Peut-on considérer que toute matière est vivante ?

« simple particulier.

Le choix du rôle est l'affaire d'un autre.

» (Pensée 17). Schelling soutient cette idée en affirmant qu'il y a une identité absolue entre l'esprit et la nature: «La natureest l'esprit visible, l'esprit la nature invisible» (L'Âme du monde). [Il y a une rupture qualitative entre la matière inerte et les organismes vivants.

Les objets minéraux ne sont doués ni de vie, comme les plantes, ni de vie et de conscience, comme les hommes.] Il y a rupture entre le minéral et le vivantDe toute évidence, les minéraux ne sont pas vivants: ils ne se nourrissent pas, ne se reproduisent pas, nemeurent pas.

Ils sont à peu près immuables et éternels, à l'échelle humaine.

Il y a donc une différencequalitative entre l'inerte et le vivant, et les processus physico-chimiques ne suffisent pas à produire la vie.C'est bien ce qui nous fait dire qu'il n'y a pas de vie sur la Lune. La vie organique a des propriétés spécifiquesCertes, le corps humain est fait de matière; il est même constitué aux trois-quarts d'eau.

Toutefois, lespropriétés de la chair vivante ne se laissent pas réduire à celles de ses éléments chimiques constituants.

Lesorganismes vivants ont leur fonctionnement propre, à une autre échelle que le niveau moléculaire.

Ce qui faitque la vie reste peut-être un mystère, mais on ne peut pas dire qu'elle est une propriété de la matière. La matière n'a pas d'âmeMême si l'on est croyant, il est absurde de considérer que l'univers entier a une âme.

Cela voudrait dire queles étoiles ou les plantes ont aussi une conscience.

Or, celle-ci, jusqu'à preuve du contraire, n'appartient qu'àl'espèce vivante la plus évoluée: l'homme. [] La définition de la vie reste problématique.

Mais on l'oppose intuitivement à la matière inerte, cosmique ouminérale.

Quant au problème de l'origine de la vie (comment est-on passé d'éléments chimiques inertes aupremier organisme vivant?), il reste toujours sans réponse, du point de vue scientifique, malgré de nombreuseshypothèses.

On peut simplement se borner à constater l'existence de deux ruptures dans l'échelle des êtres:une première rupture entre la matière inanimée et la matière vivante; une deuxième entre la matière vivantenon consciente et la matière vivante consciente.

Certains, comme Diderot ou nombre de biologistes actuels,apportent une réponse matérialiste à ce problème essentiel: pour eux, la vie et la conscience ne sont quedeux fonctions évoluées de la matière.

Il reste que pour d'autres, réduire la vie au mouvement de la matièren'est pas satisfaisant; ils préfèrent penser que le mystère de la vie atteste l'origine divine de la création.. »