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La perception est-elle réductible à une somme de sensations ? (Pistes de réflexion seulement)

Publié le 26/03/2004

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perception
La perception de l'objet est donc « une opération de l'entendement, dont les sens fournissent seulement la matière. » Bref, « l'objet est pensé et non pas senti ». Alain prolonge les analyses de Descartes (la perception est une « inspection de l'esprit ») et de Kant (l'entendement, qui est le pouvoir de juger, relie les sensations par ses catégories ). Par son intellectualisme (primat du jugement sur la sensation), Descartes s'oppose à l'empirisme (toutes nos idées et nos connaissances dérivent de la sensation). 3. Percevoir, c'est unifier. La perception n'est pas d'une somme de sensationsC'est un lieu commun de dire que nous avons cinq sens et, à première vue, chacun d'eux est comme un monde sans communication avec les autres. La lumière ou les couleurs qui agissent sur l'oeil n'agissent pas sur les oreilles ni sur le toucher. Et cependant on sait depuis longtemps que certains aveugles arrivent à se représenter les couleurs qu'ils ne voient pas par le moyen des sons qu'ils entendent. Par exemple un aveugle disait que le rouge devait être quelque chose comme un coup de trompette.
perception

« C'est un lieu commun de dire que nous avons cinq sens et, à première vue,chacun d'eux est comme un monde sans communication avec les autres.

Lalumière ou les couleurs qui agissent sur l'oeil n'agissent pas sur les oreilles nisur le toucher.

Et cependant on sait depuis longtemps que certains aveuglesarrivent à se représenter les couleurs qu'ils ne voient pas par le moyen dessons qu'ils entendent.

Par exemple un aveugle disait que le rouge devait êtrequelque chose comme un coup de trompette.

Mais on a longtemps pensé qu'ils'agissait là de phénomènes exceptionnels.

En réalité le phénomène estgénéral.

Dans l'intoxication par la mescaline', les sons sont régulièrementaccompagnés par des taches de couleur dont la nuance, la forme et lahauteur varient avec le timbre, l'intensité et la hauteur des sons.

Même lessujets normaux parlent de couleurs chaudes, froides, criardes ou dures, desons clairs, aigus, éclatants, rugueux ou moelleux, de bruits mous, de parfumspénétrants.

Cézanne disait qu'on voit le velouté, la dureté, la mollesse, etmême l'odeur des objets.

Ma perception n'est donc pas une somme dedonnées visuelles, tactiles, auditives, je perçois d'une manière indivise avecmon être total, je saisis une structure unique de la chose, une unique manièred'exister qui parle à la fois à tous mes sens.

MERLEAU-PONTY 1.

mescaline : substance provoquant des troubles hallucinatoires. QUESTIONS 1.

a.

Quelle est la conception de la perception réfutée par Merleau-Ponty dans ce texte et quelle thèse soutient-il ?b.

Quels sont ses arguments ?2.

a.

Expliquez : « chacun [des cinq sens] est comme un monde sans communication avec les autres.

»b.

En vous appuyant sur les exemples dans le texte, expliquez : « une unique manière d'exister qui parle à la fois àtous mes sens.

»3.

Ma perception est-elle une somme de sensations ? Mots clés • lieu commun : banalité, cliché.• communication : « vient du latin communicatio qui signifie « relations, commerce » et communicare, « mettre encommun ».Communiquer, c'est établir une relation avec quelqu'un ou avec quelque chose.

C'est donc échanger des signes.C'est pourquoi communication et information sont étroitement liées.• se représenter quelque chose : former dans son esprit l'image d'une réalité absente, la concevoir, l'imaginer, se lafigurer.• perception : vient du latin perceptio, « action de recueillir ».

En psychologie, c'est l'acte par lequel l'espritorganise ses sensations et reconnaît un objet extérieur.

C'est aussi le résultat de cet acte.• indivise : qui ne peut pas être divisé, partagé.• structure : construction, composition, forme. Idée directrice Merleau-Ponty pose ici le problème de la perception : contrairement à une idée répandue, la perception n'est pas «une somme de données » mais une activité synthétique.

La dernière phrase du texte vous indique clairement laposition de ce philosophe. Structure du texte Nous pouvons distinguer trois parties dans ce texte :• « C'est un lieu commun [...] sur le toucher ».

Merleau-Ponty constate un lieu commun : nos cinq sens semblentvivre indépendamment les uns des autres, sans échanger d'informations.• « Et cependant [...] l'odeur des objets ».

Merleau-Ponty remet en question ce lieu commun par le moyend'exemples pertinents qui ne touchent pas seulement des cas pathologiques, comme l'aveugle, mais touchentn'importe qui d'entre nous : tous nos sens communiquent entre eux.• Ma perception [...] tous mes sens ».

Merleau-Ponty affirme ainsi sa thèse, conséquence de l'analyse qu'il vient defaire.

Ma perception est une synthèse et non une juxtaposition des cinq sens. QUESTION 1 Merleau-Ponty est un phénoménologue, c'est-à-dire un philosophe du vécu qui veut décrire concrètement le mondeet « revenir aux choses mêmes ».

Dans ce texte, il réfute la thèse selon laquelle nos sens sont séparés les uns desautres, cloisonnés.

La perception n'est pas une « somme de données », une addition de sensations, mais aucontraire, tous nos sens sont en interrelation, en corrélation entre eux.

Percevoir, c'est synthétiser tous ceséchanges et ainsi rendre compte de l'unité du moi, du sujet pensant.

« Le monde est inséparable du sujet [...], et lesujet est inséparable d'un monde qu'il projette lui-même », écrit-il dans la Phénoménologie de la perception (3e. »

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