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Peut-on se fier à la raison ?

Publié le 22/01/2004

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La raison au contraire se bat avec « ses propres armes : des jugements fermes et déterminés » touchant la conduite de la vie (Descartes, Passions de l'âme), et ne peut procurer à l'homme que des motifs de satisfaction. Dans la mesure où elle est commune à tous les hommes, la raison est aussi susceptible de les réunir, par delà leurs différences. C'est pourquoi Spinoza en fait le fondement de la démocratie dans le chapitre XVI du Traité théologico-politique. Les opinions et les affects des hommes sont tellement divers et confus, qu'ils ne pourraient fonder aucune entente. Si chacun se conduit en revanche en tant qu'être raisonnable, alors la paix civile, fondatrice de la démocratie authentique, devient possible. 2.  La raison peut être à la source de déceptions profondes. Si en théorie le bon usage de la raison peut accorder les hommes entre eux, dans la pratique ils sont peu nombreux à la suivre. Car pour penser par soi-même, il faut beaucoup de courage, et être capable de faire prévaloir la vertu sur le bonheur. Dans les Fondements de la métaphysique des moeurs, Kant explique ainsi que l'usage rigoureux de la raison n'est pas souvent récompensé par du bonheur.

« l'inverse de l'erreur.

L'illusion transcendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effort d'attentionne peut y remédier.La connaissance est unification.

Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes a priori de lasensibilité (espace et temps) unifient déjà les données de l'expérience.

Puis cette expérience sensible est unifiéesous les catégories de l ‘entendement.

La raison, enfin, a pour destination d'unifier toute la connaissance en unsystème sous des idées, le moi, le monde et Dieu.

Ces idées ne sont donc que des formes organisatrices, ou des «principes régulateurs ».

Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par son essence même, à prêter à ces idéesune valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie des sciences à part entière, alors quenous n'avons aucune expérience sensible de ces objets, et ne pouvons en aucune façon en avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter une valeurobjective à ces pures formes de la raison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priorid'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de la pensée.L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de la nature, de l'origine et de l'immortalité du moi.L'illusion cosmologique objectivise l'idée du monde comme unité suprême de l'expérience externe.

L'illusion se révèleà travers les quatre antinomies qui permettent, concernant quatre « propriétés » du monde, de soutenir à la fois lathèse et l'antithèse.• Première antinomie : le monde a un commencement dans le temps et il est limité dans l'espace/ le monde n'a pasde commencement dans le temps et n'est pas limité dans l'espace.• Seconde antinomie : tout ce qui existe est composé d'éléments simples / il n'existe rien de simple dans le monde(divisibilité à l'infini).• Troisième antinomie : tout n'est pas soumis au déterminisme, il existe une causalité libre / il n'existe pas decausalité libre.• Quatrième antinomie : il existe un être nécessaire, comme partie ou cause du monde / il n'existe pas d'êtrenécessaire, ni dans le monde, ni en dehors. En l'absence du critère de l'expérience, la raison démontre aussi bien le pour que le contre.

Surgit alors le fantômedu scepticisme.

Mais Kant pense échapper au scepticisme justement en mettant à nu le sophisme, qui fait glisserd'une idée de la raison à son existence comme chose en soi objective.

La raison est à elle-même son propre remède: c'est la démarche critique.Il en va de même, enfin, concernant la théologie rationnelle qui entretient l'illusion de preuves de l'existence de Dieu,preuves que Kant démonte une à une, montrant leur valeur purement spéculative.Avant Kant, Hume avait déjà soumis ces trois idées, le moi, le monde, Dieu, à une critique définitive en en montrantla connaissance illusoire.

Mais Hume, en sceptique, concluait à l'inutilité, voire au caractère néfaste de ces idéespour la science, Kant, au contraire, malgré leur charge d'illusion, leur accorde un rôle positif suprême comme pôled'unification systématique de la connaissance humaine.Les idées de la raison n'ont pas de valeur transcendante (objective), mais uniquement une valeur régulatrice etorganisatrice dans l'interprétation de l'expérience.

Sans elles, pas de système, mais une simple juxtaposition desavoirs locaux (ce qui reproché à l'empirisme).Il reste que l'illusion interne à la raison et l'usage illégitime des facultés qu'elle provoque naissent d'un désirirrépressible, celui de faire connaître les choses en soi au-delà des limites de l'expérience (usage transcendantal), oupire, comme on vient de le voir, de constituer de simples conditions de la connaissance en objets de cetteconnaissance (usage transcendant ou constitutif).D'où vient ce besoin qu'a la raison de franchir les limites de l'expérience et d'engendrer ainsi, non des erreurscontingentes et accidentelles, mais des illusions structurelles, des faux problèmes inéluctables ? Pourquoi l'illusiontranscendantale ne disparaît-elle pas, lors même qu'elle est dévoilée ?C'est que l'intérêt spéculatif trahit un intérêt encore plus haut de la raison, un intérêt qui la porte vers les chosesen soi : l'intérêt pratique ou moral.L'intérêt pratique concerne trois objets : la liberté de la volonté, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu.

Etc'est le besoin pratique de connaître les fins de l'action humaine qui pousse la raison à l'usage transcendant desfacultés. Si on lui accorde trop aveuglément sa confiance, la raison est capable de se tromper d'elle-même.

Elle peut alorsfinir par nous détourner d'elle, au point de nous faire préférer les pensées plus irrationnelles ou les conduites plusdéraisonnables, plus aisées et parfois plus heureuses.

Mais en rester là serait avoir la vue courte, et oublier que laraison est un instrument dont il appartient à chacun d'user droitement ou non.

Une raison fiable est alors une raisoncritique, en constant éveil sur ses capacités et sur ses limites.. »

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