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Est-ce par crainte qu'on obéit aux lois ?

Publié le 03/02/2004

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L'état de société est une nécessité pour chacun qui peut ainsi seulement développer ses propres dispositions, mais chacun recherche aussi l'isolement de ses semblables pour garder le sentiment de pouvoir tout diriger à sa guise. Autrui s'oppose à la libre tendance de chacun à suivre ses propres penchants. Cette résistance que nous exerçons les uns vis à vis des autres éveille nos propres forces pour surmonter la paresse, et chercher le pouvoir de domination. Le tissu social se forme par l'antagonisme d'intérêts. Chacun lutte contre ses semblables pour se frayer sa propre place. Ce n'est pas de bon gré que nous vivons en société, mais par nécessité ou contrainte. L'homme peut être défini par son asociale sociabilité. L'état idyllique de concorde, de paix, d'harmonie et d'amour, pour être un bel idéal, n'en est pas moins pratiquement impossible. Une existence douce ressemblerait à celle d'un trou-peau domestique, et l'homme ne tendrait pas vers la fin de sa propre nature d'être raisonnable. Les "mauvais" penchants de l'homme (l'intérêt, l'égoïsme, le goût du lucre, la passion du pouvoir, la vanité, etc.

« causes la produisant ne sont pas supprimables.

Kant relève néanmoins qu'elle conduit sans le vouloir à sa proprelimitation car la nécessité de vivre ensemble provoque l'apparition des lois organisées dans un droit commun.

C'estdonc la crainte d'une violence autodestructrice qui conduit à obéir à des règles générales.

La crainte confirme saplace de passion fondamentale.

Elle n'est pas seulement l'expression d'un désir qui se tempère face à un ordreconstitué, mais le ressort d'un calcul qui redoute la disparition totale de l'ordre.

Raisonner consiste donc à choisir,entre deux maux, le moindre. [Transition] Kant et Hobbes nous font saisir le lien de la raison à la loi et à l'ordre.

Est-ce là tout ce que l'on peut attendre del'homme ? N'est-il pas capable de dépasser une logique calculatrice lorsqu'il obéit ? 2.

La critique de la crainte A.

Valeur de l'espoirL'étude des mobiles de l'obéissance est un thème important du Traité théologico-politique de Spinoza.

Son point dedépart est identique à celui de Hobbes.

Les hommes sont mus par un désir aveugle de domination en fonction mêmede la crainte qu'ils s'inspirent.

Spinoza en déduit que « nulle société ne peut subsister sans un pouvoir decommandement et une force, et conséquemment sans des lois qui modèrent et contraignent l'appétit du plaisir etdes passions sans frein.

» Les lois créent l'ordre en imposant des dispositions qui orientent la vie commune.Cependant, Spinoza fait valoir que l'homme libre n'obéit pas comme le fait un esclave.

Celui-ci n'est déterminé quepar la peur quand celui-là comprend la rationalité du commandement et y acquiesce sans frayeur.

La liberté consisteici dans la coïncidence entre la raison commune, dont la loi est la manifestation, et la raison individuelle du sujet.

Lacrainte du gibet est utile mais elle n'est pas véritablement bonne car elle ne vaut que pour des ignorants égarés parleurs envies.

Or, plus les hommes sont passifs, moins le régime est favorable à la liberté et à la concorde.L'oppression et la superstition voisinent toujours.

La pensée de Spinoza permet donc d'élargir notre réflexion.L'obéissance éclairée est le signe d'une force d'âme individuelle et d'un État soucieux de faire prévaloir l'espoir d'unevie meilleure sur la crainte du châtiment. Pour parvenir à garder un autre individu en sa puissance, on peutavoir recours à différents procédés.

On peut l'avoir immobilisé pardes liens, on peut lui avoir enlevé ses armes et toutes possibilitésde se défendre ou de s'enfuir.On peut aussi lui avoir inspiré une crainte extrême ou se l'êtreattaché par des bienfaits, au point qu'il préfère exécuter lesconsignes de son maître que les siennes propres, et vivre au gréde son maître qu'au sien propre.Lorsqu'on impose sa puissance de la première ou de la secondemanière, on domine le corps seulement et non l'esprit de l'individusoumis.Mais si l'on pratique la troisième ou la quatrième manière, on tientsous sa dépendance l'esprit aussi bien que le corps de celui-ci.

Dumoins aussi longtemps que dure en lui le sentiment de crainte oud'espoir.

Aussitôt que cet individu cesse de les éprouver, ilredevient indépendant.Même la capacité intérieure de juger peut tomber sous ladépendance d'un autre, dans la mesure où un esprit peut êtredupé par un autre.

Il s'ensuit qu'un esprit ne jouit d'une pleineindépendance, que s'il est capable de raisonnement correct. On ira plus loin.

Comme la puissance humaine doit être appréciée d'après la force non tant du corpsque de l'esprit, les hommes les plus indépendants sont ceux chez qui la raison s'affirme davantage etqui se laissent davantage guider par la raison.En d'autres termes, je déclare l'homme d'autant plus en possession d'une pleine liberté, qu'il se laisseguider par la raison. SPINOZA I - LES DONNEES DU PROBLEME SPINOZA détaille dans ce texte les conditions concrètes d'une liberté, en dégageant trois niveaux d'aliénationou de libération : - l'esprit peut être libre alors que le corps est contraint.- l'esprit peut être lui-même contraint.- enfin l'esprit peut, comme le corps, se libérer lui-même. Il va de soi que cette distinction recouvre une gradation : la seule véritable liberté passe par la libérationintellectuelle ou spirituelle.. »

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