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Peut-on distinguer de vrais et de faux besoins ?

Publié le 12/03/2004

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Les faux besoins sont ceux dont l'homme peut se passer sans pour autant mettre en péril sa vie. Les faux besoins sont source de décadence et de corromption (Epicure, Rousseau). Mais, l'homme, par nature, a besoin de satisfaire d'autres besoins que ses stricts besoins vitaux. D'ailleurs se signifient un "vrai besoin" ? L'histoire ne nous apprend-elle pas la relativité et l'évolutivité des besoins de l'homme ? Avoir un téléphone portable est-il un vrai ou un faux besoin au regard de notre société de communication et de consommation ?
  • THESE: [Plus les sociétés humaines se sont développées, plus elles ont engendré de nouveaux besoins. Ces besoins, qui ne possèdent pas le caractère de la nécessité, peuvent être qualifiés de faux besoins.]
 
  1. Il existe des besoins fondamentaux
  2. Le développement de la société a engendré de nouveaux besoins
  3. Les faux besoins aliènent l'homme bien plus qu'ils ne le libèrent
 
  • ANTITHESE: [Dès lors que l'on parle de besoins, l'on se réfère à la nécessité. L'homme a autant besoin de se nourrir que de créer, se divertir, gaspiller. Ces besoins sont tous vrais dans la mesure où ils sont tous nécessaires.]
 
  1. Impossibilité de distinguer vrai besoin (nature) et faux besoin (culture). En l'homme, le naturel et le culturel se confondent.
  2. Tous les besoins humains sont nécessaires donc vrais
  3. Les faux besoins d'hier sont devenu de vrais besoins.
.../...

« Le développement de la société a engendré de nouveaux besoinsDans son célèbre Discours sur les sciences et les arts, Rousseausoutient la thèse suivante: le développement de la société, auquels'attache le développement des connaissances et des techniques, acontribué à la «dissolution des moeurs», laquelle est la «suitenécessaire du luxe».

Le luxe, pour Rousseau, n'est rien d'autre que lacréation artificielle de besoins non nécessaires. "On croit m'embarrasser beaucoup en me demandant à quel point il fautborner le luxe.

Mon sentiment est qu'il n'en faut point du tout.

Tout estsource de mal au - delà du nécessaire physique.

La nature ne nousdonne que trop de besoins ; et c'est au moins une très hauteimprudence de les multiplier sans nécessité, et de mettre ainsi son âmedans une plus grande dépendance.

Ce n'est pas sans raison queSocrate, regardant l'étalage d'une boutique, se félicitait de n'avoir àfaire de rien de tout cela.

Il y a cent à parier contre un, que le premierqui porta des sabots était un homme punissable, à moins qu'il n'eût malaux pieds" ROUSSEAU "Dernière réponse de Jean - Jacques ROUSSEAU de Genève"in Discours sur les sciences et les arts 1 . Où cesse le besoin ? où commence le superflu ? ROUSSEAU n'a nulle peine pour répondre à la question qui luiest posée après le Discours sur les sciences et les arts où sont condamnées comme dangereuses et inutilesles connaissances, les techniques et les oeuvres d'art.

Le superflu commence précisément là où le besoincesse.

L'auteur rapporte la question posée, donne aussitôt la réponse et ses motifs et la complète par unexemple emprunté à l'antiquité grecque. Cependant, faut - il partager le sentiment de ROUSSEAU et croire que le luxe est source de mal ? La question posée à ROUSSEAU allait de soi après le Discours sur les sciences et les arts.

Si le luxe estcondamnable, quand commence le luxe ? Une objection est faite à l'auteur ("On croit m'embarrasser beaucoup").

La question des limites est toujoursune question litigieuse et peut - être question sophistique moins destinée à éclairer qu'à étourdirl'interlocuteur ("On croit m'embarrasser beaucoup").

La question des limites est difficile à trancher : oùcommence et où le finit le champ du voisin ? où cesse l'amitié et quand commence l'amour ? La question deslimites est une question difficile en cela qu'elle laisse toujours place à une casuistique infinie voire à de lafinasserie ("à quel point il faut borner le luxe"). Mais à question inutilement compliquée, réponse simple : "Mon sentiment est qu'il n'en faut point du tout".

Cen'est donc pas une affaire quantitative de plus ou de moins : le luxe doit être totalement absent.

La réponseappelle une explication : "Tout est source de mal au - delà du nécessaire physique".

Le luxe est un mal radical: il n'y a pas de demi - mesure en la matière.

Au delà du nécessaire physique, tout est source de mal quidépasse ce dont le corps a besoin.

Le corps et ses besoins déterminent eux - mêmes et donc sanscontestation possible les limites du luxe.

ROUSSEAU a retenu sans doute la leçon d'EPICURE et sa célèbreclassification des désirs : il ne semble retenir que les désirs naturels et nécessaires 2 .

En effet, au - delà du nécessaire physique : "Tout est source de mal".

ROUSSEAU ne précise quel mal est provoqué par le luxe.

Lemal est d'abord un mal moral : le luxe ne procure qu'un plaisir supplémentaire, qui n'est pas donné par lanature et qui de ce fait n'est pas utile.

L'objet de luxe est celui dont la présence n'apporte rien mais celuidont l'absence fait souffrir.

L'objet de luxe est celui dont la présence n'apporte rien qui n'eût pu être apportépar un objet ordinaire et celui dont le retrait provoque une souffrance que l'homme eût pu ne jamaisconnaître. A cela, l'auteur apporte une raison : la surabondance de la nature.

Mais cette surabondance n'est pas celledes dons mais celle du manque : "La nature ne nous donne que trop de besoins".

Le thème familier deROUSSEAU de la surabondance naturelle est ici renversée.

La pénurie pour satisfaire les besoins institués estmanifeste.

La pénurie est source de danger si l'homme cède : "c'est au moins une très haute imprudence deles multiplier sans nécessité".

La prudence est chez EPICURE fronhsiV : sagesse pratique, calcul des plaisirs. La raison relaie la nature : le corps ne suffit pas pour indiquer par les besoins ce qu'il est nécessaire desatisfaire et ce qu'il est inutile et même dangereux de satisfaire.

Il y a un risque : "mettre ainsi son âme dansune plus grande dépendance".

L'âme n'est pas dépendante dans le luxe ; elle est dans : "une plus grandedépendance" : elle est dépendante avant le luxe.

Mais de quoi est - elle dépendante ? - sans doute moins ducorps que des besoins du corps.

Ainsi, le corps semble veiller à l'intégrité de l'âme alors que l'âme qui devraiteffectuer la discrimination entre les désirs institue par le luxe ce qui la met dans la dépendance. ROUSSEAU propose un exemple.

On attend EPICURE et l'on a SOCRATE ("Ce n'est pas sans raison queSocrate, regardant l'étalage d'une boutique, se félicitait de n'avoir à faire de rien de tout cela"), - encore est. »

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