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Peut-on dire avec Bachelard que "l'opinion ne pense pas" ?

Publié le 17/04/2004

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bachelard

Par contre si nous étions livrés tout entiers à la société, c'est du côté du général, de l'utile, du convenu que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre convention. En fait la vérité scientifique est une prédiction, mieux une prédication. Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification: le monde scientifique est donc notre vérification. Au-dessus du sujet, au delà de l'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet. Dans la pensée scientifique la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet.       [...] Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure.     Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments.

Le sens de la citation de Gaston Bachelard « L’opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit ses besoins en connaissance « ne semble pas évident à la première lecture… De quoi veut-il parler quand il mentionne l’opinion ? Comment l’opinion pourrait « traduire ses besoins en connaissance « ?  Dans le sens ordinaire, l’opinion correspond à un jugement porté sur un sujet, qui ne relève certes pas d’une connaissance rationnelle, mais cela suffit-il pour dire que l’opinion ne pense pas ?

bachelard

« Ensuite, Galilée , pour vérifier ses hypothèses, a construit, après avoir conçu, un dispositif technique.

C'est en ce sens que l'on peut parler du début de l'expérimentation et de la rupture avec l'observation courante. Le trait de génie de Galilée consiste en l'association de la science et de la technique et en l'élaboration d'un mécanisme permettant de mesurer les rapports entre les paramètres sélectionnés.

Le dispositif permet aussi decalculer les variations réciproques de l'espace et du temps et d'établir que la distance parcourue par le mobile estproportionnelle au carré du temps de la chute. Enfin, Galilée a su négliger ce qui devait l'être.

ainsi, il n'a pas tenu compte des forces de frottement de la boule sur le plan ou de la résistance de l'air, qui, ralentissent la chute. Kant a su montrer en quoi l'expérimentation rompait avec l'observation : en quoi ici la théorie prenait le pas sur la simple réception de l'expérience première, et en quoi l'effort scientifique visait à poser une question précise à la nature, en inventant les moyens de la contraindre ànous répondre. « Lorsque Galilée fit rouler ses boules sur un plan incliné avec un degré d'inclination qu'il avait lui-même choisi [...] une lumière se leva pour tous les physiciens.

Ils comprirent que la raison ne perçoit que ce qu'elle produitelle-même d'après ses propres plans, qu'elle doit prendre les devants [...] et forcer la nature à répondre à sesquestions [...] car sinon les observations, faites au hasard, sans plan tracé d'avance, ne se rattacheraient pas àune loi nécessaire, ce que la raison pourtant recherche et exige. » Reste à montrer grâce à un exemple pourquoi Bachelard déclare que l'esprit scientifique « juge son passé en le condamnant ».

Bachelard affirme : « Il n'y a pas de transition entre le système de Newton et le système d'Einstein .

On ne va du premier au second en amassant des connaissances [...] Il faut au contraire un effort de nouveauté totale.

» Pour Bachelard en effet, les idées et connaissances héritées finissent par former une sorte « d'inconscient » scientifique, qui produit l'impression que tel ou tel axiome, tel ou tel concept sont évidents et vont de soi. Or, « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence, toute expérience nouvelle malgré l'évidence immédiate. » Bachelard se sert de l'exemple de l'idée de simultanéité pour le montrer.

L'idée de simultanéité est une idée simple, évidente, immédiate. Autrement dit une question que l'on n'éprouve pas le besoin de se poser.

Dans la physique de Newton, si l'on doit, pour étudier le mêmemouvement dans deux repères différents, changer les coordonnées spatiales, il va de soi que la coordonnée temporelle reste identique.

Le mêmephénomène est pensé comme simultanéité dans les deux repères différents.

Or, c'est un fait que la mécanique d' Einstein a su montrer que cette idée prétendument simple de simultanéité était en réalité complexe, et que le temps s'écoulait différemment pour deux observateurs animés devitesses différentes.

On connaît le paradoxe des jumeaux de Langevin .

Si l'on envoie l'un des deux jumeaux dans l'espace à une vitesse proche de celle de la lumière, il ne vieillira pas au même rythme que le jumeau resté sur la terre. Cela signifie que l'on passe d'une théorie à l'autre par une redéfinition des concepts initiaux, des notions fondamentales de la physique (ici le temps, mais la physique ondulatoire a amené à une redéfinition de la notion decause).

Il ne s'agit donc pas d'une transition d'un système à un autre, mais d'une révolution, et d'une mutation dansles méthodes et les concepts.

De ce que Bachelard nomme une déformation.

La notion de temps voit son sens radicalement renouvelé du système de Newton à celui d' Einstein . Le mérite de Bachelard est de montrer que l'esprit a toujours l'âge de ses préjugés.

Si l'obstacle premier, inhérent à l'acte même de connaître est la connaissance commune, l'opinion, reste que « l'esprit scientifique est essentiellement une rectification du savoir, un élargissement des cadres de la connaissance.

Il juge son passéhistorique en le condamnant » A une époque qui sombre volontiers dans l'apologie naïve de la science, il n'est pas inutile de rappeler que celle-ci se nourrit de révolutions, de ruptures, s'élabore contre les pensées et les théoriesantérieures.

L'audace scientifique n'a rien à voir avec l'image de calme accumulation de connaissance que le grandpublic s'en fait.. »

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