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Que peut-on apprendre d'une image ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

Ainsi, il fait remarquer qu'une image n'est pas une copie du réel (autrement pourquoi ne pas regarder la réalité directement ?) : l'image est un intermédiaire. En effet, connaître, apprendre, provoque du plaisir ; de même pour la contemplation esthétique : les images nous permettent de prendre plaisir à regarder des choses dont la vue nous est pénible dans la réalité.   a)      L'image : entre le témoignage et le concept Pour Aristote, les évènements quotidiens manquent de portée générale. Et c'est pour cette raison que l'artiste ou le poète est plus pédagogue que l'historien : là où ce dernier se borne à rapporter les faits tels qu'il se sont produit comme ils se sont produit, le poète rapporte ce qui est vraisemblable, « semblable au vrai ». En effet, l'artiste « re-présente les choses » et c'est en cela qu'il produit des images de la réalité. L'artiste représente en donnant une seconde présentation, mais surtout une nouvelle présentation. L'image = forme présentes dans la réalité mais dans une matière nouvelle, épurée de la contingence et des détails du quotidien. Exple : Homère dépeint moins la colère d'Achille pris individuellement (Achille, à tel jour, telle heure et tel endroit, pour tel et tel motif, s'est mis en colère) que l'expression de la colère d'un guerrier. Certes cette colère n'est pas aussi universelle que celle étudiée par la philosophie quand elle définit les passions (valables pour tout homme en général) mais elle échappe au défaut de l'histoire qui est de s'attacher au particulier, aux détails et ne nous apprend rien : avec la poésie, on a affaire à des types, des modèles ; l'image = de l'universel approchant.
  • Remarques sur l'intitulé du sujet :

-         Présupposé du sujet : l'image peut nous apprendre quelque chose. Il s'agit donc de donner un contenu à ce quelque chose.

-         Le sujet prend ici le contre-pied d'une conception qui consiste à faire de l'image un double du réel d'un intérêt moindre pour la pensée et la connaissance que le réel lui-même.

-         Enjeu : la valeur pédagogique de l'image : quel peut-être son rôle au sein de la connaissance ?

-         Le verbe « apprendre « peut ici s'entendre en deux sens : ou bien on s'intéresse à ce que nous, sujets confrontés à une image, pouvons tirer d'elle comme information ou enseignement, ou bien on envisagera ce que l'image, en tant que telle, donne à apprendre. En effet, le verbe « apprendre « peut désigner le fait d'assimiler une connaissance (l'élève) ou bien celui de transmettre une connaissance (l'enseignant).

  • Problématique : L'image est bien souvent, au regard des discours écrits ou des calculs de la science, dévalorisée : on doute que l'on puisse apprendre quelque chose de l'image. Pourtant l'exemple des illustrations dans les livres pour enfants, les schémas représentant le fonctionnement de certaines machines, les cartes ou même l'art en général, nous montrent que l'image possède une certaine valeur heuristique. Ainsi, que peut-on apprendre d'une image ? L'image ne nous livre-t-elle que du particulier, des choses figées et insignifiantes ou bien peut-elle nous apprendre à voir ce que l'intelligence seule ne peut nous dévoiler ?

 

« étudiée par la philosophie quand elle définit les passions (valables pour tout homme en général) mais elle échappe audéfaut de l'histoire qui est de s'attacher au particulier, aux détails et ne nous apprend rien : avec la poésie, on aaffaire à des types , des modèles ; l'image = de l'universel approchant . Ainsi pour Aristote, « l'ami des mythes est en quelque sorte philosophe » (Métaphysique , I, 2, 982 b).

L'art au moyen des images nous met en chemin vers la science ou la connaissance du vrai.

b) la catharsis : Le fait de vivre en représentation certains évènements nous permet de ne pas avoir à délibérer sur ce qu'il faut faire, nous pouvons simplement contempler.

Ainsi, il y a épuration des passions ( catharsis ) produite grâce à l'art : je peux, face au spectacle tragique, appréhender ce qu'est le malheur sans le vivre (ou le vivre mais parprocuration, c'est-à-dire sans en subir personnellement les conséquences).

Or lorsque je vis réellement le malheur, ilm'est difficile de le connaître.

Ainsi, le coléreux qui voit le spectacle de la colère peut alors se rendre compte qu'elleest hors de toute mesure, ou bien qu'elle peut tel Ajax, le mener à sa perte, au déshonneur ; en contraire, ce mêmecoléreux en colère se laisse porter par sa passion. Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.

Aristote le définit ainsi : « [...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète,d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'uneespèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par despersonnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié etcrainte, opère la purgation propre à pareilles émotions. » Assaisonnement du langage désigne la proportion variable de chants et de vers.

L'essence de latragédie réside dans l'action, non dans le récit, action représentée en untemps limité.

Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.

Toutcela est clair.

Aristote mentionne la cause et les effets. Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul terme assezinattendu: « purgation », catharsis.

On peut dire aussi « purification ».

Ce mot a donné lieu à maints commentaires.

Chez Aristote lui-même, il est l'objet de plusieurs interprétations.

On croit comprendre qu'il y a un rapport entrel'imitation, la mimésis, et la purgation, la catharsis: devant un spectaclereprésentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmesémotions que l'on cherche à provoquer en moi.

La représentation desentiments violents ou oppressants, par exemple la terreur, l'effroi ou la pitié,bien que mimés et donc fictifs, déclenche dans le public, dans la réalité, dessentiments analogues.Cette réaction est banale dans la vie courante; trop d'événements réels, effrayants ou affligeants, suscitent des émotions correspondantes, par exemple, de la compassion pour les victimes.Mais ce phénomène est plus surprenant lorsqu'il s'agit d'un spectacle créé et imaginé de toutes pièces.

Il supposeune identification avec un personnage et non plus avec une personne.

Certes, cette identification a ses limites, caril ne s'agit pas d'imiter, de copier ni de transposer dans la vie réelle les actions qui se déroulent sur la scène.

Et l'onimagine mal un jeune homme, influencé par l' " Œdipe " de Sophocle , décidant de tuer son père, de commettre un inceste avec sa mère et de se crever les yeux.Ce transfert de la fiction à la réalité est-il toutefois tellement inconcevable? Pour nous, malheureusement non.

Mais,pour Aristote , certainement.

En éprouvant des sentiments analogues à ceux que la tragédie provoque en moi, je me libère du poids de ces états affectifs pendant et après le spectacle.

J'en ressors comme purgé et apaisé.

Cesémotions préexistaient-elles en moi à l'état latent et le spectacle s'est-il contenté de les éveiller? Ou bien les a-t-ild'un bout à l'autre provoquées? Le spectateur est-il prédisposé, par sa nature même, à réagir en fonction d'unereprésentation spécialement conçue pour le troubler en des points sensibles de sa personnalité ? Aristote ne le dit pas.La " Poétique " ne répond pas vraiment à l'attente de la " Politique ".

Aristote , là aussi, avait évoqué la catharsis, mais uniquement à propos de la musique « Nous disons qu'on doit étudier la musique, non pas vue de l'éducation et de la purgation - ce que nous en vue d'un avantage unique, mais de plusieurs (en nous en reparlerons plusclairement dans un entendons par purgation, terme employé en général, traité sur la poétique - et, en troisième lieu,en vue du divertissement, de la détente et du délassement après la tension de l'effort). » Certes, il en reparle, mais si peu !En revanche, la " Politique " donne quelques précisions qu'on ne retrouve pas dans la " Poétique ": à la crainte et à la pitié s'ajoute l'« enthousiasme ».

A propos de cet état d'exaltation, Aristote fait référence explicitement au sens thérapeutique du terme: « certains individus ont une réceptivité particulière pour cette sorte d'émotions [l'enthousiasme], et nous voyons ces gens-là, sous l'effet des chants sacrés, recouvrer leur calme comme sousl'action d'une cure médicale ou d'une purgation. » Est-ce pour lui, une manière de retrouver le lieu commun selon lequel « la musique adoucit les mœurs » ? Il y a sans doute un peu de cela, mais il faut aller plus loin dans l'interprétation.Dans la " Politique ", Aristote suggère lui-même que la catharsis concerne également la tragédie, c'est-à-dire la vue, et non pas seulement l'écoute de ce qu'il appelle des chants éthiques, dynamiques ou exaltants.

Il n'y a pas às'en étonner puisque la tragédie, à l'époque, réalise une certaine forme d' « art total » harmonisant le texte, les chœurs et la danse.

Mais, en outre, elle consiste à mettre en scène une action, une intrigue où des personnagesréels imitent des héros soumis à un destin angoissant ou pathétique.

Pensons à Œdipe .

Or la musique seule ne figure pas; elle ne représente rien; elle laisse tout loisir à l'auditeur d'imaginer librement selon ses états d'âme, tout. »

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