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Peut-il y avoir une science de l'inconscient?

Publié le 21/01/2005

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CONDITIONS D'UNE SCIENCE

- Exigence d'une méthode : la psychanalyse en est une.- Existence d'un débat ouvert entre chercheurs d'une même discipline. La psychanalyse a de ce point de vue un statut étrange: les infidèles à Freud (Jung, Adler) sont condamnés comme dissidents et marginalisés. - Existence d'une histoire de la discipline scientifique: or Freud aurait tout dit, une fois pour toutes; il s'agirait au mieux de «faire retour« (Lacan) à l'esprit de ses découvertes. On a ainsi un fondateur fournissant la version définitive de ce qu'il y a à savoir - ce qui n'est jamais le cas dans une science normale. - Rappeler l'argumentation de Popper: pour qu'il y ait science, il faut que puisse être posé le problème de la falsifiabilité des énoncés. Ce n'est pas le cas en psychanalyse. - La psychanalyse n'est donc pas une science, mais c'est: * une thérapeutique (relativement) efficace; * une herméneutique.

L’inconscient caractérise d’abord quelque chose qui n’a aucune conscience, comme un atome par exemple. Aussi il présente le caractère irréfléchi de certains comportements, comme cet homme qui, par habitude, effectuera une tâche sans y réfléchir. C’est par exemple ce que retranscrit bien le personnage de Charlie Chaplin dans Les Temps modernes quand il reproduit machinalement le fait de visser des boulons. Mais la découverte freudienne de l’inconscient a donné à cette notion une nouvelle forme, plus élaborée, permettant de mieux saisir les comportements pathologiques de l’homme. Dès lors, faire de l’inconscient une science revient à la psychanalyse, qui s’est instituée le droit d’admettre son existence exclusive. Mais ne peut-on parler d’une science de l’inconscient qui depuis toujours existe, puisqu’on parle incessamment d’un acte inconscient, d’une passion inconsciente, de perceptions inconscientes, etc. ?

« donné, le cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable del'existence de ce dont nous avons fait l'hypothèse.

» FREUD, « Métapsychologie ». Introduction. Concernant l'inconscient, et en réponse à des objections, Freud : 1) considère que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire.

Il en donne les raisons (actes manqués, rêves,symptômes psychiques). 2) Considère que l'hypothèse de l'inconscient est légitime parce qu'il est possible de fonder sur elle une pratiqueefficace. Le texte de Freud est une réponse à des critiques nombreuses opposées à la notion de « psychique inconscient », plus simplement d'inconscient, compris comme une composante de l'appareil psychique. La formulation de la réponse de Freud est très ordonnée et commande les deux partie du texte : d'une part l'hypothèse est nécessaire ; d'autre part, elle est légitime. En même temps, la volonté d'une démarche scientifique est nettement affirmée : emploi de la notion d'inconscientcomme hypothèse, recours à l'observation de faits (actes manqués…), capacité d'aller au-delà de l'expérienceimmédiate, constitution d'une théorie (« gain de sens, cohérence »), vérification expérimentale par le recours à une pratique programmée qui, de manière ultime, valide l'hypothèse initiale. 1) Nécessité de l'hypothèse.

Jusqu'à Freud , l'idée de psychisme était strictement analogue à celle de conscience. Freud rappelle lui-même la portée de cette interprétation : tout acte psychique bénéficie du témoignage de la conscience. 2) La position de Freud , au contraire, est la suivante : il y a des actes psychologiques conscients qui ne peuvent être expliqués que par des actes psychiques qui, eux, échappent « au témoignage de la conscience ».

La conscience n'a pas de valeur explicative totale, mais seulement partielle.

Dans bien des cas, un acte psychiquene « bénéficie pas du témoignage de la conscience » , mais s'explique par un autre acte psychique : d'où l'idée d'enchaînement continu (et sous-jacent) des actes psychiques.

Alors que la conscience est un phénomène desurface dont « les données sont lacunaires » (et non pas continues), et même, souligne Freud , le plus souvent « extrêmement » lacunaires.

Autrement dit, il n'y a pas identité entre conscience et états psychiques, mais un champ plus large des états psychiques que celui de la conscience. Freud fournit des preuves.

On pourrait « contester » l'existence d'un inconscient chez l'homme sain.

Contre cette thèse, Freud argumente sur le principe du « aussi bien » : aussi bien l'homme bien portant, que le patient.

Avec des exemples facile à reconnaître pour soi-même, en ce qui concerne « l'homme sain » : les actes manqués, les rêves. Domaine immense, constamment présent dans notre vie quotidienne. Pour ce qui concerne le malade, Freud simplifie le vocabulaire médical en utilisant le terme générique : « tout ce qu'on appelle symptômes psychiques », quitte à employer aussi le terme plus technique de « phénomène compulsionnel ».

Mais les deux expressions renvoient bien à l'idée d'inconscient.

Tout symptôme est symptôme de quelque chose d'autre (un état psychique qui renvoie à un autre état psychique…) Quant à la compulsion, elle estcette tendance forte à répéter des situations névrotiques qui ne peut s'expliquer que par référence à uninconscient. Freud apporte aussi son témoignage de praticien : « notre expérience quitidienne la plus personnelle ».

En se référant au même modèle que précédemment : d'une part, des idées qui nous viennent sans que l'origine soitconsciente (et qui ne peuvent donc s'expliquer que par un autre rattachement : le rattachement à l'inconscient).D'autre part des « résultats de pensées » qui sont ces « actes psychiques » dont l'élaboration nous demeure cachée, sauf à les rapporter à d'autres actes psychiques, qui ne peuvent s'expliquer que par le recours àl'inconscient. Enfin, Freud résume les conséquences des deux hypothèses.

D'abord celle de ses adversaires, relativement disqualifiée au moment même de sa présentation (« si nous nous obstinons à…. »), puisqu'elle fait songer à une crispation sur une théorie ancienne & dépassée.

En bref, si l'on ne recourt pas à l'hypothèse de l'inconscient, lesactes conscients qu'on peut rassembler (et puisqu'on rejette l'hypothèse de l'inconscient, ce sont les seuls actesqu'on peut mettre bout à bout), compte tenu de leur caractère lacunaire, « demeurent incohérents et incompréhensibles ».

On voit comment Freud met en cause le privilège classique de la conscience : alors que la conscience est habituellement définie comme ce qui donne sens, le recours à la conscience fait de la suite desactes conscients collectés quelque chose d'insensé, à la fois dans son apparence (incohérence) et dans sa réalité(incompréhensible). Au contraire, Freud , exposant sa thèse, introduit l'inconscient (« nous interpolons les actes inconscients inférés »). Dès lors est comblé ce qui jusque-là était lacunaire.

L'accumulation « s'ordonne ».

Un ensemble cohérent se dessine.

C'est l'inconscient (et non la conscience) qui donne sens.. »

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