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Peut-on être étranger à soi-même ?

Publié le 14/03/2004

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  • Termes du sujet:

étranger: A la fois présent et absent: qui n'appartient pas au milieu parce qu'il est autre ou parce qu'il se sent étranger. L'autre et le même sont deux catégories fondamentales de la pensée : l'identité (rester le même) à travers un devenir-autre (transformation, altération) nous permet de concevoir ce qu'est une chose, comme le morceau de cire dont parle Descartes dans les Méditations métaphysiques. La cire est la même cire, alors que toutes les qualités sensibles dont elle est revêtue ont changé. Si une chose ne peut pas être autre qu'elle-même, la différence entre une chose et un sujet ne tiendrait-elle pas au fait que nous pouvons être étranger à nous-même?

Ce qui est étranger c'est ce qui est extérieur à soi, c'est-à-dire ce qui est en dehors de son corps propre, de sa sphère. Ainsi le monde extérieur et autrui peuvent apparaître comme étranger à moi-même. Penser la possibilité alors d'être étranger à soi-même semble relever d'un paradoxe voire d'une contradiction pouvant aller jusqu'au non sens. En effet, je fais toujours corps avec moi-même. Le « je « ou le « moi « expriment toujours un rapport avec soi-même. En ce sens, je suis comme le recto et le verso d'une feuille de papier : il n'a pas de séparation nette. Pourtant, force est de constater que dans certaines situations, à travers certaines actions que je peux accomplir, je ne me reconnais pas. Il me semble que ces actions ont été faites par un autre que moi. En ce sens, on peut peut-être parler d'un rapport étranger à soi-même en tant que notre action ne reflète le caractère que nous avons ou notre moi profond, notre liberté ou plus simplement l'image que nous nous faisons de nous-même. Pourtant, c'est bien moi et il a décalage entre moi et moi-même. Mais bien plus, si l'on étudie le phénomène d'aliénation, comme cela peut être le cas à travers le travail, on peut alors comprendre le sens et la valeur de cette rupture. Ainsi je peux me reconnaître comme étranger à moi-même. Dès lors il s'agirait de comprendre commet refaire corps avec soi. Il s'agit donc d'étudier le sens, la valeur et le fondement d'un tel paradoxe.

« 111.

Être soi-même n'est pas être identique • Paul Ricoeur, dans Soi-même comme un autre, montre que le sujet n'est pas porteur de la même sorte d'identitéqu'une chose (« identité-idem»), mais de l'« identité-ipse », qui s'expérimente dans le cadre de la responsabilité.J'assume mes actes, « c'est moi qui ai fait cela ! », alors même que je ne me reconnais pas comme identique en toutpoint.

L'altérité ne détruit notre identité que si on la conçoit d'une manière réductrice.

Le sujet s'approprie petit àpetit son identité dans le rapport à ce qui apparaît d'abord comme étranger : on connaît l'épreuve qui consiste à sereconnaître dans un enregistrement de sa voix, par exemple. • Le sentiment que chacun a de soi n'est-il pas fluctuant ? Que percevons-nous de nous-même quand aucun miroirne nous est tendu, quand personne ne nous questionne, quand nous n'avons pas à nous expliquer ? De même quenous abordons l'étranger avec des catégories pour nous le rendre familier, ne passons-nous pas notre temps àconstruire notre propre identité, pour nous rendre familier à nous-même? Le psychanalyste J.-B.

Pontalis (En margedes jours) parle de ce moment de l'enfance où nous inventons notre signature, alors que nous tenons tant dechoses des autres, jusqu'à notre propre nom qui a été choisi pour nous.

Comment «trouver une marque qui ne seraitqu'à soi »? Nous cherchons fébrilement notre identité dans la permanence d'un signe : «je persiste et signe»,disons-nous; «je signe ma persistance», écrit Pontalis.. »

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