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Peut-il y avoir des droits de l'homme indépendamment des droits du citoyen ?

Publié le 01/03/2004

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[Les droits de l'homme sont des libertés. Les droits du citoyen sont des pouvoirs. La conception de droits de l'homme ne peut pas être réduite à celle des droits que donne la citoyenneté.] L'homme n'est pas qu'un citoyen L'homme, dans l'expression «droits de l'homme«, ce n'est pas seulement un «animal politique«. C'est aussi et surtout la plus haute idée que l'on peut se faire de l'être humain accompli. Les exigences qui sont des droits de l'homme sont définies à partir d'un tel idéal. Les droits du citoyen ne sont que des pouvoirs Ces droits sont ceux qui sont jugés nécessaires à l'exercice de la citoyenneté. Ils ont pour contrepartie un certain nombre de devoirs. Le droit de vote est un droit du citoyen. L'obligation de contribuer aux dépenses communes à proportion de ses moyens (par l'impôt) est un devoir du citoyen.
I) Les droits de l'homme ne sont pas ceux du citoyen.
a) Tout homme n'est pas citoyen. b) Les intérêts de l'homme ne sont pas toujours ceux du citoyen. c) L'homme prime sur le citoyen.
II) Les droits de l'homme sont les même que ceux du citoyen.
a) Les droits de l'homme ne sont pas une abstraction. b) De la Déclaration des droits de l'HOMME et du CITOYEN. c) La distinction homme / citoyen n'a pas de sens. d) L'apatride est citoyen du monde.
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« Ou bien les droits de l'homme et ceux du citoyen ne sont concevables que d'un même mouvement; ou bien la conception des droits del'homme doit s'appuyer sur celle des droits du citoyen.

Dans les deux cas, il est impossible de penser indépendamment droits de l'hommeet droits du citoyen.

Si nous avons deux expressions, c'est parce que notre conception du citoyen s'est affadie.

Ce n'est pas le seul droitde vote qui fait le citoyen.

Les révolutionnaires de 1789 seraient bien étonnés que notre notion usuelle de citoyen soit déconnectée decelle d'homme accompli dans toute sa dignité.

Pour être vraiment citoyen, il faut être libre dans sa vie, dans ses actes, dans sesdécisions.

En bref, il faut être un homme au sens le plus noble du terme.

La seule référence aux droits du citoyen devrait suffire: les loisqui délivrent les hommes de la dépendance ne peuvent qu'accomplir les «droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme» (Déclarationd'août 1789). On méditera cet extrait de Kant: "Relativement au bonheur, aucun principe universellement valable ne peut être donné pour loi.

Car aussi bien les circonstances que l'illusion pleine de contradictions et enoutre sans cesse changeante où l'individu place son bonheur (personne ne peut lui prescrire où il doit leplacer) font que tout principe ferme est impossible et en lui-même impropre à fonder une législation.La proposition :Salus publica suprema civitatis lex est (1) garde intacte sa valeur et son autorité, mais le salut publicqu'il faut d'abord prendre en considération est précisément cette constitution légale qui garantit laliberté de chacun par des lois ; en quoi il demeure loisible à chacun de rechercher son bonheur dans lavoie qui lui paraît la meilleure, pourvu seulement qu'il ne porte aucune atteinte à la liberté légalegénérale, par conséquent au droit des autres co-sujets." (1) Le salut public est la loi suprême de l'Etat. I - LES TERMES DU SUJETLe texte est suffisamment court et simple pour ne pas prêter à confusion.

KANT marque la séparationnette entre les sphères privée et publique au regard du bonheur. Le texte est une amplification et une explication de la première phrase : "Relativement au bonheur,aucun principe universellement valable ne peut être donné pour loi." II - ANALYSE DU PROBLÈMEIl convient donc de s'interroger sur les notions de principe (à la fois commencement et commandement) de loi et d'universalité.

Si aucune prescription ne s'impose en matière de bonheur, comment articuler le bonheur individuel à la libertépolitique garantie par les lois ? III - GRANDES LIGNES DE LA REFLEXIONIl s'agit donc de rendre raison d'un texte qui explicite une première phrase posée, voire frappée comme une maxime.

Le texte proposed'abord une détermination du bonheur comme illusoire et variable.En un second moment, cette détermination est articulée à la politique, par le biais de la notion de salut public.Mais cette notion ne saurait en aucun cas être transplantée hors de son domaine propre, celui de garantie de la liberté par les lois.

Dèslors on aboutit à une claire séparation des domaines : d'un côté, la recherche individuelle du bonheur ; de l'autre, la liberté légalegénérale. IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE A - LE BONHEUR N'EST PAS UN CONCEPT UNIVERSALISABLE 1 - Le bonheur, un idéal de l'imagination Le texte est construit comme l'explication d'une maxime initiale.

Il correspond au regard du bonheur à une conception remarquablementconstante chez KANT : le bonheur n'est pas un concept universalisable.

Sur le plan de la politique, il poursuit la réflexion de ROUSSEAUpour qui "un peuple libre obéit, il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois."La première phrase du texte, qui sépare radicalement le bonheur de la sphère législatrice, montre qu'il n'y a pas d'impératif qui puissecommander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux.

Chez KANT, le bonheur est en effet un idéal, non de la raison, mais del'imagination.La seconde phrase du texte confirme ce postulat puisque la recherche du bonheur est rattachée à l'illusion caractérisée à la fois commecontradictoire et changeante.

D'où l'impossibilité d'y asseoir tout principe qui exige, par définition, la stabilité. 2 - Bonheur et politique En un second temps est présentée l'articulation avec la sphère politique à travers la notion de salut public.Mais cette articulation vise en fait une réelle et définitive séparation des domaines.

Le salut public "garantit la liberté de chacun par deslois".Il constitue de ce fait un véritable principe.

Par ce simple fait, il est d'emblée séparé (formellement) du bonheur.

Mais, en outre, il est cepar quoi une éventuelle quête du bonheur est possible.

Il garantit sa possibilité, mais n'intervient jamais à aucun stade dans saréalisation.Voilà pourquoi, détaché de la raison et renvoyé à la sphère de l'imagination, le bonheur, qui n'est pas un concept universalisable, estlaissé à la libre conduite de l'individu.Sa seule "limite" est précisément ce qui le définit privativement :il ne doit pas interférer avec la liberté de chacun, celle-là même qui est garantie par la loi. B - L'ENJEU DE CETTE RÉFLEXION KANT marque ainsi sa défiance devant toute dérive éventuelle du législatif, mais il définit surtout avec une remarquable netteté lesattributs uniquement empiriques attachés au bonheur.. »

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