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Peut-on se connaître soi-même ?

Publié le 04/02/2004

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L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles. Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est  donc un compromis entre le  désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et morales que j'accepte. « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi. C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique ». La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud, o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨      De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et  les rêves ; ¨      De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite le patient. Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir. Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et ne contrôle pas , puisse recouvrer sa liberté.

« « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreillecontre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seul [...] Celasignifie d'abord qu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience.

Rien donc,à quoi je puisse rapporter mes actes pour les qualifier.

Ils ne sont nullementconnus, mais je les suis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leurtotale justification.

Je suis pure conscience des choses [...].

Cela signifieque, derrière cette porte, un spectacle se propose comme « à voir », uneconversation comme « à entendre ».

La porte, la serrure sont à la fois desinstruments et des obstacles : ils se présentent comme « à manier avecprécaution » ; la serrure se donne comme « à regarder de près et un peu decôté », etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ; aucune vuetranscendante ne vient conférer à mes actions un caractère de donné surquoi puisse s'exercer un jugement : ma conscience colle à mes actes, elle estmes actes ; ils sont seulement commandés par les fins à atteindre et par lesinstruments à employer.

Mon attitude, par exemple, n'a aucun « dehors », elleest pure mise en rapport de l'instrument (trou de la serrure) avec la fin àatteindre (spectacle à voir), pure manière de me perdre dans le monde, de mefaire boire par les choses comme l'encre par un buvard [...]. Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans monêtre et que des modifications essentielles apparaissent dans mes structures [...]. D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie.

C'est même cette irruption dumoi qu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire [...] ; pour l'autre je suispenché sur le trou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent.

[...] S'il y a un Autre, quel qu'il soit, oùqu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pursurgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence de l'autre.

» Sartre , « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp.

305-306. Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience.

Dans le premier, une conscience solitaire est occupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une serrure ce qui se passe derrière la porte.

Cette conscience estalors entièrement livrée à la contemplation du spectacle jusqu'à s'y fondre; elle est tout entière ce spectacle qu'elleregarde, elle est la série des actes motivés par la jalousie (se pencher, ne pas faire de bruit, regarder).

Cetteconscience ne se connaît même pas comme jalouse (ce qui supposerait un recul réflexif): elle est rapport au mondesur la mode de la jalousie.

La conscience n'a pas de consistance propre qui lui permette de s'appréhender commemoi; elle se confond immédiatement avec toutes ces choses sur lesquelles elle s'ouvre. Brusquement surgit un autre (j'entends des pas, on me regarde): je suis surpris, il va penser que moi, je suisjamoux.

C'est alors (dans le cadre d'une expérience de la honte d'avoir été surpris) que ma jalousie prendconsistance (et par là-même aussi mon être comme jaloux); elle n'est plus seulement une manière diffuse d'agir dansce monde: elle est cette qualification de ma personne, ce jugement sur moi porté par un tiers.

Je suis quelqu'un, jene suis plus une pure ouverture sur le monde: on me détermine comme un homme jaloux (on me donne une " nature ”, je deviens " quelque chose ” sous le regard de l'autre (autrui me chosifie). Mais au moment où je deviens quelqu'un, je suis dépossédé de moi-même: c'est à l'autre de décider si je suis uncurieux, un jaloux ou encore un vicieux. • Si on pouvait se connaître soi-même, cela signifierait qu'on pourrait se posséder de façon définitive.

Or l'êtrehumain est en perpétuelle évolution.

Sa liberté lui permet à chaque instant de changer le cours de son existence.C'est ce que montre Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme : chaque homme invente à chaque instant savie.

Le cours de son existence n'est jamais figé ni fixé d'avance.

L'homme n'a pas de nature, d'essence prédéfinies, ilest pro-jet, choix libre d'exister. • Enfin, l'existence de l'inconscient prouve qu'un certain nombre de nos actes et même de nos pensées nouséchappent et nous demeurent cachés.. »

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