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PEUT-ON AFFIRMER QUE LE MONDE A UN ORDRE ?

Publié le 15/03/2004

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Au malheur le plus haut répond la douleur la plus profonde. 2. Mais , avec ironie, Hegel note que cette douleur, qui certes nous frappe, mais qui est relative aux souffrances des autres, dans le passé, ne nous laisse pas sans voix. Elle ne nous empêche pas de formuler en nous-mêmes les sentences toutes faites du sens commun. Car ce spectacle, tout horrible qu'il fut, nous n'y participons pas, il était pensé, plutôt que vu. Et, en fin de compte, c'est cette pensée seulement (« cette douloureuse réflexion ») qui était pénible. Les sentences (prononcées en forme d'épitaphes) viennent déjà atténuer les choses. Formulation creuse qui ne fait rien que répéter ce qui est déjà : « il en a été ainsi ». Invocation d'une force plus forte que nous, qui nous déresponsabilise : ce n'est pas nous, « c'est le destin ». Démission avouée : « on n'y peut rien changer ».

Dans notre monde, tout est ordonné selon un principe. Seulement, ce principe n'est pas forcément visible: il faut le chercher comme on cherche une fonction susceptible d'exprimer une forme irrégulière. Mais, il n'y a aucun principe ordonnateur dissimulé derrière la création. De la rencontre de deux atomes, le monde s'est formé par mécanisme. Il n'est donc pas plus ordonné que les boules du billard et procède d'un "heureux" hasard.

« mouvements précédents, exprimant la pensée la plus générale : tout menace d'être ruiné.

Cette « pensée dela caducité en général » reprend de manière laïque « la vanité des vanités, tout est vanité » de L'Ecclésiaste.Le second mouvement nous conduit à l'affliction morale.

Il désigne les acteurs de l'histoire, d'une part lanature, d'autre part les hommes (avec leur volonté du mal).

D'où un double sentiment humain, d'une partl'affliction morale, d'autre part une révolte.

Il est possible de faire autrement.

Certes nous pouvons pleurer surles ruines provoquées par une nature à la fin toujours plus forte que l'homme, mais pour ce qui est del'homme, et de ses exactions, une autre histoire est sans doute possible.Bien qu'un instant nous puissions en douter (« si tant est »), le spectacle du monde ne nous a-t-il pas apprisqu'il n'y a pas, dans tout ce que nous avons vu, d'esprit du bien.

Alors échapperions-nous à la règlecommune.

Oui, sans doute, les sentiments qui sont les nôtres (tristesse, affliction, douleur) témoignent denotre moralité.Le troisième mouvement, où nous passons du spectacle au tableau, est encore plus terrifiant.

Loin de l' «exagération oratoire » - qui emporterait peut-être l'adhésion, mais qui, manipulatrice, est ici parfaitementinutile – il suffit, dit Hegel, seulement (« rien qu'en ») de relater (c'est le propre de l'histoire d'être une relationavec exactitude...

Autrement dit, ce qui pourrait être décrit est exact.

Plus de dénonciation de la nature,comme responsable des ruines.

Mais une accusation portée cette fois uniquement contre l'homme.

Car c'estbien une activité humaine qui « inflige » délibérément...

Triomphe du mal, avec son cortège de malheurs, duvice sur la vertu, de la perversion contre l'innocence.

Et qui fait de l'histoire un malheur généralisé, où toutest corrompu, puisque le mal, comme la peste, porte tout aussi bien sur les personnes, sur les peuples, sur lesEtats.

Et qui en vise « les plus beaux échantillons ».

Rien n'est épargné, aussi rien ne saurait nous apaiser.

Aumalheur le plus haut répond la douleur la plus profonde. 2.

Mais , avec ironie, Hegel note que cette douleur, qui certes nous frappe, mais qui est relative auxsouffrances des autres, dans le passé, ne nous laisse pas sans voix.

Elle ne nous empêche pas de formuler ennous-mêmes les sentences toutes faites du sens commun.

Car ce spectacle, tout horrible qu'il fut, nous n'yparticipons pas, il était pensé, plutôt que vu.

Et, en fin de compte, c'est cette pensée seulement (« cettedouloureuse réflexion ») qui était pénible.

Les sentences (prononcées en forme d'épitaphes) viennent déjàatténuer les choses.Formulation creuse qui ne fait rien que répéter ce qui est déjà : « il en a été ainsi ».

Invocation d'une forceplus forte que nous, qui nous déresponsabilise : ce n'est pas nous, « c'est le destin ».

Démission avouée : «on n'y peut rien changer ».

Que le monde continue dans le futur comme il a été dans le passé.D'ailleurs le monde nous appelle, mais un autre monde, non pas celui, terrible, de l'histoire universelle, maiscelui terre à terre, lié strictement à la sphère de nos activités actuelles (« présentes »).

Celui dont noussommes le centre : nos affaires, nos buts, nos intérêts.

Monde quotidien qui s'oppose par sa tranquillité auxtroubles de l'histoire, qui se manifeste par sa proximité contraire au lointain des désastres (« la masse desruines »), qui s'impose par la clarté de son évidence si différente de la confusion de tout le reste.Ce contraste entre notre histoire universelle est si fort que, nous prenant pour le centre de tout (ce quidéfinit l'égoïsme), nous venons à « considérer » cet autre monde, comme quelque chose de lointain, qui sesitue ailleurs, d'où l'idée de spectacle.

Tout à l'heure il nous effrayait (mais nous effrayait-il vraiment tant quecela ?), maintenant nous en jouissons.

Cela se passe si loin dans le temps, si loin dans l'espace.

De l'autrecôté.

Tout un fleuve, toute une mer nous sépare de cela.

On songe aux vers de Lucrèce : « Il est doux,quand la vaste mer est soulevée par les vents, d'assister du rivage à la détresse d'autrui.

»Mais est-ce bien le même homme qui est capable de jeter un regard sur l'histoire du monde extérieur, et quien même temps, incapable de rien comprendre, s'enferme dans son monde intérieur ? Tout est au mieux dans le meilleur des mondesLeibniz, dans ses Discours de métaphysique, défend l'idée selon laquelletout, dans le monde, a un ordre.

Il pense qu'il y a un plan divin selonlequel toute action humaine peut s'expliquer.

Ainsi, une action qui peutapparaître injuste ou absurde aux yeux d'un profane peut être vouluepour empêcher quelque chose de plus terrible encore.

Le principe quigouverne le monde est donc le Bien. Pour Leibniz, tout est agencé au mieux pour le bien de l'humanité.

Dieuest le grand démiurge ordonnateur du monde.

Si bien que "Tout estpour le mieux dans le meilleur des mondes possibles". La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleurdes mondes possibles» apparaît en substance dans un ouvrage deLeibniz (1646-1716) qui sut mettre son génie de logicien au service dela religion : La Théodicée (1710), dont le titre exact est : Essais dethéodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal. La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudrequelques problèmes classiques posés à la théologie, et qu'il énonce ainsi:« Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions,on ne laisserait pas de trouver de la difficulté en ce qu'il les prévoit et qu'il les permet, les pouvant empêcher. »

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