne possèdent pas un tel pronom personnel).Au-delà de la grammaire, peut-on véritablement s'attribuer une pensée ? Il semble que le fait de penser par soi-même rencontre deux obstacles majeurs : autrui (la société) et soi-même.

Autrui peut constituer un obstacle au faitde penser par soi-même dans la mesure où lorsqu'un homme naît, il arrive dans une culture qui est déjà faite, avecun certain nombre de savoirs acquis, de coutumes, etc.

Inéluctablement, ceci conditionne la pensée de l'enfant etaura des impacts sur sa façon de penser future.

De plus, nous avons dit que penser par soi-même, c'était fairel'usage de son libre-arbitre.

Or, pour un philosophe comme Spinoza, il n'y a pas de libre-arbitre mais seulement des volitions nécessaires et déterminées.

Dans l' Ethique , il énonce : « Il n'y a dans l'âme aucune volonté absolue ou libre, mais l'âme est déterminée àvouloir ceci ou cela par une autre, et cette autre l'est à son tour par uneautre, et ainsi à l'infini ».

L'homme n'est donc pas cause première de sapensée.Enfin, nous pouvons nous-même être un obstacle à la liberté de notrepensée.

Penser par soi-même, c'est penser de façon consciente.

Or, laconscience n'est qu'une petite partie de la vie psychique.

Nous avonségalement des pensées subconscientes et inconscientes, si l'on se réfère à latopique freudienne.

Penser par soi-même est un exercice difficile car ilsuppose une maîtrise des pensées.

Or, il y a des pensées que nous necontrôlons pas comme en témoignent les lapsus.

Des pensées inconscientessurgissent dans la conscience indépendamment de notre volonté consciente.Penser par soi-même est à plus d'un titre un exercice difficile.

Descartes, quioffre une position hégémonique au « je pense », ne le dément pas.

C'est pourlui un long chemin, avec une méthode à suivre : le doute.. »

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