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Peut-on parler de miracles de la technique ?

Publié le 08/03/2004

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technique

La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie pratique «. « Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé [...] « La nature ne se contemple plus, elle se domine. Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur «. Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de la technique. Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquer dans une technique. La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée. D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nos artisans «. Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres «. Il n'est pas indifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

  • I) On peut parler de miracles techniques.

a) L'homme comme maître et possesseur. b) La technique est magique et miraculeuse. c) De Prométhée à Icare !

  • II) On ne peut pas parler de miracles de la technique.

a) La technique est humaine, pas divine. b) La technique commet des erreurs. c) Technique et idéologie.

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technique

« un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon luisemble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action del'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysiquecartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'estqu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines,Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harveydécouvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, àtomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la naturene concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » estutile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel,est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rendeles hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit lechercher.

»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de lamédecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres &possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but.Le souhait de Descartes de se rendre «maîtres et possesseurs de la nature» s'est mille fois réalisé.

Grâce à latechnique, les hommes ont pu vaincre la famine, transformer la nature tout en économisant de plus en plus leursefforts.

Ses immenses progrès ont inspiré à des penseurs comme Auguste Comte, Saint-Simon, Marx de nouveauxmodèles de société. Le Christ, est-il dit dans les Évangiles, a accompli plusieurs miracles.

Il a rendu la vue à un aveugle, il a multiplié lespains, changé l'eau en vin...

La technique chirurgicale est désormais capable, en certains cas, d'en faire autant.

Lesprogrès de l'agronomie, de la chimie, permettent d'amplifier les ressources naturelles, de transformer la matière enénergie. L'homme a conquis les airs, les mers.

Ce que les mythes tenaient pour surnaturel, la technique l'a réalisé.L'impalpable, l'évanescent (la voix, la pensée, les sentiments.) grâce au livre, à la radio, au cinéma, à la télévision,non seulement se conservent, mais se diffusent dans l'immatérialité de l'espace. La technique est vraiment miraculeuse et nous pouvons voir ses prodiges tous les jours Ce que les hommes tenaientpour impossible s'est réalisé.

La technique transforme le rêve en réalité. La technique, c'est une méthode ou, plus exactement, un ensemble de règles et de procédés qui ont été établisrationnellement à l'origine et qui ont été vérifiés expérimentalement en vue de réaliser un but.

Tout comme lascience, la technique procède par étapes, par corrections successives.

Dès lors, on ne peut dire que la techniqueest miraculeuse. Ce qui peut être éventuellement tenu pour «miracle» voire divin est le fait que l'homme soit non seulement douéd'intelligence, niais également de raison, et qu'il possède une conscience.

Quant aux prouesses techniques qu'il aaccomplies depuis son apparition, elles s'expliquent de manière purement logique et empirique. Ainsi que le pensent Herbert Marcuse et Jùrgen Habermas, la technique n'est pas neutre.

«L'a priori technologiqueest un a priori politique», écrit Marcuse dans L'Homme unidimensionnel.

Cela signifie que si la technique accomplitdes «miracles», ces derniers consistent bien plus à asservir l'homme qu'à l'émanciper. • La technique a donc permis à l'homme de maîtriser son environnement.

On accuse pourtant aujourd'hui latechnique : accidents dans les centrales nucléaires, épuisement des ressources énergétiques de la planète,chômage, troubles sociaux...

La technique, élément de la culture humaine, serait en quelque sorte hors de laculture, l'homme ne pouvant plus contrôler ses effets.

Si nous n'en sommes pas encore à la révolte généraliséecontre la technique, au moins nous en méfions-nous.. »

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