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Personnage de de Gaulle, Mémoires de guerre

Publié le 23/04/2011

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Tout au long des Mémoires de guerre, de Gaulle se présente comme le chef nécessaire à la France dans cette période difficile de conflit mondial puis de redressement national.    Militaire promu général avant d'être homme d'état, de Gaulle est un chef combattant. En ce qui concerne la guerre, la visée du général est double: d'une part il veut la victoire des Alliés contre l'Axe, d'autre part il veut que la France soit sur le terrain, associée à cette victoire militaire. Il est donc ce chef militaire dont la mission est de mener son pays à la victoire sans se laisser influencer par le sentiment populaire que la libération de Paris correspond au terme de la guerre, ni se laisser évincer par les Trois dont l'ambition personnelle ou l'acrimonie contre la capitulation français de 1940 l'emportent sur le respect d'un pays ami.

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« Le général de Gaulle se présente donc comme un chef occupant trois fonctions majeures: combattre l'ennemi,rassembler le peuple et diriger l'Etat. Toutefois, pour de Gaulle, se représenter comme ne semble pas être suffisant.

Il veut être le seul capable de sauverla France, le héros de sa "madone", de sa "princesse des contes", l'homme de la situation dévouée corps et âme àsa mission.

Pour cela, il met en avant ses capacités, capacité à évaluer une situation, ses risques, capacité à saisirl'instant propice pour agir.

Il s'attribue des qualités proches de la métis d'Ulysse, se campant ainsi en hérosd'épopée.

De Gaulle a d'ailleurs la solitude du roi d'Ithaque en mer: il observe la situation, prend une décision sansdemander conseil.

Ce caractère efficace est mis en relief par la construction interne des chapitres.

On peut prendrepour exemple le premier chapitre: Analyse de l'état de le France, mise en place d'un nouveau gouvernement, puis lerésultat " La France en guerre se retrouve chez elle.

Il s'agit maintenant qu'elle réapparaisse dehors" p.55.

Il seprésente comme un homme capable de saisir chaque nuance, de jauger une assemblée là où un autre n'aurait"écouter que les vivats".

Cette caractéristique est évoquée à la page 15: " j'aurais pu me croire reporté auxassemblées unanimes(...) Pourtant, je ne sais quelle tonalité différente, une sorte de dosage des applaudissements,les signes et les coups d'oeil échangés(...) m'avaient fait sentir que les "politiciens", qu'ils fussent anciens ounouveaux, nuançaient leur approbation".

Il est parfaitement réaliste puisqu'il ne peut se "bercer d'illusions".

Rien nesemble pouvoir le surprendre, pas même "l'incident fâcheux", l'échec de Churchill aux élections, l'opposition despartis... De Gaulle se veut l'homme d'une seule mission: le Salut de la France, et il fait preuve d'une abnégation totale.

Ilplace cette mission au dessus de tout, de sa propre personne.

Il se présente comme un homme dépourvu d'ambitionpersonnelle mais décrit volontiers les autres comme obéissant à la loi des "égoïsmes sacrés".

Ce qui ressort de ceportrait, c'est l'évidence éclatante que nul homme n'est plus apte que lui à "tenir les rênes", à sortir la France duchaos et à la guider vers la lumière, le Salut. A la fin du tome 1 des Mémoires de guerre, de Gaulle écrit:" Penché sur le gouffre où la patrie a roulé, je suis son filsqui l'appelle, lui tient la lumière, lui montre la voie du salut".

Ces phrases expriment bien le rôle de guide dont deGaulle se sent investi.

La difficile progression vers le rétablissement de la France doit être dirigée par un hommemissionné pour cela.

Or, de Gaulle est persuadé que cette mission lui est dévolue depuis toujours et il est prêt àl'accomplir: "Il y faut une politique.

J'en ai une" p.115.

Cette tâche lui est confiée pour la durée de la guerre maisaussi au-delà tant que la France n'a pas retrouvé l'ordre à l'interieur et son rang à l'exterieur.

Il se sent en quelquessortes attendu et il l'écrit, non sans un certain orgueil:" Il était temps que j'intervienne" p175.

L'homme providentielqu'il est sûr d'incarner joue un rôle tant dans la victoire militaire face à l'Allemagne nazie que pour rendre auxinstitutions françaises leur légitimité et leur efficacité: " il me revenait d'être et de demeurer le champion d'uneRépublique ordonnée et vigoureuse et l'adversaire de la confusion qui avait mené la France au gouffre et risquerait,demain, de l'y rejeter." p.324.

Au moment de quitter le pouvoir en janvier 1946, il a conscience d'avoir été choisi parle destin pour jouer un rôle capital dans l'histoire de la nation dont il se sent indissociable: "La mission qui me futinspirée par la détresse de la patrie se trouve, maintenant, accomplie..." p 214. Le début de ce volume contribue à la constitution du mythe gaullien en montrant de Gaulle en héros libérateur de laFrance, protecteur de la nation, fédérateur des populations, alors que la fin du volume en fait une victime de lapolitique partisane, des malentendus sur sa conception des institutions politiques et surtout du rôle du chef del'Etat.

Le sauveur de la patrie s'y montre désavoué, rejeté du pouvoir par les médiocres qui jalousent son prestige,devenant par là un martyre de la politique, des politiciens.

Les Mémoires de guerre constituent une forme d'auto-célébration en tant que chef militaire et politique providentiel pour la nation: le rappel de son refus de la défaite, deson action fédératrice pour la Resistance, de sa volonté sans faille de remettre la France aux niveaux des grandesnations malgré l'opposition de Roosevelt ou la rivalité avec Churchill, contribue à initier le mythe gaullien.

Ce mythemoderne érige un homme politique en héros épique: malgré les obstacles et les adversaires sans pitié, le "héros" deGaulle parvient à la victoire en véhiculant des valeurs positives telles que le courage, la volonté, l'honneur.. »

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