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Peut-on s'exclure de la société ?

Publié le 02/03/2004

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Il est un animal politique. En dehors de la société, il n'est pas d'humanité possible.] L'homme vit naturellement en société C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote. On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec. En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarque des thèses de son maître Platon. Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ». Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartient naturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ». Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'État, et enfin la cité proprement dite. La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est animal politique au suprême degré ». En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.

« Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquementhumain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la« polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Il affirmede même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu :thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes &Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pasd'existence autonome et indépendante, mais appartient naturellement àune communauté politique qui lui est « supérieure ».

Enfin Aristote tentede différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, levillage, l'État, et enfin la cité proprement dite.La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle estspécifiquement humaine, « L'homme est animal politique au suprêmedegré ».

En effet la communauté originaire est la famille : c'estl'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction «biologique » de l'individu et de l'espèce.

Composée du père, de la mère,des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitauxminimaux, à une sphère « économique » comme disent les Grecs.

«D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfactionde besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village.

»Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par lanécessité naturelle de la vie, et ne sont pas propres à l'humanité. Le cas de la « polis » est différent.

« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pourpermettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins :sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plusle vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, quidépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale.« Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment dubien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de cessentiments qui engendre famille et cité.

»Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéderà sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et lessentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne estmoins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », quel'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, deviser le bonheur, d'entretenir avec les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital.Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réaliténaturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pasautosuffisant : il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie du corps.

Pas plus que la mainn'existe réellement sans le corps, l'individu humain n'existe sans la cité.

C'est d'elle qu'il reçoit son humanité,son développement, son statut moral.« Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement lebesoin, parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie de la cité et par conséquent est ou une brute, ouun dieu »Ne pas appartenir à la « polis », lei d'humanité, c'est être soit infra-humain, soit supra-humain.L'exposé d'Aristote reprend la conception classique de la cité au sens grec.

La cité n'est pas un État (formebarbare pour les Grecs), elle n'est pas liée à un territoire (comme aujourd'hui où la citoyenneté se définitd'abord par référence au sol, à la « patrie »).

La cité est une communauté d'hommes, vivant sous les mêmesmois et adorant les mêmes dieux.

L'idéal grec est celui d'un groupe d'hommes pouvant tous se connaîtrepersonnellement.

L'idéal politique est donc celui d'une communauté d'hommes libres (non asservis par le travailet les nécessités vitales, disposant de loisirs) et unis par la « philia ».Quand les contemporains parlent « d'animal social », ou quand Marx déclare que l'homme est « animal politique», ce ‘est pas au même sens que les Grecs.

La polis n'est pas une communauté économique, au contraire : ellenaît quand on peut s'affranchir de la contrainte économique et disposer de loisirs.

Ainsi les esclaves ne sont-ilspas citoyens, ainsi le statut des artisans est-il difficile (Aristote dit qu'ils sont en « esclavage limité »).

Letravail est ressenti comme une nécessité (vitale, économique) et la « polis » est un lieu de liberté.Enfin Aristote polémique avec Platon.

Pour ce dernier, les liens d'autorité sont les mêmes pour le chef defamille, le chef politique, le maître d'esclaves.

Ces types de gouvernement ne différent que par le nombred'individus sur lesquels ils s'exercent.

Or, Aristote restitue des différences, selon que l'autorité s'exerce sur unêtre déficient, comme est censé l'être l'esclave, des êtres libres mais inférieurs comme le seraient la femme etl'enfant, ou encore entre égaux, ce qui est le cas proprement politique.Le pouvoir politique s'exerce donc au sein d'hommes libres et égaux.

Par suite, il n'a aucune mesure avec lepouvoir paternel.

Dans une communauté politique, nul ne peut se prévaloir d'une supériorité de nature pourgouverner : ainsi chaque individu sera-t-il alternativement gouvernant et gouverné.

L'idéal de la « polis » exigeque chacun puisse, en tant qu'homme libre, égal aux autres, prétendre au pouvoir pour un laps de tempsdéterminé.Les modernes renieront, en un sens, l'enseignement d'Aristote, en faisant de l'individu souverain un êtreautonome, indépendant, capable de décider pour lui-même de ses actions.

Toute la tradition politique dontnotre monde est issu rejettera l'idée que : « La cité est antérieure à chacun de nous pris individuellement.

». »

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