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Peut-on dire avec un philosophe contemporain que ce n'est pas le déterminisme, mais bien le fatalisme qui est l'envers de la liberté ?

Publié le 24/07/2004

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Mais appliquée au monde naturel, l'idée de finalité apparaît comme irrationnelle, et magie et fatalisme portent la marque de l'anthropomorphisme. En homme de bon sens, La Fontaine conseille de ne pas s'arrêter à ces deux faits ambigus :Ce fils par trop chéri, ni le bon homme Eschyle,N'y font rien : tout aveugle et menteur qu'est cet art,Il peut frapper au but une fois entre mille,Ce sont des effets du hasard. Suite et fin du devoir (un second et dernier code PassUp vous est demandé. Ce code vous coûtera 1,80 euros). CITATIONS: « Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent. « Spinoza, Lettre à Schuller, 1674.Pour Spinoza, l'illusion du libre arbitre vient du fait que les hommes sont tout à fait conscients de leurs actions, mais qu'ils ignorent les causes qui les déterminent. « Aucun physicien ou physiologue qui étudierait minutieusement le corps de Mozart, et tout particulièrement son cerveau, ne serait capable de prédire sa Symphonie en sol mineur d'une manière détaillée. « Popper, L'Univers irrésolu, 1982. Rien, ni dans le cerveau de Mozart ni dans son passé proche ou lointain, ne le prédisposait à composer cette symphonie plutôt que telle « Tout ce qui arrive est nécessaire et utile au monde universel, dont tu fais partie.

« Développement: Cette formule de Sartre que «ce n'est pas le déterminisme mais le fatalisme ô qui est l'envers de la liberté », c'est-à-dire l'inverse, l'opposé, apparaît au sens L commun comme un paradoxe et une énigme, car il n'est guère deconfusion m plus répandue que celle qui identifie le déterminisme au fatalisme.

Alain l'a dénoncée tout au long deson oeuvre, les opposant radicalement, et Sartre, qui d s'y réfère dans le contexte de la formule, se fait de cetteopposition un instrument pénétrant d'analyse sur certains aspects de l'imaginaire.

Pour nous, c'est de face que nousallons attaquer le problème, car ce qui est en question dans le fond, c'est de savoir si l'affirmation de la libertéhumaine est aussi incompatible avec la notion du déterminisme qu'avec celle de fatalisme.

Ce qu'implique justementla formule de Sartre, c'est que seul le règne du fatalisme rend impossible toute liberté, mais que le déterminisme n'enest pas la négation et qu'il s'accorde avec elle. Que signifie le mot fatalisme ? Recourons à l'étymologie qui le rattache au latin fatum, littéralement ce qui est dit,participe passé substantivé du verbe déponent fari, dire, parler, dont la racine se retrouve dans in-fans, qui ne parlepas encore, tout enfant.

Il exprime donc l'idée que l'avenir est irrévocablement inscrit au livre du destin, conceptionqui est au centre de la religion et du théâtre tragique des Grecs comme le mektoub domine les croyancesmusulmanes.

Il suit de là que, selon le fatalisme, l'intelligence et la volonté humaines sont impuissantes à diriger lecours des événements et que la destinée de l'homme, aussi bien collective qu'individuelle, est fixée d'avance, quoiqu'il fasse.Si la notion de fatalisme, personnifiée par diverses divinités allégoriques comme la Moira, l'Ananké, la Tyché, dont onretrouve l'équivalent dans la religion romaine sous les noms de Fatum et de Fortuna, remonte à la plus hauteantiquité grecque, la signification et même l'usage du mot déterminisme sont modernes, ou du moins c'est la sciencedu XIXe et du XXe siècles qui en a défini l'acception jusque-là encore flottante et confuse.

On l'assimilait jusque là àune sorte de fatalisme matérialiste, « idée brutale, dit Proudhon en la condamnant, qui place dans les choses leprincipe de nos déterminations, et fait de l'être pensant le bilboquet de la matière ».

C'est sans doute à ClaudeBernard qu'on doit la consécration et la diffusion du terme dans son sens épistémologique précis, qui fut longtempscontesté et qu'il dut éclairer et défendre : « Ce que nous appelons déterminisme d'un phénomène, écrit-il dans sacélèbre Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865), ne signifie rien autre chose que la causedéterminante ou la cause prochaine qui détermine l'apparition des phénomènes.

On obtient ainsi nécessairement lesconditions d'existence des phénomènes (II, n, § 7).

» Puis, généralisant la notion, il s'élève à cette conceptionphilosophique que le règne des principes de causalité et du déterminisme (qu'il identifie d'ailleurs) est universel dansla nature : « Je pose comme un principe scientifique [...] que dans les phénomènes de la nature brute ou vivante, iln'y a pas d'effet sans cause, c'est-à-dire que quand un phénomène apparaît, c'est qu'il y a une conditiondéterminante de cette manifestation du phénomène (Principes de la médecine expérimentale).

» Il importe toutefois de creuser sous ces définitions et d'analyser philosophiquement les deux notions.

Considéronsd'abord celle du fatalisme.

D'où vient cette idée d'une puissance mystérieuse qui règle d'une façon irrévocable lecours des événements et dicte les arrêts du destin ? Chez les poètes grecs les plus anciens, Homère et Hésiode, ledestin domine même la volonté de Zeus, mais il a néanmoins, comme toutes les divinités de la mythologie païenne,tous les caprices et les fantaisies de la passion humaine.

Le destin est immuable, tout en se communiquant à desêtres inspirés, dont les devins interprètent les transes sacrées comme ils traduisent en clair les messagesénigmatiques des dieux.Ce monde prophétique des oracles, des présages et des prédictions montre que la croyance au fatum exprime unecertaine vénération à l'égard du langage, de la puissance bénéfique et surtout maléfique des paroles.

Ce qui est ditarrivera parce qu'on l'a dit.

C'est que, comme toutes nos idées, le fatalisme est pris primordialement des rapportshumains.

La malédiction veut être une prédiction et il est sûr que quand c'est le chef qui parle, la malédictions'accomplit.

La puissance des sentences humaines rend un certain avenir funeste inévitable, d'autant plus que toutsigne de malveillance s'inscrit dans l'imagination de celui qui en est l'objet et y fait naître une terreur incessante.Aussi, quand nous croyons notre destinée fixée, nous tendons à nous résigner, à ne plus lutter : on ne peut fuir sondestin, dit le proverbe.L'idée fataliste constitue l'essence de la magie, qui consiste à attribuer au mot un pouvoir invisible et immédiat, et ilest vrai que la parole, qui agit sans qu'on voie de contacts et d'intermédiaires, a quelque chose de miraculeux qui adû frapper l'esprit du primitif.

La magie est organisée comme une théologie avec ses dieux et ses formules fixéesd'avance.

Car, plus profondément, la magie se rattache à cette conception primitive du monde qu'A.

Comte appellel'état théologique, où la volonté des diverses divinités provoque l'apparition des phénomènes, « produits par l'actiondirecte et continue d'agents surnaturels [...] dont l'intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentesde l'univers ».

L'homme ne pouvait d'abord que concevoir toutes les activités sur le modèle de la sienne et assimilerles différents phénomènes à ses actes.

Ce qui fait la force de la croyance théologique - nous parlerions aujourd'huid'anthropomorphisme -, c'est que l'homme selon cette croyance peut tout indirectement sur la nature, car il suffitqu'il se rende favorables les divinités, de sorte que, paradoxalement, c'est quand l'ignorance et l'impuissance del'homme sont les plus grandes que sa confiance en son savoir et en son pouvoir est la plus forte.

De plus, il estimpossible d'apporter un démenti à l'opération magique.

Si, par exemple, la conjuration des faiseurs de pluie n'estpas suivie d'effet, c'est au sein de la tribu qu'il faut chercher la cause de l'échec : les « esprits » ne sont passatisfaits.

D'où l'imperméabilité des croyances magiques et fatalistes à l'esprit scientifique.On aura sans doute remarqué la contradiction inhérente à la religion polythéiste des Grecs et des Romains, quiaffirme à la fois l'immutabilité du fatum et la possibilité de fléchir les divinités par des offrandes et des sacrifices,. »

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