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Peut-on concevoir l'histoire comme un progrès de la raison ?

Publié le 26/01/2004

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histoire

PROGRESSER /PROGRÈS: * Progresser: évoluer du moins bien vers le mieux, (s') améliorer. * Progrès: 1) Passage graduel du moins bien vers le mieux, évolution dans le sens d'une amélioration. 2) Le Progrès: marche en avant de la civilisation, par le biais du développement des sciences et techniques. RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie).

PEUT-ON : Ce genre de sujet interroge sur la capacité, la faculté, la possibilité de faire ou de ne pas faire quelque chose, d'être ou de ne pas être. Il faudra distinguer la possibilité technique et la possibilité morale.

Nos journaux regorgent de statistiques et de comparaisons entre notre époque et le passé. Le chômage a baissé ou augmenté d'une certaine quantité depuis 10 ans, notre niveau de vie et notre bien-être se sont aussi modifiés au cours du temps. Par conséquent, la modification des éléments de nos vies, que l'on peut quantifier, ou de nos sociétés fait l'objet d'une interprétation constante. Nous concevons cette modification comme un progrès ou dégradation. Cependant les indicateurs statistiques ne sont pas les seuls à progresser ou à se dégrader, de nombreux penseurs ont ainsi présenté leurs oeuvres comme une progression par comparaison avec les oeuvres déjà écrites. Ainsi Kant présente t il son oeuvre comme une progression par rapport à l'idéalisme et à l'empirisme classique. Or, Kant se concentre sur l'étude de la raison en en prescrivant un nouvel usage qu'il estime plus approprié que l'usage que l'on en faisait jusqu'ici. Après Kant la raison aurait progressé puisqu'elle trouvé ses limites et un usage légitime. C'est cette conclusion qu'il s'agit d'interroger en se demandant si on peut concevoir l'histoire comme un progrès de la raison.

Le sujet interroge notre capacité à interpréter l'histoire comme un progrès de la raison, c'est à dire le sens que l'on peut donner à l'histoire. Il s'agira donc de voir pourquoi l'histoire peut être interprétée comme un progrès et si ce progrès peut être celui de la raison.

Pour ce faire, nous étudierons tout d'abord pourquoi l'histoire peut être conçue comme un progrès pour voir ensuite si c'est la raison qui progresse à travers l'histoire et enfin que l'interprétation de l'histoire comme progrès de la raison, si elle est possible, n'est pas nécessaire.

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« 3.

Pour autant cette interprétation est-elle nécessaire ? Ainsi, il s'agit d'interpréter la succession historique pour montrer qu'elle est un progrès de la raison.

Pour ce faire, ils'agit de repérer les éléments de la rationalité de l'histoire en étudiant la succession historique pour montrer quel'histoire est rationnelle et qu'elle progresse.

Nous nous rapprochons ainsi des thèses de Hegel dans La raison dans l'Histoire .

Hegel appelle la « dynamique » de l'histoire « dialectique » et montre qu'elle est un développement de la raison parce qu'elle présente la progression du savoir.

Pour Hegel ce sont les peuples qui progressent à traversl'histoire et qui sont conduits par de « grands hommes ».

Ces peuples progressent vers le savoir absolu et vers laliberté.

En effet, concevoir que l'histoire est un progrès revient à soutenir qu'elle se dirige vers un but.

Pour Hegell'étude de la société antique, par exemple, montre que l'histoire progresse vers l'Etat et la liberté.

Le désordreapparent de l'histoire laisse donc place au progrès lorsque l'on l'interprète correctement. On peut donc interpréter l'histoire comme le progrès de la raison en montrant que la contingence apparente del'histoire n'est que superficielle.

Pourtant, la progression du savoir conduit-elle nécessairement à une plus grandeliberté ? Dans l' Histoire de la sexualité Michel Foucault lutte contre une interprétation courante de l'âge classique comme période de répression de la sexualité.

Notre époque, au contraire, serait le moment d'une libération de lasexualité.

Interpréter ainsi le rapport entre ces deux époques nous conduit à concevoir une progression, nousserions plus libres sexuellement.

Pourtant, Foucault lutte contre cette conception en montrant que si nous« parlons » beaucoup plus de sexe qu'on ne le faisait à l'âge classique, nous ne sommes pas plus libres.

La parole nevise en fait qu'à la normalisation de nos conduites et non pas à leur libération.

Il s'agit de « connaître » nospratiques pour les corriger et non pas de les libérer par la connaissance puisque Foucault grâce, par exemple, à uneplus grande médicalisation de nos comportements sexuels.

En conséquence la dialectique hégélienne semble êtremise à mal par la position de Foucault qui disjoint savoir et liberté. Cependant, Foucault met à mal la dialectique hégélienne de manière cruciale en montrant qu'il n'est pas nécessairede dépasser la contingence apparente des événements historiques mais que nous pouvons l'accepter.

Ainsi, dansLes mots et les choses Foucault montre-t-il qu'il n'y a pas une rationalité mais des rationalités.

Notre savoir n'est pas identique selon les époques.

Quand Hegel pensait l'Histoire comme un développement graduel, Foucault montrequ'il existe des « ruptures épistémologiques », c'est à dire des ruptures dans notre savoir.

Ainsi, alors que nousestimons que notre biologie provient directement de l'histoire naturelle classique Foucault montre que l'histoirenaturelle et la physique répondent à des logiques et à des exigences parfaitement différentes.

Nous avons mêmecréé des objets de savoir (l'homme comme objet des sciences sociales) qui n'existaient pas auparavant.

Enconséquence, Foucault montre que l'on peut interpréter l'histoire non pas comme le développement, et a fortiori le progrès, de la raison mais comme la juxtaposition de périodes qui sont gouvernées par des rationalités, différenteset que cette succession est contingente, c'est à dire qu'elle ne se dirige pas vers la réalisation d'un savoir absolucomme chez Hegel. Conclusion L'existence de l'oeuvre d'Hegel La raison dans l'histoire , nous pousse à répondre de manière affirmative à la question « peut-on concevoir l'histoire comme un progrès de la raison ? ».

Hegel montre en effet qu'il est possible dedépasser l'apparente contingence de la succession historique pour l'interpréter comme le développement de larationalité, c'est à dire comme la progression de l'histoire vers un savoir absolu et vers la liberté. Pourtant, cette interprétation n'est que possible et non pas nécessaire.

L'oeuvre de Michel Foucault montre en effetque l'on peut s'accommoder de la contingence historique et l'interpréter comme la succession de formes derationalités plutôt que comme la progression d'une rationalité.. »

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