Peut-on être un autre ?

« Je ne peux pas ne pas être moi-même En tant qu'être conscient, je suis moi-même de la naissance à la mort.

C'est toujours le même être qui s'enivre, est sujet à des accès de folie.

Jamais l'on ne sort de soi-même pour devenir un autre.

Tant que je pense, je suis moi-même i l'on suit le raison- nement de Des- cartes, l'on aboutit à cette conclusion: le fait «Il n'y a rien qui ne soit entiè- rement en notre pouvoir que nos pensées; au moins en prenant le mot de pen- sée comme je fais, pour toutes les opérations de l'âme." René Descartes, Lettre à Reneri pour Pollot, avril ou mail 638 de penser prouve que je suis.

Et ce que je suis n'est pas cette table, un autre, mais bien moi- même.

Si je cesse de pen- ser, je ne suis plus rien, ni un corps, ni moi- même.

La seule possi- bilité de n'être pas soi- même, c'est donc de ne plus être du tout.

Même fou, je suis encore moi-même L a folie, comme la drogue, ne gomme pas entièrement la per- sonnalité de quelqu'un.

L'alcool, comme l'a bien vu Baudelaire, ne trans- forme pas une âme pai- sible en une âme san- guinaire.

Si l'homme qui boit se montre vio- lent, c'est que son âme est, en son fond, vio- lente.

Aucun fou ne ressemble à un autre C e qui prouve que même fou, l'on est encore en partie soi- même, c'est que l'on retrouve, au-delà de la démence, des traits de personnalité qui restent inchangés.

Chaque fou, en fonction de cette personnalité, vit sa folie d'une manière absolument singulière.

C'est ce qui, il faut le noter, rend le traitement des pathologies mentales si complexe.

C'est au cours des premières années de l'existence que se forge notre personnalité, laquelle, jusqu'à notre mort, fera de nous un être ne ressemblant à aucun autre.

Je ne peux pas être autre chose que ce que je suis.. »