Devoir de Philosophie

Peut-il y avoir des idées la ou il n'y a pas de débat ?

Publié le 07/12/2005

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Platon, à travers la méthode maîeutique, n'exprime rien d'autres dans le Ménon. Il demande à un esclave de résoudre un problème géométrique portant sur la duplication de l'aire du carré. Celui-ci, malgré son ignorance en la matière trouve la réponse, précisément parce qu'elle est en lui. Il s'agit de se souvenir de ce dont l'âme est grosse en puissance. D'où le fait que Platon se considère comme une sage femme qui fait accoucher des idées. Pas de débat ici, la position de Platon est celle du retrait, du silence. Il se contente d'accompagner l'avènement au monde d'une idée. Ainsi, la scène psychique se constitue chez les deux philosophes par méthode et par résurgence. Les premiers éléments sont là. Chez Descartes il faut construire à partir de ces première semences; chez Platon, il faut se rappeler de ce que l'âme a vu avant d'être incarné dans le corps hic et nunc, ce monde des essences dont elle fut jadis la spectatrice.

L'idée de débat renvoie à la perspective d'un échange d'idée, qui suppose, au préalable, un certain désaccord entre duellistes. Ainsi avons nous à la fois un mouvement de repli sur nos idées, et tout en même temps, un mouvement d'ouverture sur l'autre, sur ce qu'il pense, sur ce qui fait qu'il s'oppose à moi. Je veux le convaincre – autant que lui d'ailleurs – le faire changer d'idée, je veux en sommes qu'il me rejoigne du côté de ma certitude. D'où une certaine violence: le débat, ce n'est pas une simple discussion, ici il y a quelque chose en jeu, ce en quoi je crois, ce qui me semble vrai. Les protagonistes d'un débat font violence aux idées adverses, tout en mettant les leurs à rude épreuve. Le débat semble donc être le lieu de mise à l'épreuve de nos idées, l'endroit où elles se débattent dans les deux sens du terme, entendons, où elles se défendent – d'une manière pas toujours rationnelle, parfois avec empressement, urgence – pour sauvegarder leur intégrité.

Mais le débat fait aussi vivre l'idée en ce sens qu'il la force à se développer: d'abord, l'idée est exprimée, transposée sur le plan discursif et doit donc faire preuve d'une certaine logique, d'une certaine cohérence (je la présente à l'autre, il faut qu'elle soit convaincante, informée, nourrie en quelque sorte); à cette sortie hors de soi de l'idée, se rajoute la confrontation vers laquelle elle s'achemine. En effet, l'idée rencontre alors son antithèse, soit son pendant négatif sur la scène psychique. Elle doit intégrer cette négation de sa formule, digérer cette contrariété sous peine de disparaître dans cette guerre idéelle. Si l'idée se renforce, gagne en épaisseur à s'exprimer au dehors, envers et contre tout, la garder pour soi, n'est-ce pas la privée d'un apport essentiel? A moins qu'elle ne soit déjà présente en nous potentiellement dans toute son ampleur, et que seule une méthode appliquée par l'esprit ne servent à l'extraire de ce sommeil?

 

« connaissance puissent être variables.

Chez certains le sou¬venir est presque effacé, chez d'autres, comme lesphilosophes, il a été ravivé.Platon donne un nom à ces différents degrés.

Chez l'esclave, cette connaissance, qui n'est pas une connaissancescientifique parce qu'il n'a pas pratiqué les mathématiques, est ce que Platon appelle une opinion droite, paropposition à ['opinion fausse, qui caractérisait le savoir de l'esclave avant les questions de Socrate, et au véritablesavoir, épistèmè, que ne possède que le mathématicien, conscient des tenants et aboutissants de sa propreconnaissance.

Ainsi, explique Socrate, des hommes politiques célèbres comme Périclès ont-ils bien dirigé la cité.

Ilsne possédaient pourtant aucune science, épistèmè, de la politique, mais une opinion droite.

Dans ce domaine, lapolitique, qui relève de l'action, ce type de savoir peut suffire.

Mais parce que leur connaissance n'était qued'opinion, ces hommes politiques n'ont pu enseigner leur savoir à leurs enfants.

Leurs souvenirs n'étaient passuffisamment éclaircis par la pratique de la philosophie.Mais de quoi nous souvenons-nous et pourquoi ? C'est par un mythe que Platon répond à cette interrogation, dansle Phèdre.

L'âme est immortelle.

Avant de s'incarner dans les corps, elle a suivi les dieux dans les cieux et elle a eula vision des idées : l'essence de la justice, de la tempérance, etc.

Ce sont des réalités « sans couleur ni forme »d'où toutes les choses tirent leur existence.

Certaines âmes voient mieux que d'autres ces réalités ultimes, car lechar qu'elles conduisent est plus ou moins facile à conduire sur la route qu'elles suivent, selon que les passions,comme la colère, le désir ou l'ambition, sont plus ou moins bien domestiquées.

Les âmes, une fois ce voyage célesteaccompli, s'incarnent, et le souvenir de cette vision s'estompe.

Si elles sont bien cultivées par la philosophie, ellespourront se remémorer ce qu'elles ont vu.

Mais, une fois incarnées, quel chemin doivent-elles suivre sur la route dela philosophie ? Hegel: la substance vivante des idées II. Dans la Phénoménologie de l'esprit , Hegel nous propose de concevoir le concept de fleur.

Si nous devions définir ce concept, nous dirions: l'essencede la fleur, c'est le fait d'appartenir au règne végétal, de croître parphotosynthèse, d'avoir une tige ayant une certaine compositions bio-chimique...

Dans cette définition de la fleur, dans cette idée, rien ne bouge,tout est statique. A contrario , nous dit Hegel, la véritable substance de la fleur est vivante, i-e dynamique.

La fleur doit passer par une succession d'étapes qui se nient lesunes et les autres.

Il y a tout d'abord la semence, la graine, puis la finepousse, la fleur parvenue à maturité, la période où cette plante fâne, enfinson retour à la terre, et de nouveau la graine...

D'une étape à l'autre, il y anégation de l'étape précédente: le bouton disparaît lors de l'éclosion de lafleur « et l'on pourrait dire que celui-là est réfuté par celle-ci ».

Il y a une imcompatibilité entre ces deux formes, mais la nature fait d'elles « des moments de l'unité organique dans laquelle non seulement elles ne secontrarient pas, mais sont des moments aussi nécessaires l'un quel'autre...

».

Il faut donc retenir qu'une idée pleine, entière, fidèle à ce qu'est véritablement une chose, doit accueillir en son sein différentes étapesnégatrices, contradictoires.

Une idée qui refuserai cet hébergement resteraitfixait sur une étape de la chose, sur un moment, comme une saisiephotographique instantanée. Une véritable idée a une histoire, un déroulement durant lequel elle se confronte à ce qui n'est pas elle, à sonantithèse.

Le débat est en ce sens la violence de cette antithèse qui se présente à moi, le lieu où l'autre incarne unpassage obligé au cheminement de ma pensée, un moment.

L'idée vivante se nourrit de ce qui n'est pas elle, que cesoit pour se renforcer, se compléter, mûrir.

La négation ne doit pas être assimiler à l'extinction de l'idée: elle enmarque les étapes historiques. Penser par soi-même avec l'autre III. Nous pouvons dire que le débat présente cependant un écueil non négligeable: la certitude.

En effet, dans le débat,je peux être tenté de me retrancher sur mon idée sans aucune considération pour les idées de l'autre.

Je peuxattendre mon tour pour parler au lieu d'écouter.

Cette écoute est essentielle puisqu'elle fait du débat un lieu autreque celui où chacun viendrait avec ses propres certitudes, n'ayant alors pour unique projet, que le fait de l'imposeraux autres, de chercher de manière radicale le consentement intersubjectif faisant de sa certitude une vérité.

Car lavérité est partagée, inter-individuelle: on se met d'accord à son sujet ensemble.

A partir de là, soit on se livre à unexercice tyrannique d'imposition, soit l'on tente d'envisager le dire de l'autre dans son intégralité. Et cette tyrannie a un symptôme: l'art de la persuasion.

Persuader, ce n'est pas convaincre, c'est jouer sur unautre registre que le registre purement intellectuel.

C'est flatter les émotions de l'autre (démagogie), et mettre enoeuvre un ensemble de technique de séduction afin de le faire adhérer à notre propos.

Dans ce cas, ce n'est plustant l'idée qui est au centre, mais une sorte d'habillage de l'idée, une cosmétique de l'idée: on la maquille, l'arrangepour cacher son inconsistance intrinsèque.

Entre violence et séduction, le débat peut être l'endroit où l'idée. »

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