Devoir de Philosophie

Peut-on dire avec Nietzsche que « l'oubli est une forme et la manifestation d'une santé robuste » ?

Publié le 15/04/2009

Extrait du document

nietzsche

• Consulter le livre de G. Deleuze Nietzsche et la philosophie (PUF) notamment de la page 127 à la page 136 pour comprendre la position de Nietzsche. Selon Nietzsche la personnalité saine « agit « ses réactions tandis que la personnalité décadente (et malheureuse, pleine de fiel, de vengeance et de ressentiment) ne sait pas littéralement ré-agir mais res-sent.  L'explication de ce phénomène est à rechercher dans un trouble fondamental de la mémoire.  Selon Nietzsche l'équilibre psychique dépend de la coopération entre trois instances essentielles :  — l'inconscient réactif qui est la mémoire des traces (« appareil végétatif et ruminant «);  — la conscience qui permet l'adaptation de la réaction à l'excitation présente en « agissant « la réaction elle-même;  — la faculté d'oubli qui n'est pas une simple « force d'inertie « mais une force plastique, régénératrice et curative grâce à laquelle les traces mnésiques de l'inconscient réactif sont repoussées en dehors du champ de la conscience.  « Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience, demeurer insensible au bruit et à la lutte que le monde souterrain des organes à notre service livre pour s'entraider ou s'entre-détruire, faire silence, un peu, faire table rase dans notre conscience pour qu'il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles..., voilà... le rôle de la faculté d'oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l'ordre psychique, la tranquillité, l'étiquette. «  Extrait de : Généalogie de la Morale, II, § l.  Autrement dit, selon Nietzsche, si l'individu est englué dans les traces mnésiques de sa mémoire réactive, il est livré au jeu des impressions sensibles et il se révèle incapable de vouloir. Alors la réalité n 'est plus pour lui ce qui peut aiguillonner sa volonté mais ce qui torture sa sensibilité. Il ne ré-agit plus mais il ressent (dans le res-sentiment).  • Méditez ce texte de Nietzsche :  Imaginer l'exemple extrême : un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir; celui-là ne croirait plus à son propre être, il ne croirait plus en soi... Finalement, en vrai disciple d'Héraclite, il n'oserait même plus bouger un doigt. Tout acte exige l'oubli... «  • Prendre en compte que Deleuze, dans le passage de son livre déjà cité, établit un parallèle entre Nietzsche et Freud.  Il établit notamment deux comparaisons significatives:  — entre la théorie nietzschéenne et la théorie freudienne des deux mémoires;  — entre l'idée nietzschéenne d'une corrélation mémoire des traces-volonté de vengeance et le complexe freudien sadique anal.  • L'examen de la légitimité de cette affirmation de Nietzsche ne nous conduirait-il pas à examiner la légitimité des affirmations fondamentales de Nietzsche et de Freud quant à ce qui est sain et fort.  — Voir en particulier l'ouvrage de Nietzsche intitulé Généalogie de la Morale et les études de Freud sur la névrose.

Liens utiles