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Que pensez-vous de cette affirmation de Nietzsche : « On n'aime jamais en définitive que ses penchants, et non ce vers quoi l'on penche. » ?

Publié le 08/01/2004

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nietzsche

Les instincts doivent être libérés pour être spiritualisés : « L'homme supérieur serait celui qui aurait la plus grande multiplicité d'instincts, aussi intenses qu'on peut les tolérer. En effet, où la plante humaine se montre vigoureuse, on trouve les instincts puissamment en lutte les uns contre les autres... mais dominés. « Ce surhomme parvient à la connaissance véridique de l'humanité, qui est la connaissance « tragique « qui a été décrite précédemment. Il se réalise dans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fiction connue comme telle, ou celle de la connaissance intellectuelle. Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il est celui qui adhère à la doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance. Sans doute, on peut se complaire en soi, c'est-à-dire prendre plaisir à se contempler et jouir de ses états; on peut, en particulier, se complaire dans ses penchants, et, dans ce sens, aimer ses penchants. Ainsi dans le malheur il nous arrive, tout en étant vraiment malheureux, de savourer la subtile jouissance que procure le sentiment d'éprouver une peine que nous jugeons noble ou même simplement humaine. On explique ainsi l'attrait paradoxal que nous éprouvons pour les tragédies ou les romans héroïques qui parfois nous étreignent d'angoisse jusqu'aux larmes. Il se passe quelque chose d'analogue lorsque nous sentons au coeur cette flamme secrète qu'y allume l'amitié ou l'amour : nous sommes content de nous-même et nous aimons ce penchant pour l'impression qu'il nous donne de vivre davantage et d'être plus humain.

nietzsche

« précédemment.

Il se réalise dans les seules issues que Nietzsche a réservées : celle de l'art, qui est une fictionconnue comme telle, ou celle de la connaissance intellectuelle.

Il réalise ainsi le sens de l'humanité même, car il estcelui qui adhère à la doctrine de l'Éternel Retour et qui donc est le sommet de la volonté de puissance. Sans doute, on peut se complaire en soi, c'est-à-dire prendre plaisir à se contempler et jouir de ses états; on peut,en particulier, se complaire dans ses penchants, et, dans ce sens, aimer ses penchants.

Ainsi dans le malheur ilnous arrive, tout en étant vraiment malheureux, de savourer la subtile jouissance que procure le sentimentd'éprouver une peine que nous jugeons noble ou même simplement humaine.

On explique ainsi l'attrait paradoxal quenous éprouvons pour les tragédies ou les romans héroïques qui parfois nous étreignent d'angoisse jusqu'aux larmes.Il se passe quelque chose d'analogue lorsque nous sentons au coeur cette flamme secrète qu'y allume l'amitié oul'amour : nous sommes content de nous-même et nous aimons ce penchant pour l'impression qu'il nous donne devivre davantage et d'être plus humain.Mais cette complaisance en soi-même suppose un dédoublement qui, exigeant une assez grande culture, estrelativement rare.

Ensuite, du fait de ce dédoublement, notre amour, qui semble s'être détaché de l'objet, en atrouvé un autre, qui, pour être mental, n'en est pas moins réel : le « moi », c'est-à-dire la représentation que nousnous faisons de nous-même.

Voilà l'être imaginaire auquel s'adresse notre amour quand nous sommes heureuxd'aimer.

Nos penchants vont toujours vers quelque chose : nous n'aimons pas nos penchants.D'ailleurs, aimer ses penchants, ce serait aimer aimer, ou pencher à pencher, expressions qui, du moins à premièrevue, ne présentent pas grand sens.

Il est sans doute dans les Confessions de saint AUGUSTIN un passage célèbre,dans lequel l'évêque d'Hippone, racontant la naissance des passions qui troublèrent sa jeunesse, analyse ainsi sonétat d'âme : « Je n'aimais pas encore, et je me délectais à l'idée d'aimer.

Assoiffé d'amour jusqu'à l'intime de moi-même, je m'en voulais de ne l'être pas encore assez.

Je cherchais un objet de mon amour, j'aimais à aimer.

»Voilà des notations dont on ne peut méconnaître la justesse.

Mais, il est facile de le voir, cet amour de l'amour estun désir exacerbé de trouver quelqu'un à aimer : c'est vers cet objet encore inconnu, et qui laisse d'autant plus librele champ à l'imagination, que tendent les puissances affectives du jeune AUGUSTIN.Enfin, s'il est des penchants que nous désirons conserver, il en est d'autres que nous serions heureux de voirdisparaître et dont il serait vrai de dire que nous ne les aimons pas ou même que nous les détestons.

Le fumeur aimefumer; mais, par ces temps de restrictions, il regrette d'avoir, au temps de sa jeunesse, sottement contracté cettehabitude et de s'être fait un besoin si factice : son besoin et son penchant, il déplore de les ressentir : c'est l'objetde son penchant qui l'attire.

De même, un amoureux qui doit reconnaître son impuissance à se faire agréer n'aimepas l'inclination enracinée dans son coeur, et il rêve de ne plus aimer; mais l'image de celle qu'il adore revientconstamment à son esprit et l'empêche de se libérer : c'est bien l'objet qu'il aime, et non pas son besoin insatisfait.Il semble donc bien vrai de dire qu'on n'aime pas ses penchants; on n'aime que les objets vers lesquels on penche.. »

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