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Pensez-vous que les contraintes formelles puissent être pour le poète un obstacle à une expression libre et originale ?

Publié le 06/03/2011

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Le sonnet a traversé les siècles, et a été très présent dans la poésie. On le constate avec des grands poètes tels que Pétrarque, l’école lyonnaise, les poètes de la Pléiade : Ronsard, Du Bellay, ou encore Pontus de Tyard. Les règles du sonnet sont très strictes. Mais  ces contraintes imposées, empêchent-elles la création littéraire ? En s’appuyant sur les textes du corpus, on peut voir que les contraintes favorisent la création, mais qu’elles peuvent également former un obstacle face à une expression libre et originale.

« QUESTION D'ENSEMBLE Analyser les différents traitements réservés à la forme du sonnet dans ce corpus et l'effetproduit lorsque ses « rigoureuses lois » ne sont pas respectées. Les textes du corpus que nous allons étudier sont tous des sonnets.

On distingue un extrait de l'œuvre de Joachim du Bellay, Les Regrets , Les Amours jaunes de Tristan Corbière, Le Sanglot de la terre de Jules Laforgue, et enfin Sonnets dénaturés , de Blaise Cendrars, chacun datant de trois siècles différents.

Il est intéressant de ce fait d'analyser le règles dictées au sonnet,ainsi que l'effet crée lorsque ces lois sont méprisées. Dans les sonnets de Du Bellay, Corbière et Laforgue, les règles du sonnet sont respectées. En effet, ils emploient l'alexandrin, et leur sonnet ne contiennent pas de vers impairs.

Ils sontégalement constitués de deux quatrains suivis de deux tercets.

Dans chaque groupe de quatrains,on retrouve deux rimes identiques.

Exemple du sonnet de Du Bellay, qui emploie une première rimeavec « Fortune », « commune », et une seconde avec « adversité », « immortalité ».

Ces sonnetspossèdent un ton lyrique, et veulent tous aboutir à une réelleesthétique.

Ddddddd Du Bellay respecte scrupuleusement les contraintes ci-dessus évoquées, si l'on exclut la répétition du mot"Fortune".

Le ton lyrique: "las, mille maux et regrets qui m'ennuient, les Muses de moi, commeétranges s'enfuient", met en valeur les regrets du poète de se trouver vide d'inspiration.

Ensomme, ce poème constitue l'exemple du sonnet "parfait".

Dans Le Sanglot de la Terre , la forme est là encore respectée : alexandrins, deux quatrains, deux tercets, reprise de la rime.

On peutparler d'un ton lyrique même si l'on remarque une pointe de dérision, le poète n'évoquant que sonattachement à la cigarette. Du Bellay, Laforgue et Corbière, ont tous trois respecté les règles du sonnet.

Mais dans ceux deCorbière et de Cendrars, un réel effet est crée, lorsque ceux-ci méprisent ces règles, ou lesparodient. Corbière va lui parodier la forme du sonnet.

Tout en se moquant, Corbière reprend les contraintes.

Il en respecte apparemment les règles, sauf par l'usage de vers impairs : 8, 9,11,12.Cependant, on ne peut pas parler de ton lyrique, ni élégiaque, ni de réelle esthétique.

La formeest là, mais pas le fond.

Corbière dénature volontairement les grands thèmes de la poésieclassique: "le railway du Pinde, exemple ; chloroforme, télégramme sacré, ô Muse d'Archimède, lapreuve d'un sonnet est par l'addition".

Le registre de langue est peu soutenu : "ça peut dormirdebout, ô délire".

L'emploi de chiffres est également très original, et rapporte ce sonnet auxmathématiques.

Corbière s'amuse donc ici à parodier cette forme un peu figée qu'est lesonnet.

CCCCCC Chez Cendrars, on constate tout de suite que les contraintes formelles ne sont pas du tout respectées, jusque dans la typographie.

Il n'y a plus de quatrains, plus de tercets, maisune juxtaposition de vers irréguliers.

Il n'y a également aucunes rimes.

Le lecteur est d'embléesurpris (même s'il avait été prévenu par le titre du recueil : "Sonnets dénaturés") par lesfantaisies typographiques : des italiques "les belles lettres", des caractères gras "les affichesse fichent", "les billets de faveur", des lettres à l'envers "xuellirép tuas" pour "sautpérilleux", liaison de deux vers par une accolade.

On peut dire que la forme est ici totalementcontrariée. Ainsi, les règles caractéristiques du sonnet sont le plus souvent respectées.

Mais lorsque celle-ci sont méprisées par l'auteur, le lecteur est sensible à l'humour et à l'audace de cetteécriture, qui bouscule les lois établies.. »

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