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Peut-on agir seul ?

Publié le 25/01/2004

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Agir avec► 1. Rousseau imagine des actions plaisantes avec des créatures de rêve. Marc Aurèle, après avoir guerroyé aux confins de l'Empire, acceptant les nécessités imposées par le Destin, se croit semblable à un roc battu par la mer : si la tension du héros solitaire ne va pas jusqu'au «stress» et à l'effondrement de la dépression majeure, il se voit reconnu. La «lutte pour la reconnaissance» (Hegel, Phénoménologie de l'esprit, Conscience de soi, A) est un signe que la conscience de soi ne se suffit pas à elle-même.Il en est ainsi parce que l'être humain est social par nature (Aristote, Éthique à Nicomaque, VIII ; Politique, I) ; «pour un homme seul la vie est pénible : il n'est pas facile, en effet, d'agir par soi-même avec continuité, tandis qu'avec les autres, et relativement à d'autres, cela est plus aisé» (Éthique à Nicomaque, IX, 9). Nous savons déjà que la philia (relation générale d'amitié envers tout être humain) est une de nos tendances essentielles (voir sujet 1, page 11). La sociabilité fait partie de la conscience de soi dans son existence réelle (Hegel, Principes de la philosophie du droit). C'est pourquoi la philosophie est en même temps une politique, depuis la République de Platon jusqu'aux écrits contemporains de Bergson (Les deux sources de la morale et de la religion), de Husserl (Krisis...: Crise de la conscience européenne), etc.► 2.

« 2.

Agir avec 1.

Rousseau imagine des actions plaisantes avec des créatures de rêve.

Marc Aurèle, après avoir guerroyé auxconfins de l'Empire, acceptant les nécessités imposées par le Destin, se croit semblable à un roc battu par la mer :si la tension du héros solitaire ne va pas jusqu'au «stress» et à l'effondrement de la dépression majeure, il se voitreconnu.

La «lutte pour la reconnaissance» (Hegel, Phénoménologie de l'esprit, Conscience de soi, A) est un signeque la conscience de soi ne se suffit pas à elle-même.Il en est ainsi parce que l'être humain est social par nature (Aristote, Éthique à Nicomaque, VIII ; Politique, I) ;«pour un homme seul la vie est pénible : il n'est pas facile, en effet, d'agir par soi-même avec continuité, tandisqu'avec les autres, et relativement à d'autres, cela est plus aisé» (Éthique à Nicomaque, IX, 9).

Nous savons déjàque la philia (relation générale d'amitié envers tout être humain) est une de nos tendances essentielles.

Lasociabilité fait partie de la conscience de soi dans son existence réelle (Hegel, Principes de la philosophie du droit).C'est pourquoi la philosophie est en même temps une politique, depuis la République de Platon jusqu'aux écritscontemporains de Bergson (Les deux sources de la morale et de la religion), de Husserl (Krisis...: Crise de laconscience européenne), etc. 2.

Cette condition sociale se réalise effectivement d'abord par la formation humaine qui nous a été donnée.

Lapsychologie a décrit les cas d'enfants entièrement pris en charge par des animaux : ils n'ont aucune activitéhumaine (L.

Malson, Les enfants sauvages).

Depuis les coutumes familiales, l'éducation scolaire, les lois de notrepays, jusqu'aux moeurs, pratiques sociales diverses, nous sommes intérieurement imprégnés par des formes desociabilité : attitudes mentales, modes d'actions, croyances, etc., que nous recevons d'autres personnes, d'autresgroupes, de la civilisation à laquelle nous appartenons.Ce que nous accueillons ainsi n'est pas seulement d'ordre psychique ; pour agir, ils nous faut des outils, etl'éducation porte aussi sur l'apprentissage des moyens matériels d'agir ; c'est pourquoi elle inclut le développementréglé du corps, par l'acquisition d'habitudes précises, de dispositions à l'action.

On apprend à faire en voyant faire eten recevant des explications.Ces descriptions pourraient être poursuivies ; il est évident que nous agissons toujours avec ce que nous avonsreçu d'autrui et de la culture dans laquelle nous vivons. 3.

La phénoménologie contemporaine a développé ces considérations ; elle les a aussi fondées dans une nouvelleréflexion sur la sociabilité : Heidegger a souligné l'importance d'être-avec (Mit-sein) ; en un sens la conscience-de-soi «est» «pour-soi» (Sartre), alors que les choses inertes ne sont que ce qu'elles sont, «en-soi»; mais cemouvement d'intériorisation, propre comme nous l'avons vu à la pensée prise dans sa nature abstraite (la penséepure), a pour corrélatif le mouvement vers autrui : l'homme est un être-avec parce qu'il est «pour-autrui ».

C'estpourquoi il agit avec dans la mesure où il agit' pour, et non pas seulement parce qu'il agit selon la formation reçue,bien que celle-ci soit une base indispensable : l'agir-pour suppose l'agir-grâce à.

La philia n'est pas une simpledisposition intérieure : elle entraîne à agir ; elle conduit à faire quelque chose pour quelqu'un.

Plus encore : elleconstitue un «nous », un ensemble bien organisé, d'un autre ordre que l'anonyme «on », qui juxtapose des êtres,par exemple dans une foule.Le sens de l'agir humain, dans ses relations intimes et effectives avec les autres, c'est donc d'agir avec et pour lesautres (ce terme pris non au sens d'individus abstraits et quelconques, mais de personnes réelles, individuelles, etde groupes ou de sociétés bien précis).La philia est un vivre-ensemble (suzên, Aristote, Politique, III, 9) ; c'est pourquoi l'existence sociale, dans la famille,la Cité, etc., ne se réduit pas au groupement : elle conduit à agir ensemble en vue d'accomplir de bonnes choses(ibid.).

Agir-avec, c'est bien agir parce que c'est agir pour le bien du sujet actif, des autres, de la Cité.. »

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