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Est-on libre de se nuire ?

Publié le 06/01/2004

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La liberté, dans son sens usuel, désigne l'état de celui qui fait ce qu'il veut et rejoint ainsi son sens originaire. En effet, liber en latin signifie absence de contraintes. Se nuire, c'est agir dans un sens opposé à la bonne marche de mon existence. Je peux tout à fait me nuire puisque j'ai le droit de décider ce que je veux faire de ma vie. Pourtant dans certains pays, le suicide, comme plus grande possibilité de me nuire, est interdit. Même si cela peut paraître choquant, il faut essayer de comprendre pourquoi. La liberté définie comme absolue, par laquelle je peux faire exactement tout ce qu'il me plaît, semble s'appliquer aussi à la possibilité de me nuire. Nul ne peut m'empêcher de me faire du mal, si cela ne nuit pas à autrui. Pourtant l'homme peut-il vraiment vouloir se faire du mal consciemment ? Ne sommes nous pas poussés par l'ignorance ou par des causes extérieures à faire notre malheur? N'avons nous pas de plus des devoirs envers autrui ?

  • La liberté est absence de contraintes et possibilité de décision
  • L'homme ne peut décider de se nuire sans être déterminé par des causes extérieures
  • L'homme est responsable de ses actes envers l'humanité tout entière

 

« Dès lors, celui qui se nuit ne semble pas être libre.

Selon Spinoza, l'homme ne peut être libre tant qu'il ne connaît pas les causes qui le déterminent."Les hommes se trompent en ce qu'ils secroient libres; [...] ils sont ignorants des causes par lesquelles ils sontdéterminés." Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,mais privée de raison, est une volonté perdue.

Plus nous connaissons, plusnotre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissanceau point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes etdes effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chosearrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que telautre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quandelle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose estcontrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Ausens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissanceabsolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa proprenécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pasdans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir enfonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dans un empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles lapuissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Biensouvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notreculture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairementdéterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tousles hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, etignorants des causes qui les déterminent." Or il semble que seules des causes extérieures puissent pousser l'homme à se nuire.

Durkheim a par exemple, établile lien entre la pression sociale et le suicide.

En définitive, quand je me nuis, c'est que je n'ai pas conscience descauses et des conséquences de mes actes et que j'agis en vue d'un bien qui n'en est pas réellement un. C'est aussi ce que tend à montrer la psychanalyse et les soins administrés aux personnes qui essaient soit de sesuicider soit qui ont des conduites à risque envers leur propre personne.

Cela indique en effet, que ces personnessont malades et que leur jugement n'est plus lucide. De plus, dans une optique religieuse, l'homme n'a pas le droit de porter atteinte à sa propre vie puisqu'il est créatured'une puissance supérieure.

Sa vie ne lui appartient pas mais appartient au Dieu. L'homme est responsable de ses actes envers l'humanité tout entière Dostoïevski a écrit : "si Dieu n'existait pas, tout serait permis".

Sartre reprendcette phrase pour fonder l'absolu liberté de l'homme.

Mais cela ne veut pasdire que l'homme peut faire ce qu'il veut.

Bien au contraire, cette libertés'accompagne d'une responsabilité écrasante.

En effet, pour Sartre, quandl'homme agit, il est responsable de lui mais aussi de tous les hommes parcequ'il donne une image de ce que l'homme devrait être.

"Il n'est pas un de nosactes qui, en créant l'homme que nous voulons être, ne crée en même tempsune image de l'homme tel que nous estimons qu'il doit être." Ainsi, en agissant en vue de notre malheur, nous donnons une basse image dece que doit être l'humain. De plus, Kant écrit que la liberté ne s'exerce pleinement qu'en suivant la loimorale dictée par la raison qui consiste à :" Agis de telle sorte que ton actionpuisse être universalisable." Or si tout le monde agissait en vue de sonmalheur et de sa mort, il ne finirait pas plus y avoir un être humain sur terreet le monde n'aurait plus aucun sens. Dans certaines législations anglo-saxonnes, la tentative de suicide peut faire. »

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