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Peut-on concilier croissance économique et développement durable ?

Publié le 17/01/2011

Extrait du document

«  Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent «. Cet adage vieux de plusieurs siècles d’un Chateaubriand pessimiste n’a jamais été aussi d’actualité. En effet, le rythme de croissance moderne fait de plus en plus pression sur l’environnement, et il est urgent d’envisager des solutions afin de préserver l’habitat. Mais dans une société où des objectifs de croissance forte dans certains pays sont clairement affichés, il semble ardu de prévoir une quelconque lutte pour le développement durable, même si elle n‘est pas impossible.

La notion de  développement durable a été définie en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le rapport de Bruntland. Ainsi le développement durable est « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs «, il ne se limite pas uniquement à l’environnement mais concerne plusieurs aspect, notamment sociaux puisqu’il implique la baisse des inégalités par exemple. Face à l’urgence de la crise écologique et sociale qui se manifeste partout, puisque la précarité et la pollution n’ont pas de frontières, avec le changement climatique, la raréfaction des ressources naturelles, les écarts entre pays développés et sous développés et autres, le développement durable est un concept qui concerne tout le monde (l’Etat, les acteurs économique et la société en générale) afin de reconsidérer la croissance économique à l’échelle mondiale pour mieux prendre en compte les aspects écologiques, environnementaux et sociaux du développement.

Ainsi dans le contexte actuel des choses, on est en droit de se demander si la croissance économique est compatible avec un développement durable.

C’est pourquoi nous verrons tout d’abord qu’à priori, la croissance économique n’est pas compatible avec le développement durable puisqu’elle nuit au bien-être des générations futures , mais qu’il est indispensable pour l’avenir de ne pas combiner développement durable et croissance. 

 

PARTIE 1 . A priori, la croissance économique n’est pas compatible avec le développement durable puisqu’elle nuit au bien-être des générations futures

 

La croissance actuelle des pays développés évolue à un rythme non soutenable qui porte atteinte à l’environnement et conduit à l’augmentation des inégalités.  

A partir de la seconde moitié du XXe siècle, la croissance des pays développés s’est considérablement accentuée, de nouveau mode de production mais aussi de consommation sont apparus. Ainsi, les conditions et le niveau de vie de la population ont pu s’améliorer. C’est pourquoi les pays disposant d’un PIB élevé sont aussi plutôt bien classé en terme de développement, puisque la richesse est une condition indispensable du développement même si elle ne suffit pas.  Par exemple, pour un PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat similaires, au classement de l’IDH les Etats-Unis sont classés 10e tandis que la Norvège sont premiers.  L’IDH signifie l’indicateur de Développement Humain, il est de caractère composite (il prend en compte la longévité, le savoir et le niveau de vie) et permet donc mieux qu’un indicateur purement monétaire de rendre compte de la dimension qualitative du progrès socio-économique.  De même, l’indice de Gini, qui mesure l’inégale répartition des revenus dans un pays, est beaucoup plus élevé aux Etats-Unis où il est de 40,8 qu’en Norvège où il est de 25,8. 

En plus d’entraîner des inégalités la croissance économique évolue à un rythme non soutenable d’un point de vue écologique.

En effet, une croissance économique élevée signifie une augmentation de la production qui engendre une émission importante de CO2, la pollution des eaux, la destruction de nombreux écosystèmes, la surexploitation des ressources naturelles et des énergies. On constate ainsi que pour un PIB par habitant similaire, un norvégien consomme deux fois plus d’électricité qu’un habitant des Etats-Unis. Néanmoins, entre 1980 et 2002 la consommation d’électricité dans ces pays développés n’a que très peu augmentée, il en est de même pour la croissance annuelle du PIB sur la période 1980-2003 qui a augmenté de 2,9% en Norvège et de 2,1% aux Etats-Unis. Cependant, c’évolution n’est pas semblable dans les pays émergent tel que la Chine qui entre 1980 et 2002 a vu sa consommation d’électricité par habitant passée de 307KWh à 1484 Kwh, soit une multiplication par cinq, il en est de même pour la croissance annuelle du PIB qui est 8,5% sur la période 1990-2003.  

De la sorte, la croissance économie contribue à l’épuisement des ressources naturelles, notamment des énergies fossiles telle que les hydrocarbures. Ainsi la consommation de pétrole tend de plus en plus à dépasser les découvertes annuelles, le rapport entre découvertes et consommation s’élevait à - 20 milliards de barils en 2004, alors qu’il était à 31 milliards de barils en 1965. On puise de plus en plus dans les réserves de pétroles, ce qui remet en cause la soutenabilité de cette consommation à long terme.

Alors que les pays développés connaissent un ralentissement de leur croissance, les pays émergent eux rencontrent une accélération de leur croissance économique, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement. 

Ainsi comme on l’a rappelé précédemment la Chine connaît actuellement croissance annuelle du PIB supérieure à 8%, il en est de même pour l’Inde où la croissance annuelle du PIB est d’environ 6,5%. Cette croissance élevée voire surélevée est due à une volonté de « rattrapage « d’un point de vue économique des pays développés, cependant ce rattrapage pose problème. En effet, il induit des problèmes environnementaux, ainsi on constate dans le document 5 que la consommation d’électricité en Chine a été multipliée par cinq entre 1980-2002, l’exploitation des ressources dans ces pays émergements est donc extrêmement élevée, ce qui peut amener à une surexploitation. 

De plus notons aussi que les pays développés sont soumis à certains objectifs ou normes. Ainsi dans le cadre du protocole de Kyoto ratifié en 1997, plusieurs pays dont la France ce sont engagés à réduire de 5,2% les émissions de gaz à effet de serre en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990. Il existe aussi certaines réglementations qui interdisent dans ces pays développés l’usage de pesticides, d’engrais, ou d’autres produit qui nuisent à l’Homme et à l’environnement. Toutefois, ce n’est pas le cas des pays émergents qui ne se voit imposer aucune règlementation environnementale dans le soi-disant but de ne pas vouloir freiner leur développement. De cette manière, on remarque que pour « produire une tonne de légumes, la Tunisie gaspille dix fois plus d’eau que l’Italie «, de même pour la Chine qui pour la fabrication du même produit « consomme dix fois plus d’énergie que le Japon «. 

Il est aussi nécessaire de rappeler que les pays émergents ne dispose pas des mêmes moyens financier que les pays développés pour protéger l’environnement, et que selon Sylvie Brunel les pays développés font preuve d’hypocrisie en accusant les pays du Sud de contribuer à l’augmentation de la pollution mais en ne partageant pas avec eux leur savoir. En effet, de nombreuses entreprises polluantes sont délocalisées dans les PED, étant donnée l’absence de normes environnementales. Par exemple, Denis Clerc dans Alternative Economique n°294 dénonce l’attitude de la France. Cette dernière respecte formellement ses engagements fait lors du protocole de Kyto avec 439 millions de tonnes de CO2 émises en 2007, mais pour cela elle a délocalisé une partie de sa production industrielle et en comptant les importations nettes puis en ôtant les exportations, nous sommes à l’origine de 545 millions de tonnes de CO2 rejetés, ce qui correspond à 30% de plus que ce qui était prévu dans le protocole de Kyoto.  

De plus à côtés des « cartoneros « installés en Uruguay et en Argentine, qui vivent de la vente des déchets de leurs déchets, d’autres pays reçoivent les nombreux déchets du monde entier comme par exemple les régions pauvres en Inde qui reçoivent des déchets informatiques.

 

Alors qu’à priori la croissance économie a aboutit à une dégradation de l’environnement, et donc ne semble pas en adéquation avec le principe du développement durable, des solutions peuvent être envisagées pour associer ces deux notions.

 

PARTIE 2. Cependant, il semble indispensable pour l’avenir de ne pas combiner développement durable et croissance.

 

Le progrès technique peut permettre de rendre compatible accroissement des richesses et développement durable et aux rythmes de croissances actuels, il est impensable de ne pas prendre en compte la protection et la sauvegarde de l’environnement dans le progrès technique, sans quoi cela risquerait au final de nuire à la croissance. 

Ainsi la technologie permet d’une part d’utiliser des techniques moins polluantes qui règlent en partie les problèmes environnementaux sans pour autant nuire à la croissance. Par exemple, depuis le Mondial  de l’automobile 2010 à Paris, on entend surtout parler des voitures électriques comme la iOn de Peugeot, de même Toyota et Hyundai travaillent sur la voiture hydrogène attendu pour l’un en 2012 et pour l’autre en 2015. De cette façon, qu’elle soit hydrogène ou électrique, la voiture de demain roulera sans émission de carbone et donc en respectant l’environnement.. De plus les PED ont tendance à polluer plus que les pays développés ce qui est confirmé par le document 1 lorsqu’il est dit que « pour fabriquer le même produit (une voiture par exemple) la Chine consomme dix fois plus d’énergie que le Japon et les Etats-Unis «. Ainsi pour contrer cette pollution, les pays développés doivent transférer leurs technologies nouvelles aux PED, la protection intellectuelle des brevets devraient être limités sur certains produits, puisque la pollution n’a pas de frontières. Ainsi le recyclage des déchets qui se développe de plus en plus dans les pays développés et qui permet de diminuer la pollution est quasi-inexistant dans certains PED,  certaines nations pauvres vivent de ces déchets comme les « cartoneros « à Buenos Aires par exemple.

La technologie permet aussi de trouver de nouvelles sources de matières premières ou d’énergies , notamment les énergies renouvelables qui ont un impact différent de celui des énergies existantes sur l’environnement.  De cette façon, dans le document 2 on constate que la production d’électricité d’origine renouvelable en France à été multipliée par deux, avec une forte utilisation des éoliennes et du biogaz. Néanmoins, toutes les idées ne sont pas bonnes à prendre, ainsi l’utilisation des agro carburants s’est révélée décevante puisqu’elle a entraîné une agriculture intensive.

A l’avenir la croissance pourra être plus respectueuse de l’environnement.

Subséquemment, l’activité économique repose de plus en plus sur le secteur tertiaire. Toutefois, ce secteur n’est pas forcément polluant. Ainsi le développement des services à la personne n’entraîne pas forcément une dégradation de l’environnement.

On note aussi une volonté politique de plus en plus forte qui s’avère primordiale pour respecter un véritable développement durable.

En effet, dès 1972 le concept d’écodéveloppement apparaît lors de la conférence sur le développement organisée par l’ONU à Stockholm, il consiste à réconcilier deux approches apparemment antagonistes, celle du développement humain et de l’environnement, et contribue à remettre en cause les modes de développement. Vient ensuite le rapport de Bruntland en 1987 qui donne une définition précise du développement durable : un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.  Néanmoins c’est à partir des années 1990 que la volonté grandissante des dirigeants se fait ressentir, avec le protocole de Kyoto en 1997 on fixe des objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Cependant, les pays émergents, tels que la Chine et l’Inde, qui vont rapidement devenir les premiers pollueurs de la planète, sont exclus du protocole de Kyoto afin de favoriser. De même les Etats-Unis, premier émetteurs de CO2 à l’échelle mondiale n’ont toujours pas ratifié le protocole de Kyoto. Ajoutons aussi, que ce protocole entraîne la création d’un marché des droits à polluer de la sorte les entreprises dépassant les quotas d’émission de CO2 peuvent en acheter à d’autres qui n’ont pas atteint ces quotas.

De plus si l’on veut que cette lutte pour le développement durable soit efficace, il faut y impliquer les PDG des firmes multinationales. Ainsi lors du Sommet de Johannesburg en 2002 quelques grandes entreprises françaises était présentes, où plus de cents chefs d’Etat, plusieurs dizaines de milliers de représentants gouvernementaux et d’ONG ratifient un traité prenant position sur la conservation des ressources naturelles et de la biodiversité.

Néanmoins l’impact de ces mesures reste limité. Ainsi, le Sommet de Copenhague fin 2009, ou encore en France, le Grenelle de l’environnement et la taxe carbone sont des échecs. Et la conférence de Cancùn prévue pour ce mois de novembre ne s’annoncent pas plus glorieuse.

 Pour finir, les droit de l’homme ne sont toujours pas respectés dans de nombreux pays, de même que les droits élaborées dans le cadre de l’organisation du travail puisque dans beaucoup de PED la législation qui concerne le travail des enfants est souvent bafouée. 

De nombreuses mesures sont donc à prendre afin d’assure un développement durable pour les générations futures

 

  En conclusion, il s’avère que si la croissance économique telle que nous la connaissons aujourd’hui’ génère des effets pervers et des externalités négatives difficilement compatible avec le développement , il n’en demeure pas moins une nécessité pour les générations à venir de concilier ces deux notions à l’avenir. Pour cela il faut en plus d’une prise de conscience générale de la part de la population mondiale incluant les pays émergents tel que la Chine et l‘Inde, instaurer des normes et mesures concrètes visant à préserver le monde dans lequel nous vivons, il faut aussi développer le progrès technique pour trouver des alternatives à notre mode de production et de consommation. Ces solutions doivent être mise en œuvre à l’échelle mondiale afin d’être réellement efficace.

Cependant, le Sommet de Copenhague fin 2009, ou en France, l’enlisement du Grenelle de l’environnement et l’échec de la taxe carbone montrent combien la version écologique de nos économies reste difficiles à engager dans des sociétés et dans un monde aussi inégalitaires que les nôtres.

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