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Peut-on se mettre à la place d'autrui ?

Publié le 24/12/2005

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Il faudrait donc, pour comprendre parfaitement autrui, préalable nécessaire à une coïncidence des consciences, connaître toute son histoire.   Référence : Hans-Georg Gadamer, Vérité et méthode   « La naïveté de ce qu'on appelle historicisme consiste à se dérober à une telle réflexion et, en se fiant à la méthodologie de sa démarche, à oublier sa propre historicité. Il faut en appeler ici d'une pensée historique mal comprise à une autre qu'il reste à mieux comprendre. Une pensée vraiment historique doit inclure sa propre historicité. A cette seule condition, elle cessera de poursuivre le fantôme d'un objet historique - objet d'une recherche en progrès - pour discerner dans l'objet l'autre que ce qui nous est propre et par là apprendre à reconnaître aussi bien l'un que l'autre. Le véritable objet de l'histoire n'est pas un objet, mais l'unité de cet « un » et de cet « autre », relation en laquelle consiste la réalité de l'histoire autant que celle de la compréhension historique. »   Pour comprendre les préjugés d'autrui, constitués par son histoire, il faudrait soi-même pouvoir ne pas juger autrui à partir de préjugés. Or, comme le montre Gadamer, il est naïf de penser que l'on peut suspendre ses propres préjugés : cela reviendrait à s'extraire de l'histoire et la regarder du dessus dans être soi-même historique, ce qui est impossible. « Comprendre c'est toujours comprendre autrement » écrira Gadamer.     Conclusion :   Ainsi, nous avons avec Gadamer mis en évidence la distance irréductible qui existe entre deux consciences.

Rappelons que la problématique est l'ensemble des problèmes qui gisent sous le sujet, hiérarchisés en vue de leur résolution dans le corps de la dissertation. Si, comme notre intuition nous le laisse pressentir, la coïncidence de soi avec autrui est limitée, il convient de trouver ce qui ne pourra justement jamais coïncider, autrement dit, ce qui appartient en propre à autrui et jamais ne nous appartiendra. Remarquons qu'il ne s'agit que d'une intuition. Notre première direction de recherche prend donc la forme d'une question :

Autrui a-t-il quelque chose qui lui est propre ?

Nous nous demanderons ensuite jusqu'à quel point et comment coïncider avec autrui. 

« La thèse de Heidegger est que l'être de l'homme est toujours déjà être-avec(Mitsein) d'autres hommes, c'est-à-dire que le Dasein n'est qu'en tant qu'ilcoexiste dans le monde avec d'autres Dasein.

Il faut comprendre commecette thèse est en fait peu intuitive : ce qu'Heidegger nous dit, c'est que jene connais pas les autres pas introspection, par similitude inférée d'après mapropre intériorité, mais qu'au contraire, accéder à moi-même (mes « vécus »,le « centre de mes actes ») n'est possible que par et avec d'autres.

Lasolitude n'est donc pas un mode premier auquel succèderait la rencontred'autres, mais est déjà un mode privatif de l'être-avec : je suis seul = je suissans les autres, toujours déjà, de par mon être. L'amorce du texte rappelle un passage précédent de Être et Temps oùHeidegger montre comment le monde, en tant qu'il est réseau de sensrenvoyant les uns aux autres (« monde ambiant prochain »), ne m'est donnéqu'avec autrui.

Si j'aperçois un objet de l'industrie, je ne le perçois et ne peuxle percevoir qu'en tant qu'un autre homme l'a fait, en vue d'une multiplicitéd'acheteurs possibles.

L'intelligibilité du monde comprend toujours déjà lesautres hommes. Heidegger demande ensuite si cette omniprésence des autres dans le mondem'est connue par introspection : à partir « d'un Moi privilégié ».

Mais il montrequ'il s'agit d'un contresens, l'être de l'homme consiste à être au monde, et cet être-au-monde est par essence un être-avec. II – Peut-on se rapporter au monde comme autrui le fait ? Il convient avec Heidegger de creuser la manière dont un dasein comprend le monde afin de voir s'il est possibled'imiter le processus. Référence : Heidegger, Être et temps ( §15 : L'être de l'étant qui fait encontre dans le monde ambiant. ) « Les Grecs avaient, pour parler des « choses », un terme approprié pragmata , c'est-à-dire ce à quoi l'on a affaire dans l'usage de la préoccupation ( praxiV ).

Cependant, ils laissèrent justement dans l'obscurité le caractère ontologique spécifiquement « pragmatique » des pragmata et déterminèrent « d'abord » ceux-ci comme « simples choses ».

L'étant qui fait encontre dans la préoccupation, nous l'appelons l' outil .

Ce que l'on trouve dans l'usage, ce sont des outils pour écrire, pour coudre, pour effectuer un travail manuel, pour se déplacer, pour mesurer.

Le moded'être de l'outil doit être dégagé.

Ce que nous ferons en prenant pour fil conducteur une délimitation préalable de cequi fait d'un outil un outil, l'ustensilité. Un outil, en toute rigueur cela n'existe pas.

A l'être de l'outil appartient toujours un complexe d'outils au sein duquel il peut être cet outil qu'il est.

L'outil est essentiellement « quelque chose pour...

».

Les diverses guises du« pour...

» comme le service, l'utilité, l'employabilité ou la maniabilité constituent une totalité d'outils.

Dans lastructure du « pour...

» est contenu un renvoi de quelque chose à quelque chose.

Le phénomène indiqué par ce terme ne pourra être manifesté en sa genèse ontologique qu'au cours des analyses qui suivent.

Provisoirement, ilconvient de porter phénoménalement sous le regard une multiplicité de renvois.

L'outil, conformément à sonustensilité, est toujours par son appartenance à un autre outil : l'écritoire, la plume, l'encre, le papier, le sous-main, la table, la lampe, les meubles, les fenêtres, les portes, la chambre.

Ces « choses » ne commencent pas par semontrer pour elles-mêmes, pour constituer ensuite une somme de réalité propre à remplir une chambre.

Ce qui faitde prime abord encontre, sans être saisi thématiquement, c'est la chambre, et encore celle-ci n'est-elle pas nonplus l'« intervalle de quatre murs » dans un sens spatial géométrique — mais un outil d'habitation.

C'est à partir delui que se montre l'« aménagement », et c'est en celui-ci qu'apparaît à chaque fois tel outil « singulier ».

Avant tel ou tel outil, une totalité d'outils est à chaque fois déjà découverte.

» Lorsque notre conscience se rapporte au monde, elle se rapporte à des « choses » que nous comprenons toujourssous l'angle de leur ustensilité (cf.

texte), c'est-à-dire, de ce à quoi elles servent, ou encore leur fonction. Si donc notre conscience attribue à une « chose » la même fonction que celle qu'une conscience étrangère auraitattribuée à cette même « chose », alors nous pouvons dire que nos compréhensions de cette « chose » estidentique.

Dans ce cas, nos consciences ont bien coïncidé.

Nous pouvons donc nous mettre à la place d'un autre. Mais justement il semble que des consciences différentes n'attribuent pas la même fonction à un même objet : parexemple, un masque africain à une fonction rituelle en Afrique, et la fonction d'oeuvre d'art dans un muséeeuropéen.

La coïncidence des consciences n'est donc pas assurée.

Pour qu'elle soit possible, il faudrait que noussachions quelle fonction autrui va attribuer à l'objet, en fonction de sa culture, son éducation, etc. III – Comprendre autrui pour se mettre à sa place : Pour comprendre complètement autrui, il faudrait, comme nous l'avons dit, connaître son milieu socioculturel,. »

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