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Qu'est-ce que perdre son temps ?

Publié le 12/01/2004

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L'indisponibilité du passé. L'irréversibilité de la flèche du temps aboutit à une perte ontologique. La perte est l'indisponibilité des événements passés. Ceux-ci sont anéantis, mais ne sont pas des purs inexistants puisqu'ils ont été. Paradoxe : le sujet vit la temporalité sur le mode de l'avoir « prendre du temps à quelqu'un » dans les registres économiques, financiers, commerciaux alors que le temps est un universel englobant. Solution : on ne perd pas son temps, mais le réel évoluant dans un temps donné, c'est-à-dire un segment de vie.Sous le sentiment de l'avoir et de la perte, l'idée que le moi est aussi soumis à l'irréversibilité : je ne serai plus jamais celui que j'ai été. Ce qui est perdu est donc l'être lui-même comme évolution historique indisponible à la perception, à l'action, à la modification en tant qu'être. b) Cette irréversibilité est inséparable de l'évolution irréversible du vivant : naissance, croissance, vieillissement et mort. Le temps est perçu et pensé à travers ces stades biologiques.
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« II - Le point de vue éthique : le temps dévalorisé. a) Le temps perdu se définit comme désubstantialisation et dévalorisation de la durée.

Le sujet n'adhère plus auréel, ni par ses intérêts, ni par son amour ou sa passion.

C'est un temps rempli par une nécessité mécanique séparéedes valeurs authentiques : l'être a été neutralisé à l'intérieur de la temporalité elle-même. b) Le temps perdu est un instantané sans liaison avec un passé et un avenir.

Atome temporel réduit à lui-même, ilsombre dans le passé sans signification véritable par opposition au temps cohérent et lié d'une vie s'enrichissant deses moments passés et fructifiant pour l'avenir. c) Perdre son temps est ainsi lié à l'échec et à l'illusion des attentes dans l'action.

Mauvaise représentation du réel,l'action s'illusionne sur sa valeur réelle et ne recouvre que l'inutile.

La conscience réflexive subit alors l'idéalisation deses propres actes (Cervantès) ou de ses propres buts.

A l'horizon se profile donc l'absurde, symbolisé par le cercleou la répétition des travaux de Sisyphe ou des Danaïdes.

Le temps perdu est alors perte du sens authentique de ladurée. d) Les temps inauthentiques:• Les temporalités remplies par des activités stériles : temps du travail, temps de la nécessité biologique, temps del'urgence matérielle n'ayant pas de lien direct avec la perfectibilité spirituelle.

Exemple, la déconsidération du travailchez les grecs.• Le temps passionnel qui déconstruit la limpidité des perceptions. III - Synthèse : posséder son temps Entre la réalité ontologique et la réalité éthique, la conscience est tenue d'agir et d'être vigilante.

Posséder sontemps peut être entendu en trois sens positifsa) Maîtriser son temps sans être voué à la passivité de l'observateur mené comme un vaisseau sans gouvernail(Sénèque). b) Disposer d'un juste usage de sa mémoire, donc ni stérilisant, ni idéalisant, ni dramatisant du passé (Épicure). c) Approfondir sa qualité d'attention au présent pour la rendre accessible au vrai, au bien et au beau (Simone Weil). Conclusion L'irréversibilité ontologique n'est que relative car le souvenir se réactualise sans cesse dans l'existence (Bergson :Matière et Mémoire) et s'intègre à une totalité signifiante : totalité existentielle ou historique selon une idéedirectrice (Kant : Opuscules sur l'Histoire).

Perdre son temps, c'est consentir à l'inutile et à l'immédiateté, voire à ladistraction la plus désabusée sur les possibilités de l'avenir, c'est donc avant tout une responsabilité.

Cela étant,gardons nous d'évaluer la perte de temps aux critères conventionnels et contingents du succès social ouéconomique.

Interrogeons plutôt sans relâche l'authenticité de nos valeurs apparentes pour parfaire notre durée.. »

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