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Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ?

Publié le 22/01/2005

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• Quel est le sens précis de l'intitulé du sujet ? Est-il légitime d'affirmer, à propos d'une manifestation ou activité synthétique de la personne, qu'elle n'appartient pas à la nature humaine ou à la condition de l'homme ? • Le privilège de l'humanité est-il inscrit en l'homme ? L'humanité se retrouve-t-elle au fond de chaque individu ? Mais alors comment l'être humain pourrait-il être dépossédé de son humanité profonde et universelle ? L'inhumanité de l'homme ne s'inscrit-elle pas au plus profond de son humanité, et, en particulier, au sein de l'imaginaire, gros de toutes les potentialités ? N'est-elle pas aussi le reflet de cette inhumanité radicale qu'est la mort, inscrite au plus profond de la vie de l'homme ? Tel est le problème soulevé par le sujet. Le problème, comme la question, nous apportent un gain de pensée dans le champ imaginaire, historique, etc. Que faire de ce qu'il y a d'inhumain dans l'homme ? Il aurait été possible d'adopter une autre démarche. Un des problèmes soulevés par le sujet aurait consisté à se demander comment on peut caractériser les limites de la condition humaine, afin de déterminer ce qui n'en fait pas partie. Il apparaît rapidement, à l'analyse, que ces limites sont liées à la culture particulière constitutive de chaque société, et que l'acte inhumain est celui qui franchit ces limites : un acte inhumain se définit donc dans un milieu social déterminé, il est jugé comme tel par rapporta des références particulières définissant la condition humaine dans un groupe humain déterminé. Les notions d'humain, de condition humaine et par conséquent d'inhumain sont des notions fondamentalement culturelles, elles n'appartiennent que très partiellement à la nature. Le sentiment d'horreur connoté généralement par la notion d'inhumanité montre bien qu'il s'agit d'une idée essentiellement culturelle et donc relative. Par exemple. : les sacrifices humains rituels pratiqués dans certaines sociétés étaient considérés comme faisant partie de l'humanité pour celles-ci, alors qu'ils paraissent parfaitement inhumains dans les sociétés occidentales. Un plan progressif, par approfondissement de la notion d'inhumain, permettrait de structurer le devoir.

« Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.

Quand je pose l'autrecomme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, unesurface à observer et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments duvisage sont eux-mêmes réductibles à des unités plus petites.

Ce rapport est un rapport théorique qui ne medonne pas véritablement autrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôtqu'elle ne s'ouvre à l'altérité du donné.

En posant autrui comme objet, je reste seul.La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible auxsimples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente unepauvreté.

L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, lapossibilité physique de tuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.Autrui nous est livré dans une dimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer. L'homme peut être dénué de conscience moraleAmoral est le criminel qui viole, torture, puis tue ses victimes.

Ses actes sont totalement inhumains.

On nepeut même pas dire qu'il obéit à un instinct animal.

L'animal tue par nécessité et n'en tire aucune jouissance«sadique».

L'intérêt, l'ivresse du pouvoir, le fanatisme peuvent également conduire les hommes à commettredes crimes innommables.

Il n'est que de penser aux atrocités commises dans les camps de concentrationallemands. Celui qui ne domine plus ses instincts est inhumainA l'origine des règles sociales, morales, des lois, il y a la nécessité de contrôler les instincts.

Ce contrôle apour but de favoriser la vie collective et la collaboration entre les êtres.

L'homme a besoin de son semblable.Ne plus dominer ses instincts revient à nier autrui.

Une telle attitude est parfaitement inhumaine.

[Si l'homme est un être humain, tous les actesqu'il accomplit sont humains.

Même lorsqu'il tortureson prochain, il n'agit pas à la manière d'une bête. Seul l'être humain connaît le bien et le mal.] La notion d'humanité n'est pas seulement synonyme de grandeur C'est le XVIIIe siècle qui a attribué à l'humanité toutes les vertus.L'homme est bon par nature, dit Rousseau. Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.

On peut l'interprétercomme une condamnation radicale de toute société qui dépravantl'homme le rendrait malheureux.

Et ce sera la postérité romantique deRousseau qui exaltera l'individu incompris.

Le Werther de Goetheappartient à cette lignée.

Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendredans un sens aussi radical.

La Société n'est pas corruptrice paressence, mais seulement un certain type de société.

A vrai dire, toutescelles qui reposent sur l'affirmation de l'inégalité naturelle des hommes,oppriment l'immense majorité au profit d'une minorité de privilégiés de lanaissance et de la fortune.

Si en effet, on examine attentivement lesinégalités entre les hommes, seules celles de leurs possessionsmatériel-les qui, par des mécanismes comme l'héritage, sontprovoquées par le type d'organisation de la société, sont indéniables.Mais c'est un sophisme, ou à tout le moins un jugement précipité deconclure que de telles inégalités ont pour origine des différences denature.

Si l'on dépouille par la pensée l'homme de tout ce qui chez luirelève du social, et donc du hasard, c'est bien l'égalité qui nousfrappera : l'habileté de l'un peut compenser la force de l'autre.Rousseau reprend ici l'affirmation de l'égalité naturelle proclamée par les penseurs de l'école du droit naturel.

L'homme de la nature, c'est donc la nature de l'homme.• L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulier de l'animal par sa perfectibilité.Ce qu'il est naturellement en puissance ne peut s'actualiser que dans la vie en commun.

Ce n'est que parcequ'il vit en société que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct.

Il estdonc le produit de l'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation.

Et le problème. »

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