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Peut-on ignorer le passé ?

Publié le 16/02/2004

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Pour l'inconscient, l'oubli est un instinct de défense comparable au réflexe de fuite face au danger. S'il est souvent difficile d'effacer de sa mémoire des sentiments de remords et de culpabilité, s'il est vrai que l'oubli n'est jamais volontaire, il faut supposer une "économie" dans l'organisation du psychisme humain, où l'oubli de certains événements sert l'intégrité de l'ensemble. Parfois tenu en échec par des instances plus puissantes qui cherchent à réaliser leurs buts, l'oubli s'opère par un déplacement d'objet. Si l'événement douloureux n'est pas oublié, l'oubli sera transféré sur les circonstances ou des objets qui y sont liés, montrant qu'il réalise par là un véritable "travail".   On peut donc ne pas vouloir solliciter sa mémoire parce que le passé est trop lourd à porter : les personnes qui ont vécu des événements dou­loureux, essaient de ne plus y penser, leur expérience étant incommunicable aux autres, ou si terrible, lorsque les souvenirs surgissent, qu'elles essaient d'oublier le passé pour pouvoir vivre le présent (c'est le cas des rescapés des camps de la mort, des guerres ou des grandes catastrophes naturelles par exemple). On peut donc ignorer le passé : il suffit qu'il ne soit pas réactivé. Se pose alors le problème de la responsabilité morale.

[III - A-t-on le droit d'ignorer le passé ?]

Nous avons vu que l'homme est par essence un être historique : ce qu'il est actuellement et le monde dans lequel il évolue résultent de ce qui a été. L'histoire est une conquête de l'humanité : le passage d'un temps cyclique, figé puisque éternel recommencement du même, au temps linéaire, temps du devenir, du flux, est la quête du sens de ce qui est arrivé, arrive ou arrivera à l'humanité.

L'homme est par essence un être historique : ce qu'il est actuellement et le monde dans lequel il évolue résultent de ce qui a été. L'histoire est une conquête de l'humanité : le passage d'un temps cyclique, figé puisque éternel recommencement du même, au temps linéaire, temps du devenir, du flux, est la quête du sens de ce qui est arrivé, arrive ou arrivera à l'humanité. L'histoire renseigne donc sur les actions humaines, sur les faits sociaux. La tâche de l'historien apparaît difficile : « réveiller le passé, le remettre au présent [...] et déterminer de plus si les contemporains ont été mystifiés «, dit Merleau-Ponty.  Ainsi, ignorer l'histoire, c'est refuser de comprendre ce qui a été et ce qui est. C'est donc ignorer les raisons et le sens de ma présence dans le monde, c'est vivre dans l'illusion que l'homme vit indépendamment de ce qui l'entoure. Parler d'histoire n'aurait donc plus de signification puisque seul l'homme a une histoire, en ce sens qu'il a conscience de son passé, de celui de l'univers. Excepté l'homme, aucun vivant ne se souvient de ses ancêtres, aucun vivant ne peut parler du possible, de l'avenir. L'homme a donc une responsabilité morale à tenir compte de l'histoire, à l'étudier, à la transmettre.

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